Un des poncifs médiatiques les plus répandus, à la suite d’un attentat islamiste, est que "l’immense majorité des musulmans est modérée" et rejette le terrorisme. Un sondage du Daily Telegraph de samedi dernier indiquait que la majorité des musulmans, britanniques du moins, n’est pas tant modérée que déchirée. Déchirée entre une horreur sans doute sincère devant le carnage islamiste, et le sentiment que les islamikazes n’ont pas complètement tort.
D’après cette enquête, 6% des musulmans considèrent que les attentats étaient "plutôt justifiés", 11% "plutôt pas justifiés" et 77% "pas justifiés du tout", tandis que 6% "ne savent pas."
13% des sondés ont déclaré avoir "beaucoup" et 11% "un peu" de sympathie pour les sentiments et les motivations des terroristes, 55% n’en déclarant "pas du tout" (une "immense majorité" ?)
Seuls 58% approuvent la déclaration de Tony Blair selon laquelle les idées des auteurs des attentats de Londres sont "perverses et toxiques", 26% la désapprouvent.
Enfin, le chiffre effarant de 31% des sondés se sentent proche de l’affirmation : "la société occidentale est décadente et immorale, et les musulmans devraient chercher à y mettre un terme, mais seulement par des moyens non-violents."
Certes, cette enquête portait sur seulement 526 sondés, mais les résultats sont cohérents avec des sondages précédents (ici, 13% déclaraient que de nouvelles attaques terroristes contre les Etats-Unis seraient jusitifiées.)
Son enseignement principal est qu’on constate non une rupture entre une minorité extrémiste et une grande majorité patriote, mais un dégradé de positions allant du soutien ouvert aux terroristes au sentiment que le rôle des musulmans est de "mettre un terme" à la société occidentale.