Dans un article du journal espagnol ABC (qui tire à plus de 300 000 exemplaires), Juan Manuel de Prada critique le fait qu’une majorité puisse avoir droit de vie ou de mort sur des citoyens innocents :
[…] Accepter que la décision d’une majorité puisse légitimer un crime revient à accepter que le crime ne puisse être défini objectivement. Lorsque l’on fait croire que l’avortement, ou tout autre crime, peut être interdit ou autorisé par de simples dispositions de “volonté populaire”, on transforme le peuple lui-même en une organisation criminelle.
Et pourtant – objecterez-vous – ce renversement de Roe v. Wade a provoqué une grande colère et une grande amertume chez les défenseurs de l’avortement. Le système a besoin de créer des “antagonismes” grinçants afin de mieux s’implanter. Ce renversement de Roe v. Wade signifie que, dans quelques années seulement (dès que la Cour suprême aura une majorité progressiste, si cette éventualité n’est pas précipitée par une loi augmentant le nombre de ses membres), le “droit à l’avortement” sera encore plus ancré.
La démocratie libérale se nourrit finalement d’un principe émancipateur, selon lequel nous sommes d’autant plus pleinement humains que nous nous libérons de tous les liens qui “limitent” notre capacité de décision et empêchent notre “épanouissement personnel”. Après nous avoir “libérés” de ces liens (famille, propriété, communauté, foi religieuse), la démocratie doit nous donner quelque chose en retour, pour nous donner une illusion pathétique de “pouvoir”. Et, en l’absence de propriété d’enracinement, la démocratie libérale nous donne une propriété de déracinement, une propriété solipsiste sur le corps, transformé en un champ de mort de la vie en gestation, un supermarché pénis-vulve et un objet euthanasiquement jetable.
L’annulation de l’arrêt Roe v. Wade ne fera qu’accélérer ce processus de protection du “droit à l’avortement”. En attendant, des entreprises telles que Netflix, Disney, Tesla, Apple, Starbucks et Amazon ont déjà annoncé qu’elles prendraient en charge les frais d’avortement de leurs employés lorsqu’ils vivent dans des États qui l’interdisent. Subir un avortement est beaucoup moins cher pour ces entreprises que d’affronter un congé de maternité ; et surtout, c’est beaucoup plus bénéfique pour le système, qui a besoin que nous nous libérions de tous les liens qui nous unissent. Sans avortement, il n’y a pas de démocratie. C’est tout, les amis.
Il y a eu une belle manifestation pro-vie dimanche dernier à Madrid (on parle de 100 000 participants), tandis que le gouvernement socialiste souhaite retoucher la composition de la Cour suprême espagnole pour la rendre plus progressiste…
Esteban, 29 ans et souffrant d’un handicap, déclare lors de la manifestation :
“Ce qui n’est pas normal, c’est que la dernière loi sur l’avortement permette à une mineure de se faire avorter mais que, pour aller en voyage scolaire, elle doive demander la permission à ses parents”.
Et un autre :
“Nous protestons contre les lois qui ont été imposées contre la vie, contre la philosophie qui cherche à détruire la famille et à enlever l’innocence des petits”. Merci maman, j’aime vivre”.
Biem
Tous les enfants nés en France après 1975 – moins de 45 ans à ce jour – peuvent fêter la fête des mères en disant “merci maman de ne pas m’avoir avorté”. Bé oui, ça a été son choix. Mais pour celles qui ont fait l’autre choix, il n’y aura pas de “bonne fête maman”. Bé non.
C’est ça que l’on veut dans nos rapports sociaux? C’est ça la normalité? C’est ça les valeurs qu’il faut défendre? Qu’il faut constitutionnaliser?