Interrogé dans Famille chrétienne, Nicolas Sarkozy déclare sur la PMA :
"Je considère que la stérilité partielle est un tel problème pour les couples hétérosexuels que si la médecine peut favoriser la fertilité, je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas. Je parle évidemment pour les couples hétérosexuels.
Concernant la GPA, je suis opposé pour les couples homosexuels comme pour les couples hétérosexuels, car elle ouvre la voie à la marchandisation du corps humain que je refuse. Je considère qu’il n’y a pas de droit à l’enfant. Il y a un désir d’enfant. L’enfant est un mystère. Quand on croit, c’est un mystère divin. Quand on ne croit pas, c’est un mystère tout court.
Seriez-vous prêt à constitutionnaliser l’interdiction de la GPA ?
Je suis favorable à une initiative internationale. L’idée serait de pouvoir interdire aux ressortissants de pays qui n’acceptent pas la GPA – comme la France – de la pratiquer dans des pays où elle est autorisée. Cela permettrait d’éviter qu’on contourne la loi par l’argent et par l’extraterritorialité.
Comprenez-vous les familles françaises qui iront manifester le 16 octobre prochain contre la loi Taubira ? Est-ce un combat d’arrière-garde ?
La politique familiale, héritée du général de Gaulle, a été méthodiquement déconstruite depuis 2012. Victimes d’un matraquage fiscal, les familles ont été prises pour cible par ce gouvernement. Ce n’est donc pas un combat d’arrière-garde ! Je déteste qu’on caricature les gens. C’est cela, tenir compte de la France dans sa diversité.
Seriez-vous prêt à descendre dans la rue le 16 octobre avec la Manif pour tous ?
Non. Vous savez, la famille est tellement importante pour moi que j’aimerais que l’on se batte pour elle de façon positive, pas de façon défensive. Pour moi, il est beaucoup plus important d’affirmer l’universalité des allocations familiales ou du rétablissement du quotient familial. Je ne veux pas que la famille soit une citadelle assiégée.
Un récent sondage indiquerait que la majorité des Français ne souhaiterait plus l’abrogation de la loi Taubira. Cela valide votre stratégie ?
Mes convictions, vous les connaissez. C’est un sujet que j’ai longuement abordé dans La France pour la vie en expliquant pourquoi je ne reviendrai pas sur la loi Taubira.On ne va pas démarier ! On ne choisit pas sa sexualité, le besoin d’amour est le même qu’on soit hétérosexuel ou homosexuel. Et il n’y a pas d’amour sans reconnaissance sociale. […]"
Il confond visiblement l'annulation avec l'abrogation, laquelle n'est pas rétroactive.
Et sur l'euthanasie, belle pirouette :
"J’ai toujours été opposé à l’euthanasie. La seule exception pour moi, c’est quand la vie n’est plus la vie, qu’on n’est plus que souffrance, qu’artificialité. Je comprends qu’on arrête la vie quand elle n’est plus la vie. J’ai toujours pensé qu’il y avait une zone grise qui appartenait au secret du patient, de sa famille et du médecin, et qui ne devait pas être codifiée.
Mais il n’y a pas un moment où l’on doit légiférer ?
D’abord, les soins palliatifs sont un marqueur de civilisation. J’ai encore défendu cette conviction devant 1 500 personnes il y a quelques jours [meeting de Dozulé le 26 septembre, Ndlr]. Le vrai scandale, c’est l’isolement dans lequel tant de nos compatriotes terminent leur vie. C'est un défi de solidarité pour nous tous et un devoir vis-à-vis de nos aînés. Être un médecin qui accouche des enfants, c’est beau ; être un médecin qui guérit, c’est beau. Mais je pense qu’un médecin ou un personnel de santé qui accompagne des gens condamnés à la mort, c’est aussi beau ! Parce que c'est la dignité de l’homme jusqu’à la dernière seconde : il doit être respecté, traité dignement.
Donc, je suis contre l’euthanasie. Cela dit, je suis contre l’idée que la loi doit tout régler. Quand vous êtes à côté de la personne que vous aimez, qui est vraiment au bout du bout de la vie, qui ne peut plus vivre tellement il souffre, ce n’est pas la loi qui peut régler cela, mais le dialogue confiant entre un médecin, la personne qui vous aime et vous ! Si je suis confronté à cette situation, je préfère que les personnes qui m’aiment et le médecin décident plutôt que la loi.
À ce propos, que pensez-vous de l’affaire Vincent Lambert ?
Je ne tire pas de conclusions d’une affaire exceptionnelle où il y a énormément de souffrances. Je vois d’abord une famille qui explose, se déchire, et un patient qui souffre. Je vous le répète, je ne suis pas favorable à l’euthanasie, et je pense que l’extrême fin de vie est un moment où la vie n’est plus la vie, donc on peut l’arrêter. […]"