Partager cet article

Pays : Russie

Russie : victoires tactiques mais défaite stratégique ?

Russie : victoires tactiques mais défaite stratégique ?

Mercredi 25 juin, la commission défense de l’Assemblée nationale a auditionné le général d’armée Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées sur « Bilan et perspectives d’adaptation du format des armées au regard de l’évolution de l’état de la menace ».

Il a estimé que la situation de la Russie est « très compliquée », les victoires tactiques qu’elle peut remporter sur les champs de bataille ukrainiens – au prix de lourdes pertes – ne pouvant masquer la « défaite stratégique » qu’elle est en train de subir.

« Aujourd’hui, si on regarde objectivement les choses, la Russie est en train de subir une défaite stratégique ».

D’abord, son attaque est un « désastre militaire » car « même si c’est difficile à évaluer, il est néanmoins sûr qu’elle a perdu quelques centaines de milliers d’hommes, tués ou blessés, ce qui dépasse notre capacité d’imagination », a relevé le général Burkhard.

« Quand la Russie a attaqué, le 24 février [2022], son objectif n’était pas de conquérir à peine 20 % du territoire ukrainien au bout de trois ans et demi mais de l’emporter en quelques mois ».

Cette « victoire à la Pyrrhus » esquissée par le CEMA tient aussi à la nouvelle « géométrie de l’espace de bataille » engendrée par l’invasion de l’Ukraine, avec l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan, alors que ces deux pays étaient jusqu’alors neutres. « C’était une ligne rouge absolue pour Moscou depuis 1945 ».

Aussi, la Russie se trouve maintenant dans une « situation très compliquée » car la guerre en Ukraine a « neutralisé la mer Noire » et la Baltique, qui était « plutôt difficile à gérer pour l’Otan » avec le « ventre mou » que constituaient la Suède et la Finlande, est devenue un « lac Otan ».

« En cas de confrontation, je peux assurer que pas un bateau russe n’arrivera à passer par la Baltique, alors que Saint-Pétersbourg représente 50 à 60 % des flux économiques russes ».

En outre, le port de Mourmansk ne peut pas être une alternative [du moins pour ce qui concerne l’Atlantique] car sa vocation est exclusivement militaire.

Un autre point évoqué par le CEMA est la « vassalisation » de la Russie « vis-à-vis de la Chine et d’autres pays », ce qui

« la met en difficulté pour appuyer ses partenaires stratégiques : elle n’a pas pu le faire avec la Syrie et elle semble ne pas pouvoir le faire avec l’Iran ».

Enfin, le général Burkhard estime que les conséquences sociétales de la guerre en Ukraine finiront aussi par « consommer » cette défaite stratégique de Moscou.

« Quand la guerre se terminera et qu’elle démobilisera, la Russie va se retrouver avec de gros problèmes sociétaux. Cette guerre aura rappelé à tout le monde, si besoin était, le faible prix que représente la vie humaine en Russie, au regard des conditions dans lesquelles elle envoie ses soldats au front ». « On constate qu’un soldat russe est payé entre 3 000 et 4 000 euros pour aller combattre et que, parallèlement, le salaire des médecins a été porté à 1 000 euros, ce qui va créer de gros problèmes sociétaux dans la Russie de demain ».

Pour autant, a averti le général Burkhard, il faut être « lucide » car, in fine, la « victoire est à celui des deux adversaires qui sait souffrir un quart d’heure de plus que l’autre », pour citer Marcel Proust.

« Je pense que si on laisse la guerre se continuer comme ça, je crains que la Russie soit capable de tenir cinq minutes de plus que nous, même dans sa situation. Ce problème doit être impérativement pris en compte : il faut qu’on arrive à casser la linéarité de la bataille et qu’on évite qu’une défaite stratégique se transforme en victoire [pour la Russie], avec les conséquences qu’on imagine ».

