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Revenu universel, revenu de base pour les 18-24 ans : Le “quoi qu’il en coûte” ouvre la voie de la pire démagogie

Revenu universel, revenu de base pour les 18-24 ans : Le “quoi qu’il en coûte” ouvre la voie de la pire démagogie

Benoit Hamon n’est pas peu fier car c’est lui qui avait porté cette idée lors de la primaire en 2016. Et cette idée de revenu universel commence à séduire tous les partis et même certaines personnalités de droite mais aussi des personnalités comme le pape François.

Longtemps considérée comme une utopie, l’idée d’un revenu universel s’est à nouveau imposée dans le débat à la faveur de la pandémie de Covid-19. Qu’est-ce que le revenu universel, ou revenu de base ? C’est un même montant versé à tous, sans conditions de ressources ni obligation de travail (…)

À un an de la présidentielle, le débat pourrait rebondir en France. En regardant ailleurs, comme nous le faisons dans ce dossier, il est possible de tirer des enseignements. Comme le fait The Economist :

L’une des principales inquiétudes suscitées par le revenu de base est le risque de dissuader les bénéficiaires de chercher un emploi rémunéré. Mais les participants ayant reçu des versements inconditionnels ont plus travaillé que ceux qui percevaient l’allocation chômage. Ils ont témoigné d’un plus grand bien-être, ils souffraient moins de dépression et de stress, avaient plus confiance en leurs capacités et faisaient aussi plus confiance aux autres.”

Mais gare à l’atterrissage, prévient l’hebdomadaire. “Aujourd’hui, l’engouement pour les versements directs repose plutôt sur une approche décontractée de l’endettement public. La fin de la pandémie sonnera peut-être aussi la fin de cette attitude.” [source]

Le “quoi qu’il en coûte” de la crise sanitaire risque de devenir l’argument ultime qui empêchera définitivement tout gouvernement de redresser les finances de l’Etat. La démagogie électoraliste risque d’atteindre des sommets d’irréalisme complètement déconnectés de la réalité économique.Un comité d’experts vient de suggérer un revenu de base pour les 18-24 ans…

Les jeunes comptent parmi les plus touchés par la crise sanitaire et économique du coronavirus. Il faut “expérimenter sans délai” un “revenu de base” pour les jeunes de 18 à 24 ans “les plus démunis”, a préconisé vendredi 2 avril un comité d’experts chargé d’évaluer la stratégie anti-pauvreté du gouvernement.

Cette prestation serait accordée “sous conditions de ressources” et “en prenant en compte la solidarité familiale, sous réserve que le jeune puisse en bénéficier“, propose ce comité présidé par l’ancien patron de Renault Louis Schweitzer dans un rapport remis au gouvernement.

Les critères d’attribution seraient les mêmes pour les étudiants et les non-étudiants, ce qui reviendrait à fondre le système des bourses dans le nouveau dispositif qui coûterait de “5 à 7 milliards d’euros” par an, a précisé M. Schweitzer lors d’une conférence de presse.

Le remboursement de la dette attendra et la France des assistés a de beaux jours devant elle. Quant à ceux qui travaillent dur, ils seront contents de savoir que leurs impôts serviront sans doute à offrir un revenu à tous les migrants, qui ne pourront pas être exclus du dispositif puisque la préférence nationale n’existe pas.

Pour mémoire, la France représente environ 1% de la population mondiale et presque 15% des dépenses sociales mondiales !

Christine Boutin, en son temps,  et Jean-Frédéric Poisson avait porté ce projet au sein du PCD lors de la primaire en 2016. Il semblerait que ce dernier n’ait pas poursuivi dans cette voie avec son nouveau parti Via.

Dans le cadre d’une étude publiée par son Centre d’Analyse et de Prospective (CAP), Marion Maréchal avait qualifié le revenu universel de “révolution anthropologique, dont il faut dénoncer les fondements idéologiques et le caractère irréaliste” :

Tout d’abord, toutes les propositions de revenu universel s’appuient une anthropologie individualiste, c’est-à-dire sur l’idée que l’individu est supérieur au collectif. Dans ce contexte, la « liberté » est avant tout celle de faire des « choix » indépendamment de toute considération pour l’intérêt collectif, ou de toute autre contrainte sociale. Il ne faut donc pas s’étonner que le revenu universel trouve des partisans au sein de mouvements en apparence très divers, des libéraux aux écologiques : tous partagent la même anthropologie individualiste. Tous ne veulent maximiser que la capacité pour l’individu de s’affranchir de la société. Dans le cas précis du revenu universel, la « liberté » est pensée comme la déconnexion entre le fait de gagner un revenu et l’exercice d’un travail marchand (…)

