Lu dans Présent :
"Le mandat de l’actuel président Michel Sleiman arrivant à terme le 25 mai, le pays est entré depuis le 25 mars dans la phase des deux mois durant lesquels le parlement doit élire le nouveau chef de l’Etat. D’après la Constitution, ce dernier est nécessairement de confession catholique maronite, tandis que le Premier ministre est sunnite et le président de la chambre shiite. Les Forces libanaises ont été le premier parti à présenter officiellement leur candidat, Samir Geagea.
Originaire de Bcharré, village chrétien du Nord Liban, né le 26 octobre 1952 dans la banlieue de Beyrouth Est, Samir Geagea rejoint le parti Kataeb dès son adolescence. En 1975, il s’impose comme un combattant de premier ordre et prend la tête des Forces libanaises en 1986. Après la fuite du général Aoun en octobre 1990 et la mainmise syrienne sur le pays, le régime de Damas lui offre de nombreux postes ministériels au sein d’un gouvernement pro-syrien. Geagea refuse catégoriquement toute forme de collaboration. Pressé de se soumettre ou de prendre le chemin de l’exil, il choisit de rester, advienne que pourra.
Le 21 octobre 1990, Dani Chamoun, leader chrétien opposé à l’invasion syrienne, est sauvagement assassiné avec sa famille. Le dimanche 27 février 1994, c’est une bombe qui explose dans l’église Notre-Dame de la Délivrance, tuant neuf personnes et en blessant des dizaines d’autres. Geagea est arrêté le 21 avril 1994 et accusé de ces crimes lors d’un véritable procès de Moscou, mais aussi des assassinats de l’ex-PM Rachid Karamé, d’un ex-membre des Forces libanaises Elias Zayek, ainsi que d’une tentative d’assassinat sur la personne du ministre Michel Murr. Face à l’évidence du complot politico-judiciaire visant à écarter définitivement un opposant de poids, des centaines d’avocats internationaux assistent la défense, dont l’avocat français Wallerand de Saint-Just.
Geagea est acquitté pour l’attentat de l’église mais condamné à la prison à vie pour les autres chefs d’accusation. Il est incarcéré durant onze années dans un cachot d’isolement de 3 mètres par 3 au troisième sous-sol du ministère de la Défense. Il met à profit ces années pour méditer. Puis, ayant enfin accès à la lecture, il se consacre à l’étude de la philosophie et de la théologie.
Amnistié par le nouveau parlement issu de la Révolution du Cèdre le 18 juillet 2005, il part le jour même pour l’étranger, pour subir des examens médicaux, et rentre au Liban en octobre. Samir Geagea est considéré comme le principal leader chrétien de l’Alliance du 14 mars. […] Partisan du désarmement du Hezbollah au profit de la seule armée libanaise, Samir Geagea a refusé de participer au gouvernement d’union nationale formé ces dernières semaines, en raison de l’action militaire effective de la milice du Hezbollah dans le conflit syrien, cet engagement impliquant directement le Liban et mettant ainsi en danger l’équilibre précaire des composantes politiques et confessionnelles du pays. […]"