Partager cet article

45 commentaires

  1. Il est un peu triste de voir le Salon Beige reprendre sans distance critique l’analyse de cet agent de M. Macron et du narratif OTANien, néoconservateur, belliciste qui cherche à entraîner l’Europe en faillite dans la guerre. L’objectif mondialiste est la ruine des Etats-Nations pour une reconstruction super-étatique. Est-ce si difficile à discerner?
    La Russie n’est pas une menace pour la France. Elle est un allié historique et stratégique de la France.
    La menace pour la France et pour la Russie ce sont l’OTAN, les néo-conservateurs et la classe mondialiste qui dirige l’Europe.
    A voir: “Le plan américain pour démanteler la Russie par M. François Asselineau” sur YT. Qui est une menace pour qui?
    Il faut écouter plutôt les analyses de Xavier Moreau sur Stratpol (sur Odyssée), catholique, traditionaliste, Saint Cyrien, ancien parachutiste, vivant à Moscou.

    • Reprendre sans distance critique la propagande russe n’est pas non plus un gage de pertinence.
      On constate tout de même que la Russie n’a pas été capable de soutenir jusqu’au bout son allié en Syrie et qu aujourd’hui c’est son allié iranien qui est déstabilisé. La guerre en Ukraine n’est pas une partie de plaisir même pour les Russes. Je ne suis pas certain que le CEMA soit si déconnecté de la réalité du terrain et j’estime que son propos est à prendre en compte même si bien entendu on peut ne pas être d’accord.
      Xavier Moreau explique depuis des mois que la Russie va gagner cette guerre mais ça fait tout de même plus de 3 ans que ça dure… Alors victoire tactique sans doute, mais sur le plan stratégique je ne suis pas certain que la Russie sorte gagnante.

      • Tactique ou stratégique, c’est un peu discuter sur le sexe des anges. La Russie gagnera sur le terrain, faisant en sorte que les causes qui l’ont amenée à intervenir – menace de l’OTAN contre son territoire, menace des populations russophones, pour ne pas dire russes, de la part du gouvernement de Kiev, soient contrôlées. C’est, malheureusement pour le peuple ukrainien, une guerre d’attrition où les Russes veulent détruire les forces ennemies au maximum. Et en épargnant le plus possibles de vie russes. Ils y sont contraints puisque les occidentaux poursuivent leur folie guerrière en soutenant l’état nazi-corrompu de Kiev.
        Parallèlement, Poutine organise avec les BRICS et le nouveau monde multipolaire un monde économique parallèle dont la puissance dépasse largement celle des puissance occidentales à la remorque des Etats-Unis. Alors, des défaites comme ça….

        • Vision étroite : la Russie perd ses “proxys”, à commencer par la Syrie, et sans doute l’Iran, dépend de plus en plus de la Chine, crainte sur laquelle le FSP a sorti un rapport alarmant. La Russie avance péniblement (depuis plus de 3 ans !) sur le terrain, mais sur les mers et dans les airs c’est une catastrophe.

      • Xavier Moreau vous a répondu de manière très pertinente dans son bulletin stratpol numéro 245. Les généraux français ne sont que les pitoyables valets de l’oligarchie mondialiste ce qui n’a rien d’étonnant quand on sait que pour parvenir à ces grades élevés ils doivent être franc-maçons ou avoir fourni des gages d’entière soumission au pouvoir politique. Pour ma part je souscris entièrement au commentaire de Boucicaut ci-dessus.

        • J’ai écouté et je n’ai pas trouvé cela très pertinent malheureusement. Il ne connaît visiblement pas le concept de victoire à la Pyrrhus.
          Et pour écrire ce que vous écrivez sur les généraux français, vous ne devez pas en connaître. Ce qui est excessif est insignifiant.

    • Oui, vous avez certainement raison, le CEMA de toute manière ainsi que tous les généraux sont des hommes politiques et tiennent le discours qu’on leur demande de tenir. J’ai rencontré un gouverneur il y a quelques temps qui m’a fait part du fond de sa pensée, en contradiction évidemment avec le discours qu’il est obligé de tenir ! Cette posture est observable à bien des échelons du commandement et c’est ainsi …heureusement qu’on applique l’obéissance

