Dans l'éditorial du Monde, on préfère trouver des arguments que de s'indigner d'une prière :
"Quand l'épiscopat catholique, il y a deux ans, s'est élevé avec vigueur contre le discours de Grenoble du président Sarkozy sur les Roms, tout le monde ou presque a jugé l'Eglise fidèle à sa vocation. Lorsque les évêques de France, à maintes reprises, ont exprimé leur inquiétude sur les menaces que la crise fait peser sur les pauvres et les déshérités, personne ne l'a accusée d'outrepasser sa mission. Il y aurait donc quelque tartufferie, aujourd'hui, à s'indigner que le cardinal André Vingt-Trois convie les catholiques, lors de la fête de l'Assomption, à une prière nationale invitant les responsables politiques à œuvrer pour le "bien commun". […]"
La suite est un argumentaire en faveur de la dénaturation du mariage :
- L'argument hégélien du sens de l'Histoire, alors même que la reconnaissance des unions homosexuelles est un retour à l'Antiquité :
"Historique, d'abord. En une trentaine d'années, les homosexuels sont passés de l'ostracisme (au mieux une maladie, au pire un crime) à la tolérance, puis à la reconnaissance, voire désormais à l'indifférence. […]"
- L'argument sur l'état laborieux de la famille, argument que l'on peut reprendre sur tous les sujets pour tout justifier :
"Logique anthropologique, ensuite. Si la famille reste, selon l'expression consacrée, la cellule de base de la société, elle n'obéit plus à un modèle unique ni même dominant : moins de la moitié des couples français sont "légaux" (44 % seulement mariés et 2 % pacsés). […]"
- L'argument de l'opinion, utilisé sur la foi de sondages mais sans risquer le recours au référendum, systématiquement perdu par les partisants de la dénaturation du mariage :
"Logique démocratique, enfin, déjà à l'œuvre dans des pays aussi variés que la Suède, l'Espagne, la Norvège, les Pays-Bas ou la Belgique [c'est quand même très peu, NDMJ]. L'instauration du pacs, en 1999, a reconnu légalement le couple homosexuel, mais l'a exclu du droit à la famille (par adoption ou procréation médicalement assistée). Au nom de quoi, sinon du postulat – implicite car indéfendable – que deux femmes ou deux hommes seraient moins capables qu'un homme et une femme d'éduquer des enfants ? C'est ce principe d'égalité que consacrerait, que consacrera, le mariage gay. Le débat est tout sauf anodin. Il conduit à repenser la famille et la parentalité."
Le principe d'égalité commande surtout de laisser aux enfants le droit à avoir une mère et un père. Le Monde a-t-il d'autres arguments ?