Une lettre du cardinal Angelo de Donatis, vicaire de Rome, restreint sensiblement la célébration de la messe traditionnelle. Il ne sera plus possible de célébrer les autres sacrements selon les anciens rituels, qu’il s’agisse du mariage ou du baptême. Par ailleurs, les célébrations du Triduum pascal ne pourront plus se faire selon la forme antérieure à la réforme de 1969.
Curieusement, il sera toujours possible de recevoir ces sacrements selon les rites traditionnels dans les communautés de la Fraternité Saint-Pie X, dont l’usage, y compris pour la célébration des mariages, a été reconnu par la même Rome il y a quelques temps.
Le cardinal Vincent Nichols, archevêque de Westminster (Angleterre), a écrit au nouveau préfet de la Congrégation pour le Culte Divin, Mgr Arthur Roche, pour demander quelques éclaircissements aux termes du Motu Proprio. A la lecture de la réponse de Mgr Roche, traduite par Jeanne Smits, il apparait que pour lui la messe traditionnelle a été abrogée par le Pape Paul VI lors de la publication du Ordo missae en 1969. Rappelons qu’en 1986 à la demande du Pape Jean-Paul II, une commission cardinalice avait établi le contraire.
Clairement, il s’agit d’un moment qui exige des pasteurs une délicatesse de soin et de direction à l’égard de ceux qui sont les plus affectés par les lois désormais en vigueur. L’usage des textes liturgiques antérieurs a été régulé et non supprimé. La fausse interprétation et la promotion de l’usage de ces textes, à la suite de concessions purement limitées accordées par des pontifes antérieurs, a été utilisée en vue d’encourager une liturgie qui diverge de la réforme conciliaire (et qui a été, en fait, abrogée par le pape saint Paul VI), et une ecclésiologie qui ne fait pas partie du Magistère de l’Eglise.
Benoît XVI écrivait dans Summorum Pontificum :
Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l’édition type du Missel romain promulguée par le Bienheureux Jean XXIII en 1962 et jamais abrogée, en tant que forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église.
Tout cela est bien contradictoire.
De même, Mgr Roche affirme explicitement que la concession de la messe traditionnelle n’est que temporaire pour permettre un retour de tous à la pratique de la liturgie réformée par Paul VI. Là aussi la réponse mais aussi le Motu Proprio du Pape François prennent le contre-pied des deux précédents Motu Proprio.
Il est clair que le principal commentaire de la nouvelle loi qui gouverne la possibilité d’accorder d’utilisation de textes liturgiques antérieurs, par voie de concession exceptionnelle, et non par voie de promotion, est constitué par la lettre du pape François aux évêques. Il est également évident que ces concessions exceptionnelles ne doivent être accordées qu’à ceux qui acceptent la validité et la légitimité de la réforme liturgique du Concile Vatican II et du magistère des souverains pontifes. Tout le contenu de la nouvelle loi est orienté vers le retour et la stabilisation de la liturgie telle que décrétée par le Concile Vatican II.
Ces décisions apparaissent pour ce qu’elles sont : des magouilles brinquebalantes prises par une équipe tyrannique et malintentionnée, dans une ambiance de fin de règne. Elles n’ont sans doute aucune valeur.
Un lecteur du Forum catholique souligne d’ailleurs que, alors que l’article 1 du motu proprio Traditionis custodes du 16 juillet établit que “Les livres liturgiques promulgués par les saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux Décrets du concile Vatican II, sont la seule expression de la lex orandi du Rite romain“, en 2015, le même pape avait promulgué le Divine Worship, le missel de l’Ordinariat à l’usage des ex-Anglicans, en le définissant comme an “clearly and recognizably an expression of the Roman Rite” (Rubrical Directory, n. 6, indique Joseph Shaw de la Latin Mass Society). En décembre 2019, François célébrait lui-même en la basilique Saint-Pierre selon le “missel romain pour les diocèses du Zaïre” approuvé en 1988.