    • 100% d’accord…

  2. Ce général débite un discours convenu et profère ânerie sur ânerie.
    * Les pertes russes sont huit à dix fois plus faibles que les ukrainiennes, du seul fait du rapport entre les puissances de feu.
    * 20% du territoire n’est pas un critère. Quand la France a gagné contre l’Allemagne en 1918, elle occupait 0% du territoire allemand. La Russie mène une guerre d’attrition, les ressources humaines ukrainiennes et les matériels OTAN sont en train d’être épuisés.
    * Ça fait des lustres que Suède et Finlande participent aux exercices OTAN avec la Russie comme adversaire désigné, l’adhésion officielle ne change rien d’autre que la participation au commandement intégré.
    * Un blocus économique de la Baltique serait un acte de guerre, l’OTAN déjà en train de se prendre une râclée indirecte en Ukraine n’a aucune raison d’être confiant dans une confrontation directe.
    * La Russie a effectivement un gros problème de manque de main d’œuvre pour alimenter une croissance industrielle à 4% par an là où l’Europe fait péniblement 0.5% – le problème économique n’est pas en Russie…

  3. Je pense que ce général au lieu de nous parler de la Russie devrait nous parler un peu de la France avec une armée à l’os, une économie du tiers monde, des élites corrompues qui en fait sont une mafia qui tient le peuple en esclavage, qu’il demande à ses collègues le capitaine Moreau destitué par la sinistre des armées sans vergogne honte à ce genre de femelle, ou le capitaine Juvin Brunet eux mieux que ce larbin de macron connaissent l’état de la France et la course vers la guerre civile qui a commencé

  4. D’après la vidéo la commission, qui comprend plus de 70 membres, était loin de se présenter au complet.

  5. Allez poser ces questions au General DE VILLIERS jeté comme un malpropre par un freluquet… On pourrait alors constater si convergence il y a entre ses” grosses tetes” de notre defense nationale…

  6. En qualité d’ancien officier de réserve je suis affligé d’entendre ce genre de connerie. Si, comme on l’apprend en école de guerre, il y a bien une différence entre la tactique et la stratégie, en faire ainsi une distinction sémantique relève d’une entourloupe politique.

    La stratégie est, pour simplifier, le pourquoi se battre, quel est l’objectif, que l’on peut résumer par : quel est l’état final recherché.
    La tactique elle, s’oriente plus sur le comment se battre.

    Comme on le comprend aisément, l’articulation entre les deux relève des moyens à mettre en œuvre pour atteindre son objectif. Dit autrement, quelle tactique sur le terrain pour réaliser la stratégie définie.

    Ici, et hors dimension politique, le but de la Russie est de protéger ses ressortissants russophones du Donbass et d’assurer la démilitarisation d’un pays frontalier en vue d’obtenir une zone tampon sécurisée. C’est l’objectif final recherché. On pourrait bien entendu polémiquer sur son bien fondé, mais là n’est pas le sujet. Pour cela, la tactique sur le terrain consiste d’une part à prendre du territoire en forçant l’ennemi à reculer pour dégager la zone tampon, et d’autre part à rendre l’ennemi inopérant pour plusieurs décennies en lui retirant un maximum de moyens humains et matériels. C’est ce que l’on entend parfois comme étant la guerre d’attrition. Et ce qui explique aussi la durée (en plus du fait que concrètement la Russie ne fait pas la guerre à l’Ukraine uniquement mais à une coalisation Otan à minima).

    Bref, à ce jour, tactique et stratégie russes sont alignées. Quoi qu’on en dise, et quelque soit l’éthique à mettre en face dont nous ne débattons pas ici.

    Tout cela pour rappeler au CEMA, avec tout le respect dû à sa prestigieuses fonction, que je ne vois pas comment une victoire tactique engendre une défaite stratégique !

    Autant une défaite tactique interdit l’aboutissement de la stratégie, autant une victoire tactique débouche sur une victoire stratégique, sauf à ne pas tirer les fruits de sa victoire stratégique ce qui en l’espèce n’est pas le cas.
    A ce jour (ce qui peut changer !) : 1/ les habitants du Donbass sont Russes et donc ne sont plus sous les bombardements ukrainiens. 2/ la Russie a dégagé une bande tampon d’environ 200 km de profondeur sur tout l’Ouest de sa frontière.

