Tandis qu’on l’attendait à Matignon, Sarkozy aurait accepté d’être le ministre de l’Intérieur de Dominique de Villepin et de tenir à nouveau le rôle de numéro 2 du gouvernement, lui qui rêve tant de devenir le numéro un, mais en conservant la présidence de l’UMP. Sarkozy aurait dit au groupe UMP de l’Assemblée nationale qu’il attendrait l’intervention du président de la République pour confirmer cette nomination. Nul ne sait si Chirac a réellement hésité. Malgré les pressions des élus UMP et la victoire du non au référendum, le chef de l’Etat -déshonorant sa fonction- n’a pas pu se résoudre à nommer à Matignon son principal rival politique. Le non du peuple français a été transformé en une bataille d’ambitieux, autistes, en complet décalage avec la réalité.
Sarkozy ne cache plus depuis longtemps sa candidature à la présidentielle de 2007. Chirac a donc voulu s’éviter ce nouveau type de cohabitation et a préféré faire le choix d’un fidèle : Villepin. Pour Sarkozy, c’est la troisième occasion ratée : il avait déjà espéré être nommé à Matignon en mai 2002, puis en mars 2004 après l’échec des élections régionales. Dimanche soir encore, le président de l’UMP avait paru se porter une nouvelle fois candidat : "les 22 mois qui nous séparent des prochaines élections décisives pour notre pays doivent être mis à profit pour fonder un nouvel espoir". En vain. Le rejet du débat européen a été complètement occulté, le peuple est méprisé.
Chirac, affaibli par la lourde sanction électorale de dimanche, ne peut plus faire sans Sarkozy. Contraint de répondre aux appels pressants de la base de l’UMP, il s’est longuement entretenu lundi matin avec lui, pour probablement l’inviter à participer au gouvernement. Et le chef de l’Etat a même abandonné sa principale condition : Sarkozy conservera la présidence de l’UMP. C’est pourtant la règle de non-cumul des fonctions qui avait justifié le départ de Sarkozy du gouvernement lorsqu’il avait été élu chef de l’UMP en novembre.
En 2007, il faudra sanctionner tous ces pervers de la politique, de droite comme de gauche, qui privilégient leurs ambitions égoïstes à la volonté exprimée du peuple. Le résultat de dimanche était pourtant clair : nous voulons une autre Europe ! Nous n’avons que faire des magouilles politiciennes.