Deux députés, Emilienne Poumirol (PS, Membre de la commission de la défense nationale et des forces armées) et Olivier Audibert-Troin (député de la huitième circonscription du Var, membre de la commission de la défense nationale et des forces armées), rédigent actuellement un rapport sur le suivi des militaires blessés en opération (dont les "PTSD", ou syndrome de stress post-traumatique). Ils se sont donc rendus sur le théâtre de Sangaris, en Centrafrique, puis à Paphos, sas de "décompression" des militaires rentrant d'opération à Chypre. Ils ont assisté à l'arrivée de 140 soldats en provenance de Bangui, où apparemment, on manque de tout, même de kérozène en quantité suffisante, ce qui a nécessité une escale au Tchad (N'Djamena) pour réalimenter les réservoirs de l'Airbus qui les emmenait à Chypre. Les militaires devaient passer deux jours de repos dans l'île, et ils se sont lâchés auprès des deux députés, qui ont décrit devant leurs collègues de la commission de défense
" […] des "hommes épuisés moralement et physiquement", qui "travaillent sept jours sur sept", disposent de véhicules de patrouille dont "la moitié ne sont pas blindés". Certes 80 % des logements et bureaux de M’Poko sont désormais climatisés mais les conditions climatiques exigeantes se conjuguent à la précarité du quotidien et aux incidents endémiques (escarmouches, prises à parti par des miliciens des deux camps, colis perso de vivres qui n’arrivent pas, pertes d’effets personnels dans des tentes qui brûlent par négligence etc.)."
"Yves Fromion (député du Cher) qui présentait ce mercredi son rapport (conjointement avec le Lorientais Gwendal Rouillard) sur "l’évaluation du dispositif militaire en Afrique et le suivi des opérations en cours" s’est aussi rendu à Bangui. Il a décrit des soldats qui, pour échapper à l’eau et à la boue, "font des planchers avec des planches et des clous qu’ils récupèrent". Vantant "la débrouillardise française" et les soldats français qui sont des "gens extraordinaires", Yves Fromion a rappelé que "ça ne veut pas dire qu’il faut tirer sur la ficelle". […] "Les conditions de vie de soldats ne sont pas au niveau qui devrait être atteint", a-t-il pour sa part affirmé."
On sera bien d'accord qu'une opération militaire comme Sangaris n'a que peu de rapport avec un séjour au Club Med. Mais quand même … Même si le Français est un adepte du "système D", il y a un moment où ce n'est plus possible, et on se demande jusqu'où nos gouvernants vont aller dans le mépris des armées françaises, n'hésitant pas, du fond de leurs douillets bureaux parisiens, à proclamer que tout va bien à Bangui et que nos militaires sont formidables, sans toutefois aller jusqu'à leur fournir de quoi mener à bien leur mission correctement et sans risques excessifs et inutiles.