Maxime Tandonnet décrypte dans le Figarovox le projet des Républicains. Extrait :
L'épais document de 370 pages se présente comme un catalogue de mesures, souvent indispensables, mais traitées sur un plan identique, sans hiérarchie des priorités: logement, social, environnement, immigration, Europe, droit du travail, sécurité, culture, Outre-mer, etc. Il mêle des propositions bienvenues d'inspiration libérale, la reprise de réformes du quinquennat de Nicolas Sarkozy abrogées par les socialistes (peines planchers ou jurés populaires en correctionnelle), et diverses mesures destinées à remédier aux errements du pouvoir actuel sur le logement, l'éducation, la santé, la culture, la défense.
Toutefois, il manque à cet inventaire sans surprise, une ambition collective, un souffle de renouveau, d'audace et de créativité, un message de sincérité, une touche d'espérance susceptible d'entraîner l'adhésion, mobiliser l'opinion et restaurer la confiance en l'avenir et dans la politique.
Ainsi, la question fondamentale, celle du gouvernement de la France, n'est abordée qu'à la fin du catalogue, et visiblement bâclée. Pour réformer la gouvernance du pays, il est envisagé, en quelques lignes, de «mettre fin à l'interdiction du cumul des mandats», une proposition maladroite, qui semble taillée sur mesure dans l'intérêt des leaders politiques, réduire le nombre des élus nationaux, supprimer le Conseil économique et social, faciliter les consultations grâce au «numérique», diminuer le «nombre des autorités administratives indépendantes». Cette poignée de mesures plus ou moins anecdotiques n'est pas à la hauteur du défi qui attend la future majorité.
Quand une Nation ne parvient plus à se gouverner, elle fait naufrage comme un navire sans gouvernail pris dans la tempête. L'impuissance politique est le problème majeur de la France. L'exercice du pouvoir s'est transformé en un grand spectacle de communication et de manipulation, fait de polémiques stériles, de promesses et d'annonces sans lendemain, de scandales, de coups de menton et de petites phrases. Mais l'appareil gouvernemental a perdu prise sur le réel dans une France devenue largement ingouvernable. Veut-on essayer d'en sortir? Rien, dans le projet des Républicains n'exprime une volonté de refonder la politique, la notion de gouvernement, l'efficacité et l'autorité de l'Etat.
Les propositions de réformes économiques et sociales ne serviront à rien s'il est impossible de les mettre en œuvre: annulations par le Conseil constitutionnel; absence de financements liée aux restrictions budgétaires et au poids de la dette publique, obstacles du droit européen (directives, règlements, jurisprudences de la Cour de Justice et de la Cour européenne des droits de l'homme), blocages et mauvaise volonté de certaines administrations qui répugnent à appliquer une politique, faiblesse du gouvernement et de ministres bien plus intéressés par leur destin personnel que par leur ministère, reculades face aux manifestations et aux grèves… […]"