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L'Eglise : Le Vatican / Pays : Italie

Rome et l’Eglise, phares dans la tempête civilisationnelle

Rome et l’Eglise, phares dans la tempête civilisationnelle

Profitant d’un voyage dans la ville éternelle, organisé par l’agence de voyage Odeia en partenariat avec Valeurs Actuelles, le père Danziec saisit l’occasion pour s’arrêter sur Rome. Une cité pas comme les autres, à la fois mère et éducatrice :

Hélas, la Grèce n’est plus celle de Socrate et de L’école d’Athènes, merveilleusement représentée par Raphaël dans la Chambre de la Signature, au Vatican. Par malheur, Jérusalem n’est plus la Jérusalem du temps du roi David ni celle de Salomon. Depuis longtemps, son Temple a été détruit et “la ville de la paix” peine à décemment porter son nom. Des trois confluents de notre civilisation, seule Rome se présente comme un modèle toujours vivant. Si elle n’est pas première dans l’histoire, elle l’est dans la durée. “L’Urbs” a su dépasser toutes les guerres et les trahisons, les saccages et les pillages, et ce qui est pire encore, les décadences intérieures.

Cousinage moral et patrie idéale

Alors qu’une angoisse civilisationnelle saisit nombre de nos contemporains, comment ne pas trouver dans cette ville sans âge un passé propre à nourrir notre présent, une méditation en mesure de raviver notre espérance ? Les Promenades dans Rome de Stendhal lui laissaient entendre qu’il marchait dans l’histoire comme dans un musée vivant. Oui, Rome a quelque chose d’un cousinage moral : on s’y sent chez soi, on s’y retrouve et l’on peut y communier à quelque chose qui nous parle et nous ressemble. Elle a ce quelque chose de patrie idéale et tient dignement son rang de haut-lieu en capacité de réchauffer les âmes. Il faut dire que « Les Romains sont des Parisiens de bonne humeur ». Derrière cette formule, Jean Cocteau synthétise à merveille l’atmosphère joyeuse et singulière qui règne de l’antique rue dei Coronari jusqu’à la petite place au charme fou, fichée au pied de l’église sainte Barbe, où l’on vient déguster des filetti di Baccala typiquement romains.

« Marc-Aurèle avait un rêve et ce rêve s’appelait Rome » explique le général Maximus dans le film Gladiator. Dès sa fondation, Rome eut l’ambition de devenir cet endroit où les hommes non seulement vivent ensemble mais prennent plaisir à vivre ensemble. Constituer non plus seulement une petite exploitation familiale, une tribu, un village mais une ville. “La ville”. Un terreau d’urbanité et de virtus. Un espace vital de paix et de sociabilité.

Jubilé et grandeur de l’Eglise

Charles Péguy, avec une audace inouïe, n’a pas hésité à parler de la nécessité de Rome dans la destinée temporelle de Dieu. Selon lui, il fallut le préfet pour qu’il y eut l’évêque, les légions servirent sans le savoir de berceau à l’Evangile. « Le soldat mesure la quantité de terre où on parle une langue, où règnent des mœurs, un esprit, une âme, un culte. Le soldat mesure la quantité de terre où un peuple ne meurt pas. » Avant lui, Bossuet avait déjà relevé que le Christ était justement entré dans l’histoire des hommes à l’époque précise où tout cédait à la fortune de César et que l’univers entier vivait en paix sous sa puissance.

Alors que l’Eglise vit son grand jubilé (près de 30 millions de pèlerins se sont rendus à Rome depuis Noël 2024 !), tout manifeste dans la ville combien cette grandeur romaine a pu se maintenir et se poursuivre grâce à l’Eglise. Ne nous y trompons pas cependant : si cette Romanitas vit encore, elle dépasse notoirement la simple notion géographique de la Ville éternelle. Un catholique romain peut être Breton, Texan ou Gabonais, précisément parce que l’esprit de la Rome chrétienne s’étend au-delà des sept collines. On pourra caractériser quatre éléments majeurs qui viennent nourrir cette identité romaine : l’amour filial des baptisés du monde entier à l’endroit du Pontife romain ; la liturgie romaine avec sa pédagogie divine faite de signes, de gestes, de senteurs et de grandeur ; la tradition théologique de l’école romaine enracinée dans l’enseignement de saint Thomas d’Aquin ; et enfin, le modèle artistique romain comme charpente esthétique de la culture et de la foi catholique.

Dans un texte enlevé, Charles Maurras expliquait « être Romain » par tout le positif de son être, par tout ce qu’y joignirent le plaisir, le travail, la pensée, la mémoire, la raison, la science, les arts, la politique et la poésie des hommes vivants et réunis avant lui.

« Par ce trésor dont elle a reçu d’Athènes et transmis le dépôt à notre Paris, Rome signifie sans conteste la civilisation et l’humanité. “Je suis Romain, je suis humain” : deux propositions identiques. »

Venir en pèlerinage à Rome correspond assurément au meilleur bain qui soit : une plongée rafraichissante sur ce qui fît ce que nous sommes. Une remontée de l’intérieur qui donne le goût du dépassement. En 1834, le père Lacordaire décrivait Rome comme « la bienfaitrice du genre humain dans le passé et l’espérance de son avenir », avant d’ajouter : « Elle est la seule grande chose aujourd’hui vivante en Europe. » Il ne croyait pas si bien dire. Un peu de grandeur, c’est cela qui nous manque cruellement.

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