Le revenu universel, par son caractère individuel et inconditionnel, est donc le revenu d’une société qui vient à refuser toute conception du bien commun, toute hiérarchie de valeurs partagées structurant l’espace social. Du point de vue de l’État qui accorde un revenu universel, tous les comportements se valent : celui qui travaille et celui qui reste derrière son écran. En donnant les moyens matériels de ces « choix », le revenu universel marquerait donc un pas en avant dans la mise à niveau de toutes les valeurs. En outre, le caractère inconditionnel du revenu universel crée un droit auquel ne sont assortis aucune contrepartie, aucun devoir. La vision de l’ordre social portée par le revenu universel rompt avec l’idée classique selon laquelle on appartient au corps social par un système de relations, de droits et de devoirs réciproques. Les partisans du revenu universel ont donc raison d’y voir un changement profond de paradigme, une refondation de la société dans sa totalité (…)

Considéré du point de vue politique, le revenu universel marquerait aussi un tournant majeur : le refus du politique de donner toute forme à la société, de prendre toute décision visant à organiser l’espace social selon des fins communes. Dans cette nouvelle ère anthropologique, le politique renoncerait à favoriser des comportements ou des structures considérés comme bénéfiques pour la société pour s’effacer devant le libre choix de l’individu (…)

Nous l’avons vu, la promesse centrale faite par les partisans du revenu universel est celle qui consiste à déconnecter travail marchand et revenu. Mais cette déconnexion, bien réelle du point de vue du bénéficiaire, ne peut pas exister dès que l’on se tourne vers le financement de ce revenu : les taxes et impôts nécessaires au financement du revenu universel ne peuvent être prélevés que sur l’activité économique marchande (…)

Étant donné le poids déjà considérable des budgets sociaux dans le produit intérieur brut (PIB) des grands pays développés, un revenu de base conséquent qui viendrait s’ajouter purement et simplement aux transferts existants serait impossible à financer. Aucune proposition crédible n’a jamais été faite en ce sens : même une très forte hausse des taux d’imposition ne permettrait pas d’atteindre ce but car, passé un certain seuil, les incitations à s’expatrier fiscalement ou à réduire le nombre d’heures travaillées deviendraient trop importantes et ne permettraient plus d’augmenter les recettes fiscales (…)

De même, nombre de défenseurs du revenu universel entendent redonner du sens à l’activité économique, tant au travail qu’à la consommation. Cette question du sens est essentielle et, à nos yeux, ne peut pas être résolue par de seuls moyens matériels mis au service de l’individu. L’Homme ne donne du sens à son activité que s’il se situe par rapport à des repères qui le dépassent. Ces repères sont nécessairement collectifs, politiques, ancrés dans une vision du bien commun – tout ce que les partisans du revenu universel rejettent au nom de la seule liberté de l’individu.

 

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20 commentaires

  1. Feu l’économiste Jacques Marseille avait raison : la France est une union soviétique qui a réussi. Mais cela ne tient que par l’expansion de sa dette (et un jour, il faudra payer)

  2. Ça ne « commence » pas à séduire le « pape François ». C’est son cheval de bataille depuis le début, comme l’obéissance inconditionnelle à l’ONU…il a été mis là pour ça ! Et pas par le Saint-Esprit…

  3. L’allocation universelle est une belle idée et la démagogie n’est pas une fatalité.
    – L’allocation universelle est une belle idée :
    — si elle est vue comme une façon de rationaliser le dispositif existant déjà, en France, et qui fait en sorte que chacun est assuré d’avoir un revenu minimum quoi qu’il arrive.

    – La démagogie n’est pas une fatalité :
    — On n’est pas obligé de faire des promesses irresponsables, qu’on ne saura pas financer.
    — On n’est pas obligé de taire qu’il faudra participer tous à l’impôt sur le revenu pour bénéficier tous de l’allocation universelle.
    — Et, à l’opposé, on n’est pas obligé de donner des arguments de mauvaise foi, pour éviter de dire qu’on est, en fait, opposé par principe à toute solidarité nationale,… parce qu’on croit que soi-même on n’en aura jamais besoin.

