Robert Paturel, ancien du RAID, écrit dans Présent :
"Ils sont tous ressortis de leur tanière, ils devaient se sentir oubliés. Tous les donneurs de leçon dotés d’un ego surdimensionné ont pu faire le marathon des plateaux télé et de la presse en quelques jours. Persuadés que leur avis nous intéresse. Ils prodiguent leurs conseils, les spécialistes. Tous ces gens en costard qui ont certes entendu des balles siffler, mais il s’agissait probablement de balles de tennis.
Messieurs, on se fout pas mal de vos conseils à deux balles, surtout une fois que la cause est entendue. Il y a des milliers de sélectionneurs pendant la coupe du monde de foot, voilà que maintenant il y a des milliers d’apprentis policiers pour dire comment il aurait fallu intervenir. C’est tellement facile de se faire tirer dessus sans riposter. Tellement facile de négocier avec un monstre qui décide finalement de mourir en emportant avec lui un maximum de flics.
Il faut se mettre à la place des policiers du RAID qui franchissent la porte et avancent dans la pièce qu’ils supposent piégée, centimètre par centimètre. Ils s’attendent à tout moment à une explosion et savent que dans ce cas leurs protections balistiques ne servent à rien. Je sais ce que l’on peut ressentir, je l’ai vécu pendant vingt ans.
Il a fallu qu’ils l’ouvrent tous, leur grande gueule, pour expliquer comment « il aurait fallu faire ». Même un ancien chef du « groupe d’à côté » qui monte au créneau pour faire ses courses… L’ancien barbouze de tonton se dit qu’il y aura peut-être des miettes à récupérer en semant le trouble, des fois que la gauche repasserait.
Heureusement, un général de gendarmerie et des gendarmes du GIGN ont su lui remontrer le chemin de la dignité. Comment peut-on encore essayer de tirer profit d’une catastrophe pareille ? On ne pourra jamais empêcher certains bobos de regarder une intervention comme un match de foot, affalés dans un canapé, une bouteille de bière dans une main et un paquet des chips dans l’autre. Mais au moins, que les autres soient fair-play.
Pensez aux victimes innocentes et, surtout, je vous en prie, gardez vos réflexions pour vous : il y a des gens qui travaillent, et eux, ils risquent leur vie pour vous."