  7. “au prix de lourdes pertes”
    preuve?
    Comparer le peu de prisonniers et cadavres russes que les Ukrainiens arrivent à échanger contre les camions d’Urkainiens morts ou vivants que la Russie leur renvoie.

  8. Heureusement que nous, on a Macron, notre valeureux chef de guerre qui a vaincu le Covid …

  9. N’étant passé ni par une école de guerre ni par un peloton d’officiers de réserve, ce débat sur la stratégie et la tactique me dépasse.
    Je n’ai pas d’opinions sur le général Burkhard mais sais qu’il fait partie du club des officiers supérieurs de plateaux télévisés chargés de distiller la bonne parole macrono-élyséenne en matière militaire.
    Prudence et encore prudence……

    • “Je n’ai pas d’opinions sur le général Burkhard mais sais qu’il fait partie du club des officiers supérieurs de plateaux télévisés chargés de distiller la bonne parole macrono-élyséenne en matière militaire”
      Je ne sais pas comment on peut écrire une chose et son contraire

      • Cette subtilité échappe à ma compréhension. En cartésien je distingue l”objectif et le subjectif.

        • Vous n’êtes pas très objectif. Ecrivez plutôt que vous avez une opinion sur le général qui vous porte à croire qu’il fait partie du club des officiers supérieurs de plateaux télévisés chargés de distiller la bonne parole macrono-élyséenne. Je ne sais pas si c’est vrai, mais c’est plus cohérent.

    • J’aurais pourtant écrit peu ou prou la même chose qu’EROUANI et suis d’accord avec cet intervenant. Pour le formuler autrement : je ne connais pas ce général plus qu’un autre, mais on connait la complaisance des médias vis-à-vis du gouvernement, les invités sont très souvent sélectionnés pour appuyer la doctrine officielle. De toutes façons, ceux qui vont à son encontre se retrouvent accusés de trahir leur devoir de réserve.

      • Alors il ne s’agit pas d’une intervention dans un média mais d’une audition parlementaire. Comment croyez-vous être pris au sérieux en écrivant n’importe quoi ?

        • Ma réponse n’est pas passée alors je retente. Je ne comprends pas pourquoi votre réponse est si agressive. Par égard pour votre travail que je respecte, je m’abstiendrai de faire de même. Donc l’opinion d’EROUANI (que j’essayais juste de formuler autrement) comme quoi le général “fait partie du club des officiers supérieurs de plateaux télévisés chargés de distiller la bonne parole macrono-élyséenne en matière militaire” est tout à fait entendable. Je ne pense pas avoir écrit autre chose, et encore moins “n’importe quoi”.

          • Cette expression polémique “fait partie du club des officiers supérieurs de plateaux télévisés chargés de distiller la bonne parole macrono-élyséenne en matière militaire” est un jugement facile qui nécessite d’être argumentée pour être crédible. Je n’y vois qu’un moyen d’écarter sans procès, sans argument, sans réflexion aucune, les déclarations du CEMA. C’est excessif, insignifiant et cela décrédibilise toute pensée que vous pourriez avoir.
            Mais je constate que dans nos milieux l’invective et les a priori ont remplacé toute argumentaire.

        • J’ai écrit trop vite et oublié le point central : l’audtion a été médiatisée, et le général est invité régulièrement dans les médias.

  10. Merci, Michel Janva, d’être la voix de la raison, à plusieurs égards.

  11. Merci Michel Janva pour ce post à réactions.
    Moi aussi je trouve que toute ces interventions des officiels ne sont que des ‘post-it’ qui sont multipliés et collés au mur pour le but vers lequel nous allons, autrement dit ce n’est que du narratif, une toute petite pièce du puzzle. Il pourrait y avoir deux états profonds (avec une même tête ?) qui se font la guéguerre pour atteindre des objectifs similaires, un nouvel ordre mondial centralisé, avec une stratégie marketing différentes. Pierre Hillard nous donne plus de recul, des clefs de compréhension de l’ensemble de ce qui se manigance, si vous y rajoutez le programme de W6rld Ec6nomic F6rum, la reconstruction du Temple promue par Trump, les apparitions de Notre Dame, Marie-Jahenny, Matthieu 24, la date de 2030…bref tout un ensemble d’éléments qui forment l’image de ce qui nous attend. Le narratif de ce général n’est pas en fait grand chose, juste un petit truc à noter dans un coin et encore.