    • “participer tous à l’impôt sur le revenu pour bénéficier tous de l’allocation universelle”. Quel intérêt de nous prendre de l’argent pour nous le rendre ? Autant supprimer l’impôt sur le revenu, on gagnera du temps.
      “opposé par principe à toute solidarité nationale” : ne croyez-vous pas qu’elle est déjà poussée à son extrême ? On pourrait peut-être maintenant envisager de fixer les prix des marchandises dans les magasins en fonction de votre feuille de salaire ? Ou quoi encore ? Où va-t-on s’arrêter ?

      • Puis-je vous inviter à prendre le temps de réfléchir ?
        – Votre raisonnement serait juste si tout le monde gagnait à tout âge le revenu moyen. Or, il n’en est rien.
        – Nos revenus sont très très différents, selon les personnes et selon les âges de la vie : en gros, à un instant donné, 1/3 des gens ont un revenu supérieur à la moyenne (certains très très au dessus), et 2/3 des gens ont un revenu inférieur à la moyenne (certains presque zéro).
        – L’intérêt de “nous prendre de l’argent pour nous le rendre”, c’est d’organiser une redistribution des revenus :
        1/ qui assure à tous un revenu minimum quoi qu’il arrive,
        2/ aux seules personnes qui sont disposées à participer
        3/ avec des comptes sociaux équilibrés et autorégulés
        4/ selon un dispositif simple et lisible, et donc bien contrôlable par les citoyens
        5/ sans ces conditions de ressources qui font qu’il est plus avantageux d’être un pauvre officiel, plutôt que d’être un travailleur pauvre qui se donne du mal pour, au total, ne pas gagner plus.

  4. Louis Schweitzer, il commence à me gonfler.

  5. Le quoi-qu’il-en-coûte jupitérien branché sur la planche à billets continue de faire des dégâts dans l’imaginaire des démagos pour gogos. Cela devient me faire élire ou réélire quoi-qu’il-en-coûte et après moi le déluge. Autodestruction du système, implosion sur ses propres absurdités, nous n’avons plus qu’à tirer sur la chasse d’eau.

  6. Montant dudit revenu?
    Uniforme sur l’ensemble du territoire? de l’Union Européenne? de la planète entière?
    Excluant toute autre allocation?
    Attribuée aux seuls nationaux ou à toute personne se trouvant sur le territoire?
    Versée de quel âge à quel âge? (de la conception à la mort naturelle?)
    Financée comment?
    Quelles ont été les conditions des expérimentations tentées: montant, durée, conditions pour percevoir ce revenu?
    Par ailleurs, qu’est-ce que cela sous-entend du rôle d’une activité rémunérée dans la vie d’un être humain et son équilibre?

    • Je vous réponds selon ma compréhension (pour l’instant c’est chacun la sienne !) :
      1/ Montant du revenu ?
      Le montant de l’ “Allocation universelle’ n’est pas fixé à priori car il faut prélever avant de redistribuer. Pour chaque contributeur, le montant reçu est égal à la somme totale collectée (par un impôt dédié) divisée par le nombre de contributeurs.

      2/ Uniforme sur tout le territoire ?
      Non. Uniforme entre tous les contributeurs à l’impôt dédié. Puisque l’impôt dédié est l’ “Impôt universel de redistribution nationale”, payé par tous les Français, l’ “Allocation universelle” est uniforme entre tous les français.

      3/ Excluant toute autre allocation ?
      Oui, l’Allocation universelle remplace toutes les allocations versées “sous conditions de ressources” ; elle remplace aussi le système des tranches d’imposition de l’IRPP ainsi que les allocations familiales.
      En revanche, l’Allocation universel est cumulable avec tout autre revenu, y compris les allocations relevant d’un dispositif financé par ailleurs : assurance maladie-handicap, assurance chômage, pension de retraite financée par ses cotisations, etc.

      4/ Attribuée aux seules nationaux ou à toute personne se trouvant sur le territoire ?
      Attribuée à toute personne ayant préalablement payé l’impôt dédié. Cet impôt est obligatoire pour tous les nationaux, qu’ils résident ou non en France. Un étranger peut demander à y participer, mais il aura ensuite les mêmes obligations qu’un français jusqu’à la fin de ses jours.

      5/ Versé de quel âge à quel âge ?
      De la naissance à la mort, parallèlement à l’obligation de déclarer ses revenus et de payer l’impôt dédié sur la totalité de ses revenus.

      6/ Financé comment ?
      Financé par l’ “Impôt universel de redistribution nationale”. Il s’agit d’un impôt à taux unique, dédié au financement de l’ “Allocation universelle”. C’est un IRPP qui remplace tous les prélèvements dont la finalité est la redistribution des revenus, y compris donc l’IRPP actuel. Il est universel en ce sens qu’il est payé par tous, dès le premier euro de revenu, et qu’il porte sur la totalité des revenus, y compris sur les allocations reçues l’année précédente, y compris un héritage reçu ou un don reçu.

