Partager cet article

Pays : Russie

Russie : victoires tactiques mais défaite stratégique ?

Russie : victoires tactiques mais défaite stratégique ?

Mercredi 25 juin, la commission défense de l’Assemblée nationale a auditionné le général d’armée Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées sur « Bilan et perspectives d’adaptation du format des armées au regard de l’évolution de l’état de la menace ».

Il a estimé que la situation de la Russie est « très compliquée », les victoires tactiques qu’elle peut remporter sur les champs de bataille ukrainiens – au prix de lourdes pertes – ne pouvant masquer la « défaite stratégique » qu’elle est en train de subir.

« Aujourd’hui, si on regarde objectivement les choses, la Russie est en train de subir une défaite stratégique ».

D’abord, son attaque est un « désastre militaire » car « même si c’est difficile à évaluer, il est néanmoins sûr qu’elle a perdu quelques centaines de milliers d’hommes, tués ou blessés, ce qui dépasse notre capacité d’imagination », a relevé le général Burkhard.

« Quand la Russie a attaqué, le 24 février [2022], son objectif n’était pas de conquérir à peine 20 % du territoire ukrainien au bout de trois ans et demi mais de l’emporter en quelques mois ».

Cette « victoire à la Pyrrhus » esquissée par le CEMA tient aussi à la nouvelle « géométrie de l’espace de bataille » engendrée par l’invasion de l’Ukraine, avec l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan, alors que ces deux pays étaient jusqu’alors neutres. « C’était une ligne rouge absolue pour Moscou depuis 1945 ».

Aussi, la Russie se trouve maintenant dans une « situation très compliquée » car la guerre en Ukraine a « neutralisé la mer Noire » et la Baltique, qui était « plutôt difficile à gérer pour l’Otan » avec le « ventre mou » que constituaient la Suède et la Finlande, est devenue un « lac Otan ».

« En cas de confrontation, je peux assurer que pas un bateau russe n’arrivera à passer par la Baltique, alors que Saint-Pétersbourg représente 50 à 60 % des flux économiques russes ».

En outre, le port de Mourmansk ne peut pas être une alternative [du moins pour ce qui concerne l’Atlantique] car sa vocation est exclusivement militaire.

Un autre point évoqué par le CEMA est la « vassalisation » de la Russie « vis-à-vis de la Chine et d’autres pays », ce qui

« la met en difficulté pour appuyer ses partenaires stratégiques : elle n’a pas pu le faire avec la Syrie et elle semble ne pas pouvoir le faire avec l’Iran ».

Enfin, le général Burkhard estime que les conséquences sociétales de la guerre en Ukraine finiront aussi par « consommer » cette défaite stratégique de Moscou.

« Quand la guerre se terminera et qu’elle démobilisera, la Russie va se retrouver avec de gros problèmes sociétaux. Cette guerre aura rappelé à tout le monde, si besoin était, le faible prix que représente la vie humaine en Russie, au regard des conditions dans lesquelles elle envoie ses soldats au front ». « On constate qu’un soldat russe est payé entre 3 000 et 4 000 euros pour aller combattre et que, parallèlement, le salaire des médecins a été porté à 1 000 euros, ce qui va créer de gros problèmes sociétaux dans la Russie de demain ».

Pour autant, a averti le général Burkhard, il faut être « lucide » car, in fine, la « victoire est à celui des deux adversaires qui sait souffrir un quart d’heure de plus que l’autre », pour citer Marcel Proust.

« Je pense que si on laisse la guerre se continuer comme ça, je crains que la Russie soit capable de tenir cinq minutes de plus que nous, même dans sa situation. Ce problème doit être impérativement pris en compte : il faut qu’on arrive à casser la linéarité de la bataille et qu’on évite qu’une défaite stratégique se transforme en victoire [pour la Russie], avec les conséquences qu’on imagine ».

Partager cet article

5 commentaires

  1. Il est un peu triste de voir le Salon Beige reprendre sans distance critique l’analyse de cet agent de M. Macron et du narratif OTANien, néoconservateur, belliciste qui cherche à entraîner l’Europe en faillite dans la guerre. L’objectif mondialiste est la ruine des Etats-Nations pour une reconstruction super-étatique. Est-ce si difficile à discerner?
    La Russie n’est pas une menace pour la France. Elle est un allié historique et stratégique de la France.
    La menace pour la France et pour la Russie ce sont l’OTAN, les néo-conservateurs et la classe mondialiste qui dirige l’Europe.
    A voir: “Le plan américain pour démanteler la Russie par M. François Asselineau” sur YT. Qui est une menace pour qui?
    Il faut écouter plutôt les analyses de Xavier Moreau sur Stratpol (sur Odyssée), catholique, traditionaliste, Saint Cyrien, ancien parachutiste, vivant à Moscou.

    • Reprendre sans distance critique la propagande russe n’est pas non plus un gage de pertinence.
      On constate tout de même que la Russie n’a pas été capable de soutenir jusqu’au bout son allié en Syrie et qu aujourd’hui c’est son allié iranien qui est déstabilisé. La guerre en Ukraine n’est pas une partie de plaisir même pour les Russes. Je ne suis pas certain que le CEMA soit si déconnecté de la réalité du terrain et j’estime que son propos est à prendre en compte même si bien entendu on peut ne pas être d’accord.
      Xavier Moreau explique depuis des mois que la Russie va gagner cette guerre mais ça fait tout de même plus de 3 ans que ça dure… Alors victoire tactique sans doute, mais sur le plan stratégique je ne suis pas certain que la Russie sorte gagnante.

  2. Ce général débite un discours convenu et profère ânerie sur ânerie.
    * Les pertes russes sont huit à dix fois plus faibles que les ukrainiennes, du seul fait du rapport entre les puissances de feu.
    * 20% du territoire n’est pas un critère. Quand la France a gagné contre l’Allemagne en 1918, elle occupait 0% du territoire allemand. La Russie mène une guerre d’attrition, les ressources humaines ukrainiennes et les matériels OTAN sont en train d’être épuisés.
    * Ça fait des lustres que Suède et Finlande participent aux exercices OTAN avec la Russie comme adversaire désigné, l’adhésion officielle ne change rien d’autre que la participation au commandement intégré.
    * Un blocus économique de la Baltique serait un acte de guerre, l’OTAN déjà en train de se prendre une râclée indirecte en Ukraine n’a aucune raison d’être confiant dans une confrontation directe.
    * La Russie a effectivement un gros problème de manque de main d’œuvre pour alimenter une croissance industrielle à 4% par an là où l’Europe fait péniblement 0.5% – le problème économique n’est pas en Russie…

  3. Je pense que ce général au lieu de nous parler de la Russie devrait nous parler un peu de la France avec une armée à l’os, une économie du tiers monde, des élites corrompues qui en fait sont une mafia qui tient le peuple en esclavage, qu’il demande à ses collègues le capitaine Moreau destitué par la sinistre des armées sans vergogne honte à ce genre de femelle, ou le capitaine Juvin Brunet eux mieux que ce larbin de macron connaissent l’état de la France et la course vers la guerre civile qui a commencé

  4. D’après la vidéo la commission, qui comprend plus de 70 membres, était loin de se présenter au complet.

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services