    • Abandonnez Pierre Hillard et ses théories fumeuses, ça vous évitera de croire en 2030…

      • Ça, je suis bien d’accord avec vous sur ce point.

        Pour le reste, et c’est rare, je ne suis pas d’accord avec vous. Burkhardt n’est pas fiable. En France vous n’avez pas toutes les infos et vous basez votre analyse sur ce que veut bien vous raconter la presse aux ordres et Burkhardt.
        La Russie a une certaine dépendance à la Chine, mais l’inverse est tout aussi valable. Je vis dans cette région du monde depuis 40 ans. Je suis pas loin de me pisser dessus de rire quand je lis ce qu’a dit le CEMA, et en général ce que disent les “experts français” quand ils parlent de l’Asie. Faudrait déjà qu’ils commencent par parler quelques langues locales.

      • J’essayais seulement d’expliquer que je ne fais que glaner des indices pour comprendre comment tout cela fonctionne; il faut dépasser le narratif brut, qu’il soit vrai ou faux d’ailleurs, pour avoir une image cohérente de l’ensemble au niveau global. Et nous, en tant que catho, ce que nous dit Notre Dame ne peut être écarter sachant que Satan est le prince de ce monde (il suffit de voir tous les 6-6-6 partout, y compris dans le logo du wef). Dans ce contexte, le 2030 ne me semble pas un indice anodin puisque cela ressemble tellement à une date biblique. Oui, désolé, je sors du contexte de ce post car ce qui m’a interpellé ici, ce sont les échanges qui vous ont mis en cause et diviser les interlocuteurs alors que c’est juste un narratif à replacer dans un contexte, narratif qu’on pourrait qualifier de propagande mais néanmoins intéressant à prendre en compte.

  12. La réalité est certainement quelque part entre la propagande russe et celle de l’OTAN. Il est vrai que la Russie ne réalise pas de succès fulgurants pour le moment, mais elle continue à avancer peu à peu face à une Ukraine financée et armée par l’OTAN, et dont les réserves en matériel et combattants commencent à diminuer.

    Concernant la baltique, il s’agit là d’un autre casus belli, donc la Russie se garde bien d’y déclencher quoi que ce soit, une fois que la paix sera signée, ou si le conflit s’élargit, la situation ne sera peut-être plus la même.

    Quant à l’Iran, je pense qu’il a infligé des dégâts non-négligeables à Israël, sinon Israël aurait poussé son hypothétique avantage.

    En lisant entre les lignes, on voit bien que le général admet à demi-mots dans sa conclusion que la Russie est pour l’instant en position de force.

  13. Propagande ou pas, voilà la production d’armement par la Russie et par une partie importante de l’Europe. Cela sort des Echos en juin:
    “Il y a ensuite les volumes de production. D’après les auteurs, la Russie de Vladimir Poutine fabrique aujourd’hui près de 1.800 chars de combat par an contre 50 dans quatre grands pays européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Pologne). Dans les pièces d’artillerie, le ratio est de 672 versus 202. Dans les véhicules de combat d’infanterie, de 6.564 contre 214.”

    Voilà de quoi moduler l’enthousiasme du général gouvernemental (chiffres qu’il connaît pourtant par cœur)

  14. Boucicaut a parfaitement résumé la situation. Ce général français (pas Boucicaut) qui a la responsabilité de l’armée française, parle au nom d’intérêts cosmopolites. A l’entendre on dirait que la France, au service de l’OTAN, est engagée dans une guerre contre la Russie. Or l’OTAN est une création de nos ex-protecteurs américains qui date de la guerre froide face à l’URSS. Les américains se retirent, mais nous on continue, contre toute logique. Les arguments donnés par le général sont absurdes. La Russie de Poutine, en réalité, a changé de stratégie. D’abord tentée par une alliance à l’Ouest, elle s’est tournée vers l’Est, la Chine, les BRICS. Où est l’échec ? Ses succès tactiques ne sont pas fulgurants mais lui conviennent : reconquête de la Nouvelle Russie et pas d’OTAN à sa porte. La mer Baltique en droit international appartient à tout le monde. Le détroit de Behring aussi, mais sert plutôt aux Russes. Des soldats se font tuer, c’est le propre de toutes les guerres. Pas les soldats ukrainiens, selon le général ? J’ai bien peur que les lendemains de guerre soient beaucoup plus durs pour eux.