      7/ Qu’est-ce que cela sous-entend du rôle d’une activité rémunérée dans la vie d’un être humain et son équilibre ?
      Cela donne à chacun de nous la sécurité d’avoir un revenu minimum quoi qu’il arrive. Cela peut servir de socle sur lequel s’appuyer pour se lancer dans une activité rémunérée. Cela peut donner un pouvoir de négociation accru pour le salarié vis-à-vis de son employeur. Cela rend inutile le SMIG et donne donc plus de souplesse au marché du travail. Cela crée un intéressement de tous à la création collective de richesse et cela encourage donc les activités bénévoles qui vont en ce sens. Cela contribue à souder le pays et à donner un contenu à la fraternité. Cela supprime le clivage riche/pauvre ; en effet, riche et pauvre sont traités de la même façon : tous payent le même impôt au même taux ; tous reçoivent la même allocation.

  7. Je rappelle quand même que le 1e parti en France à avoir promu le revenu universel est le PCD. Et un des 1e Etats au monde à le mettre en oeuvre: l’Alaska de Sarah Palin. Ce n’est pas le Pape François qui est “séduit “: c’est un standard de penseurs dela Doctrine sociale de l’Église depuis des années, comme Pierre Yves Gomez, laïc consacré de d’Emmanuel, fondateur des parcours Zachée et co fondateur du Courant pour une écologie humaine après les manifs pour tous. La vraie question est: pourquoi des idées chrétiennes sont reprises par la gauche alors que les élites économiques chrétiennes sont incapables d’avoir une pensée sociale. Ce sont les mêmes décideurs soit disant chrétiens qui œuvrent les magasins le dimanche… ou font leurs courses ce jour là.

    • S’il nous manquait un argument pour être sûrs que les idiots du PCD sont des crétins bisounours, eh bien le voilà. Merci de nous l’avoir fourni.

    • et on peut se demander qui se lèvera le matin pour aller gagner devoir nourrir tous les fainéants de la terre ?

      • Ne soyez pas trop méprisant pour les “fainéants de la terre”.
        Vous pourriez bien découvrir, un jour vous aussi (vous ou votre enfant ou votre petit enfant), que le marché du travail n’a plus besoin de vous ! Par exemple, vous aviez un savoir-faire, et voilà qu’une machine le fait maintenant bien mieux que vous ! Dans ces moments, qui arriveront de plus en plus souvent, avoir l’assurance de recevoir un socle minimum de revenu peut contribuer à affronter les choses avec sérénité, sans pour autant faire de vous un fainéant.

    • Non. Il ne s’agit pas d’encourager l’oisiveté, tout au contraire.
      Ce qui encourage l’oisiveté, ce n’est pas le fait de recevoir de l ‘argent, c’est le fait que cet argent soit donné “Sous condition de ressources”.
      Actuellement, les allocations “sous condition de ressources” punissent le “travailleur pauvre”, celui qui veut s’en sortir par son propre travail et qui n’a droit à rien parce que ses revenus dépassent d’un petit peu le seuil qui ferait de lui un pauvre “officiel”, bénéficiaire lui de toutes les aides !

  8. C’est une idée parfaite pour rendre encore plus de monde dépendant de l’état.

    Ensuite, on pourra conditionner ce revenu à des critères “sociaux”, comme en Chine.

    Si le système ne s’écroule pas avant …

    • Non. S’il s’agit d’un dispositif simple et clair, où le seul paramètre est le taux de prélèvement de l’impôt dédié et où la seule condition pour être bénéficiaire est d’être participant à l’impôt dédié, l’État perd son pouvoir de décision arbitraire. Son rôle est indispensable, mais ce n’est qu’un gestionnaire.
      Non. Si le dispositif est clairement financé et autorégulé, il n’y a pas de raison pour qu’il s’écroule. Au contraire, il peut être un point d’ancrage solide pour traverser les tempêtes. Ce qui doit être préservé, ce qui ne doit pas s’écrouler, c’est la solidarité entre les Français. Il ne tient qu’à nous de ne pas céder au “chacun pour soi” de l’individualisme.

  9. Maintenant qu’on vous a ruinés on va vous verser une obole sur ce qu’on vous a pris…

    Tous dépendant de l’État… Le communisme en action…

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