De Jean-Michel Beaussant dans l'Homme Nouveau :
"[…] L’addition des femmes avec et sans enfant(s) fait, en effet, qu’il y a beaucoup plus de femmes que d’hommes qui ont un bas salaire en moyenne, parce que, par la force des choses et de la nature, de nombreuses mères travaillent moins (par interruptions ou à temps partiel) et donc moins haut que les autres, pour un salaire qui demeure le plus souvent d’appoint à la famille et rarement compatible avec un poste élevé de cadre dirigeant. 33 % des femmes cessent, au moins provisoirement, d’exercer une activité professionnelle avec leur premier enfant. 51% après le second. 69 % après le troisième. L’inégalité existe beaucoup plus entre les femmes elles-mêmes qu’entre femmes et hommes. Les femmes sans enfant sont nettement mieux rémunérées que celles avec enfant. À poste, à diplôme et à temps égal, les premières touchent sensiblement la même chose (à 0,4 % près !) que les hommes. Alors que celles qui ont eu au moins un enfant gagnent 12,4 % de moins que les hommes. C’est ce que révélait une étude de Glassdoor Economic Research publiée l’an dernier, pointant notamment la France par rapport à ses voisins européens dans ce « coût de la maternité ».
S’il faut dénoncer une discrimination, à l’opposé de l’intention sournoise des féministes, c’est celle qui porte, non sur le sexisme, mais sur les mères de famille, par un déni politique de leur statut et de leur rôle dans la société. C’est bien une forme de « double peine » qui les atteint aujourd’hui en France :
- Aucune compensation proportionnée n’est apportée à leur moindre carrière et à la diminution corollaire de leur revenu, sous forme par exemple d’un salaire maternel, qui corresponde au service inestimable qu’elles apportent au bien commun de la société et qui puisse réajuster suffisamment leur niveau de vie ou leur capacité d’épargne relativement à celles qui n’ont pas d’enfant.
- Loin de reconnaître ce service (voire ce sacrifice), la société les pénalise une seconde fois dans le calcul des retraites en leur accordant moins de droits que les autres, à cause précisément de la précarité ou de la brièveté de leur moindre carrière, sans aucun égard à la seconde activité (vrai travail) qu’elles fournissent pour éduquer des enfants qui assureront par leurs cotisations les retraites de l’actuelle génération dite active (avec ou sans enfants). […]"