Le Premier ministre du Liban Siniora n’a plus d’ordres à recevoir de personne et tient la barre d’un Liban indépendant et souverain avec une fermeté stupéfiante : voilà qui est trop pour la Syrie. Le chef du gouvernement libanais n’a pas seulement été accusé hier de vouloir politiser l’enquête Mehlis (sur l’attentat contre Hariri), mais il a été boycotté par son homologue syrien, qui a refusé par trois fois de lui répondre au téléphone. Et dans une interview au qatari al-Sharq, Naji Otri s’est déchaîné contre les États-Unis qu’il a menacés des "flammes de l’enfer" s’ils s’en prenaient à la Syrie, tout en affirmant que seules deux personnes gouvernent le Liban, les ambassadeurs US et français, Jeffrey Feltman et Bernard Émié. La Syrie perd ses nerfs, à dix jours de la publication du rapport Mehlis (le juge allemand arrivera à Beyrouth dans les prochaines heures pour mettre fin à sa mission, puis repartira à Vienne avant de se rendre à New York).
C’est dans ce contexte de crispation, d’enquête internationale voire d’humiliation pour la Syrie que le ministre de l’Intérieur syrien, Ghazi Kanaan, s’est suicidé mercredi dans son bureau à Damas. Or, M. Kanaan faisait partie des personnalités syriennes interrogées fin septembre par Dethlev Mehlis, le chef de la commission d’enquête de l’Onu sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri. Kanaan avait dirigé les renseignements syriens au Liban avant le retrait des troupes de ce pays en avril 2005.