  15. En Syrie, les Russes sont toujours dans leurs bases en pays alaouite. En Iran, ce sont eux qui construisent le nucléaire civil et Trump leur demande poliment leur intermédiation. France Info tv ce soir nous a montré des images du shah en 1974 à Paris vantant, dans un parfait français, le savoir-faire français dans le domaine nucléaire. C’était hier! Quant aux Chinois, Xi vient très aimablement à Moscou participer aux parades militaires, et Trump n’en fait pas une maladie. Les couillons de la farce risquent d’être Macron, Merz et Starmer.

  16. Oui la Russie est partie de Syrie et parait attentiste avec l’Iran. Donc on a du mal à croire qu’elle soit une menace pour l’OTAN et l’UE (les deux faces de la même pièce selon l’ancien secrétaire général de l’OTAN. Pour autant l’OTAN n’a pas intérêt à chercher la guerre contre ce pays avec des provocations réalisées par les pays baltes ou la Pologne.
    La Russie a peut-être sous-estimée la réaction ukrainienne dans les premiers temps de son opération militaire spéciale. Depuis il semble qu’elle cherche à détruire méthodiquement l’armée ukrainienne, comme aurait dit le maréchal Joffre, “elle les grignote”. Certes elle accuse des pertes importantes, mais échanges de prisonniers et de dépouilles mortelles semblent montrer que les pertes sont plus importantes du côté ukrainien. Pour finir par une image je pense qu’un judoka de 40 kilos a peu de chances de faire ippon à Teddy Riner.

  17. En lisant tous ces commentaires, une étrange histoire me revient en mémoire.
    Un matin, un automobiliste prit pour des raisons inconnues une autoroute à contresens. Au début, il s’étonna quelque peu de croiser des véhicules en sens inverse mais le monde étant devenu ce qu’il est aujourd’hui, il ne s’inquièta guère.
    En face, les conducteurs réagissaient chacun selon son tempérament. Certains lui signalaient poliment d’un appel de phares qu’il était à contresens, quand d’autres plus sanguins le klaxonnaient avec de grands gestes insultants.
    Malgré cela, notre automobiliste persévérait dans son égarement sans se remettre le moins du monde en question.
    Pour finir, il se dit même : c’est incroyable tous ces gens qui roulent à contresens ce matin !

    • Ça me fait penser à St Athanase déclarant aux évêques ariens que si le monde entier était contre lui, il continuerait quand même à défendre la vérité. Il était connu sous le nom d’Athanase Contra Mundum (du latin « Athanase contre le monde »).

  18. Il est évident qu’il y a de la propagande de tous les côtés.
    Quelques rappels factuels:
    1- En Syrie, les Russes ont *augmenté* leur présence suite à la chute du régime Assad – qui n’a pas dit son dernier mot, en passant.
    Nous ne dirons rien au nouveau régime car nous avons trop besoin des gazoduc qatari.
    Ils ont par ailleurs ajouté une base importante au sud de la Lybie, très près d’une ancienne base française. Cette ancienne base nous servait à “couvrir” l’est saharien, et les pays autour.
    2- La guerre de 12 jours s’étant finie, le bilan est accablant pour Israël. Malheureusement, le régime iranien ne semble pas près de sa chute, ils ont “purgé” près de 4000 iraniens qui auraient pu soutenir un changement de régime.
    Pendant ce temps, Israel doit gérer une grave crise politique, un scandale sexuel qui est potentiellement le plus grand de tous les temps (pourquoi le salon beige n’en parle-t-il absolument pas alors que les auditions de la knesset étaient publiques et que cela concerne des français???), des destructions massives dont les conséquences se chiffrent en centaines de milliards de shekels et en dizaines d’années de recherche fondamentale perdues… Leur réputation de domination technologique a volé en éclats, en dépit du soutien américain. Un taux d’interception de moins de 60%, au prix de 20% des stocks americains, et alors que les iraniens tiraient moins de 10 missiles par jour, est terrifiant.
    Pour note, les russes et les iraniens ont toujours eu une relation ambiguë, car ils sont voisins mais aussi concurrents dans la région. Les qualifier de “proxy” des russes est pour le moins assez léger. N’oublions pas que les Mollah ont été mis en place par la ClA, en tant que pis-aller, pour contrer l’essor des communistes en Iran… Rien n’est simple en Orient.

