Le Général (2S) Marc Paitier a écrit au député Sylviane Bulteau, qui s'est interrogé sur la présence d'officiers saint-cyriens au Puy du Fou :
"Madame le député,
La présence de saint-cyriens en grand uniforme et de leur général à la cérémonie organisée au Puy du Fou pour accueillir l’anneau de Jeanne d’Arc, de retour en France, vous a choquée. Vous y voyez une atteinte à la neutralité des armées. Vous condamnez également le chant du poème de Charles Péguy : « Heureux ceux qui sont morts ». Vous y décelez une entorse à la laïcité. A mon tour d’être choqué par de telles considérations de la part d’une élue de la Nation. Les saint-cyriens sont venus rendre hommage à Jeanne d’Arc sans y être forcés, spontanément, naturellement, car pour eux la France, qu’ils ont fait le choix de défendre au péril de leur vie, n’est pas une idée abstraite mais une réalité charnelle qui s’incarne, notamment dans de grandes figures comme celle de la petite bergère de Domrémy devenue la plus belle et la plus pure héroïne de notre histoire. Le cœur d’un soldat français vibre au seul nom de Jeanne d’Arc. Le poème de Charles Péguy qui fait l’objet de votre réprobation est un hommage aux soldats français morts pour la France à travers les âges. Depuis des générations, les saint-cyriens le chérissent car il exprime merveilleusement le sens de leur vocation. Faut-il vous apprendre que Charles Péguy, fils d’ouvrier, poète majeur du XXe siècle fût un ardent défenseur de la justice sociale et des plus humbles. Il fût tué au combat dans les premiers de la Grande Guerre. En vous entendant, une de ses phrases m’est revenue en mémoire : « Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée. C’est d’avoir une pensée toute faite ».
Dans un monde en péril, face au retour de la barbarie, les saint-cyriens sont venus manifester leur attachement aux vertus qui ont fait la force de notre Civilisation. Ce sont elles qu’il faut promouvoir et non une vision dévoyée de la laïcité et une neutralité qui s’apparente à la lâcheté et au nihilisme.
Je vous prie de croire, Madame le député, à mes sentiments attristés."