    3- La balance commerciale entre Russie et Chine est largement en faveur de la Russie. Dire que la Russie est devenue dépendante de la Chine depuis 2021 démontre une grave méconnaissance des enjeux de la zone.
    En revanche, il est vrai que ce conflit rééquilibre l’économie russe en direction de l’est, mettant un terme à la domination économique européenne dans les relations russes. C’est avant tout une défaite catastrophique pour nous, plus qu’un souci de dépendance chinoise.

    4- La Russie se contrefout de quelques km2, quand bien même il y aurait des ressources. L’enjeu est très clair depuis 2014 et la déneigeuse de Big Moustache: il fallait un moyen de mettre un terme au vampirisme monopolistique étatsunien.
    Les seuls qui parlent de vouloir une victoire rapide sont les généraux otaniens. Les russes étaient parfaitement conscients qu’avec 150k troupes présentes sur le front la 1e année, face aux 440k troupes équipées norme otan des ukrainiens et leurs fortifications creusées pendant 10 ans, ils ne pourraient pas gagner rapidement. J’ose espérer que nos géneraux sont conscients de ces chiffres. Ils ont désormais renversé le rapport de force, 340k troupes ukrainiennes face a 600k+ russes sur le front.
    Un responsable Otanien vient d’affirmer publiquement que la Russie seule produit en 3 mois 3 fois plus de munitions que tout l’Otan. Ça me paraît caricatural, mais c’est symptomatique. Et on oublie au passage que nos obus coûtent 4 a 5 fois plus cher pièce.
    Mon avis est que les manuels d’histoire qualifieront ce tour de force de leçon stratégique. Mais je ne suis pas expert :)

    En revanche j’ai une certaine expertise en finance:
    Introduire une rupture dans le globalisme mercantile, puis, en faisant durer la crise, contraindre un maximum de pays du monde à ignorer les sanctions, les vidant de leur substance, ça c’est l’un des objectifs réel des russes pour neutraliser l’influence de l’otan.
    Merci Obama.
    Les japonais et la Corée du Sud ont officiellement des sanctions, absolument pas appliquées dans la pratique, le pétrodollar n’existe plus, l’inde affirme officiellement acheter à qui elle veut, et même les pays de l’union européenne contournent discrètement leurs propres sanctions.
    Pour note, même nos entreprises du cac40 ont décidé de passer une partie de leur activité en papier crayon. Et nos dirigeants le savent parfaitement, CEMA inclus.

    Donc ça fait doucement rigoler quand ils nous baratinent sur les sanctions qui abattront l’économie russe, et le fait que la Russie voulait gagner en quelques mois. Ils savent parfaitement que c’est un mensonge.
    Les russes ont relancé leur industrie militaire avant 2012 (source publications grand public OTAN). Ils se sont préparés pour un conflit long car ils en avaient besoin pour soit faire imploser l’otan, soit la vider de son effet. Le coût est énorme pour eux surtout en vies humaines, mais ils l’ont anticipé et choisi. C’était ça ou finir comme l’europe. Et pour l’instant ca marche pour eux, tandis que nous fonçons vers la ruine.

    En attendant, nos rares capitaines d’industrie qui osent piquer des parts de marché aux américains ont leurs avions qui se crashent, ou qui se prennent des déneigeuses. Petit hommage a Big Moustache, quand mes anciens collègues ont gagné le dossier Mexicain en 2010, je les avais prévenus qu’il faudrait raser les murs après avoir trinqué avec eux. Un Yamal plus tard, j’aurai eu raison trop tôt. On ne joue pas au poker avec un cowboy mauvais joueur et armé.
    Ceux qui restent vendent, moyennant moins de 15 millions d’euros de pot-de-vin les bijoux de famille, le “prix de la trahison”. Source, auditions du parlement français. Pour ce qu’elles valent.

    La moitié des start-up à succès que les américains ont racheté en Europe sont françaises. Enfin étaient. Bien la peine de se crever en sortie d’école d’ingé à essayer de développer quelque chose en France.
    Sans même parler des écoutes de nos dirigeants et autres barbouseries.

    Nos généraux ont l’air d’ignorer que la partie active de la guerre n’est que le champignon sur le ryzome – malgré l’ajout des composantes économiques à l’école de guerre. Quand ca pètera, on se rendra compte que la réussite de cette école aura encore été trop liée à l’appartenance… … … comme en 14, comme en 39…
    Ils sont gentils, mais le véritable conflit de première ligne, qui fait infiniment plus de dégâts sur les 80 dernières années , est économique, il fait rage depuis longtemps, et nous l’avons perdu par abandon.
    Nous allons triplement servir de paillasson à nos meilleurs alliés. Il aurait mieux valu les avoir pour ennemis…

    Cette audition semble être un pretexte pour ajuster le narratif: la guerre en ukraine est une défaite pour l’Otan, majeure. Il faut préparer les esprits en introduisant des éléments de langage pour limiter la casse.
    Triste que nos généraux se prêtent au jeu, il y a tellement mieux à faire.

    Au fait: le private equity se retire d’Ukraine, et commence à montrer des signes de ralentissement en occident. Suivre le poids relatif des masses monétaires sur la planète sera instructif sur les 10 prochaines années.

    • Petit ajout d’un détail:
      Avant 2021, SWIFT était incontournable, et garantissait un rôle central aux pays européens dans la circulation des flux financiers mondiaux.
      Swift étant à l’origine belge/luxembourgeois/français (Clearstream etc).
      A cause de l’invasion russe et de notre réaction à base de sanctions, des systèmes de flux financiers parallèles ont été établis.
      En 2021, pour régler des factures importantes entre Russie et Chine, il valait mieux passer par des pays et monnaies occidentales. Un règlement direct prenait quasiment 3 semaines voire plus, et des frais massifs, parfois plus de 15%.
      Désormais, les banques russes et chinoises on développé des mécanismes via des intermédiaires de règlement tierces (pour ne pas subir de sanctions), qui réduisent les délais de paiement à 3 ou 4 jours, font un clearing transfrontalier une fois par semaine (donc seule l’entité de clearing fait un virement entre les deux pays, et est soumise aux sanctions, les entreprises souhaitant faire les virements restant à l’intérieur de leur pays respectifs, et le déséquilibre commercial ainsi centralisé sur une douzaine d’entités de chaque coté de la frontiere coordonné au niveau national), pour un coût descendu vers les 3 ou 4%.
      Pas encore au niveau de swift mais l’infrastructure est en place, l’automatisation suivra avec les volumes.
      Et surtout, ce schéma pourra être répliqué avec tous les autres acteurs de la zone.
      Nous venons de perdre un outil de levier majeur dans nos négociations, et il ne reviendra pas. Pire, à terme ce sera un concurrent majeur à notre domination financière, et cela va accélérer le rééquilibrage des monnaies en termes de parité de pouvoir d’achat: plus la circulation des capitaux sera fluide dans le bloc continental asiatique, moins ils auront besoin des monnaies occidentales.
      Pour note, l’économie chinoise est désormais à 65% un marché intérieur, en augmentation, contre 35% de commerce extérieur; l’UE ne représente désormais que 5 à 7% du PIB chinois. Les USA sont encore autour de 15% il me semble, mais ca se réduit très rapidement.
      Moins nous sommes représentatifs dans leur économie, plus ils pourront se passer de nous et moins nous aurons de poids dans leurs relations internationales…

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services