"Je suis une banque B. Je prête de l’argent à une société A qui a besoin d’investir. Jusque là tout va bien. Seulement j’ai envie d’être prévenant : on ne sait jamais, dans le monde où l’on vit, tout va de travers ma pauv’ dame. Donc je contracte auprès d’une autre banque C une sorte de contrat d’assurance : si la société A venait à faire faillite, je ne toucherais plus les traites de l’emprunteur mais la banque C indemniserait mes pertes sèches. En contrepartie je paie une prime à la banque C.
L’intérêt pour moi est évident. Pour la banque C il l’est également : en principe le risque est maîtrisé. La probabilité de sa survenance est faible. Elle perçoit donc un revenu important contre… rien du tout, sinon la promesse de couvrir mes pertes. L’opération est blanche en termes comptables : la banque C n’a pas à provisionner la garantie, autrement dit elle n’est pas contrainte d’avoir effectivement les fonds nécessaires à la couverture du risque (en fait, personne ne vient le vérifier).
Mais voilà les choses peuvent se gâter. […] C’est précisément ce qui est arrivé à AIG. AIG était la banque C, qui garantissait auprès d’un tas d’opérateurs la valeur Lehman Bros. Lehman Bros. a lamentablement coulé alors qu’elle était en principe "too big to fail". Tellement "big" qu’AIG n’avait absoluement pas les reins pour honorer ses swaps. Donc AIG a fait faillite également, avant d’être "sauvée" par le gouvernement américain (en réalité démantelée sur le long terme). Vu comme ça le problème parait simple: si des sellers de CDS se cassent la gueule, le plan Paulson est là pour les renflouer.
Seulement voilà, c’est très légèrement plus complexe qu’il n’y parait. Au bas mot, le marché des CDS représente, rien qu’aux Etats-Unis, près de 60.000 milliards de dollars, soit à peu près l’équivalent de la totalité des dépôts bancaires dans le monde. Le plan Paulson c’est un pourboire à côté. En fait, le risque actuellement est celui d’une réaction en chaine incontrôlée, ce qui a conduit le très célèbre Warren Buffet a qualifier les CDS "d’arme financière de destruction massive". […] Il faut bien comprendre que toutes les banques achètent et vendent des CDS, notamment pour garantir les risques qu’elles prennent à se prêter mutuellement de l’argent. Le marché des CDS est ainsi un inextricable enchevêtrement totalement opaque, les opérations se faisant de gré à gré. Ces conditions sont parfaites pour un effet domino des plus désastreux.
Michel Janva (merci à FP)
RL
Acheter un CDS est un moyen de se protéger, certes, mais surtout de libérer la capacité de prêt.
En effet, lorque une banque accorde un crédit, elle doit avoir l’équivalent de 8% de son engagement en capitaux propres, comme l’impose la réglementation prudentielle.
Une fois qu’elle a usé ses capacités, elle doit théoriquement arrêter de prêter. Sauf si elle achète un CDS qui lui permet de faire come si elle n’avait pas prêté et de libérer du capital. Cela évite d’éconduire un bon client.
De son côté, la banque vendeuse du CDS (la banque C) doit elle aussi soutenir son engagement par également 8% de fonds propres. Mais elle peut aussi émettre un CDS.
Il y a ainsi des CDS de CDS de CDS. Mais le risque initial reste que la société A fasse défaut. Le risque réel n’est donc pas de 60.000 milliards, mais moins.
En revanche, vous mettez le doigt sur un risque qui a été totalement sous estimé : celui de la banque vendeuse du CDS. Un CDS revient bien à substituer un risque sur la société A par un risque sur la société C. Lse banquiers avaient trop tendance à considérer qu’un CDS annulait purement et simplement le risque.
Avec ces pyramides, le gros problème est que personne ne sait qui est engagé envers qui. Incertitude = baisse de la confiance. C’est cela, entre autres, qui gèle actuellement le marché interbancaire.
cosaque
J’ai hâte que ce système amoral et corrompu explose une bonne fois pour toute.
Le système éco tel qu’il existe est la cause de toutes les monstruosités actuelles.
Egoîsme, matérialisme et vanité sont les moteurs de ce système qui perverti l’homme.
Mais certains ont la solution : travailler le dimanche ! Ben voyons ! On nous prend vraiment pour des c… et parfois on se demande même si on ne l’est pas.
“On privatise les gains, on mutualise les dettes” dixit un certain homme politique qui a bien raison.
Franchement, je prie pour que tout ça explose.
cosaque
Video pour, enfin, comprendre comment est “fabriqué” l’argent :
http://vimeo.com/1711304
Article d’Eric Dillies sur la création monétaire depuis Aristote jusqu’au banques centrales (paru aux ed du CESHE). Lumineux.
Vous ne verrez plus l’argent comme avant.
Avant d’être une DETTE, l’argent est avant tout un MOYEN pour faciliter les échanges…
http://fragments-diffusion.chez-alice.fr/monnaieetsouverainete.html
V12
morceau choisi d’un article des échos du 15/09/2008 :
“Même si le feu promet d’être ainsi circonscrit, cet épisode ne manquera pas de susciter encore un peu plus la défiance envers les marchés de dérivés, qui pèsent 600.000 milliards de dollars. D’autant que se pose désormais aussi le cas de Lehman. Le prix du CDS portant sur la dette de la banque a grimpé jusqu’à 800 points la semaine passée (contre environ 400 points les semaines précédentes), signe que le risque de défaut est jugé élevé. De quoi faire trembler ceux qui ont vendu des contrats de protection sur le géant de Wall Street.”
l’intégralité de l’article est sur http://www.lesechos.fr/info/finance/4771770.htm
Margay
Hum, c’est des “bons” souvenirs de cours de finance de l’année dernière…
Perso j’ai pas trop envie que le système explose complètement non plus, ou du moins pas avant que je me sois reconverti… comment je fais manger bobonne moi sinon?
Fred
C’est étrange, assisterions nous à la chute de l’Empire romain des temps modernes ?
le colonel
Pour votre gouverne, je vous signale simplement que JM LE PEN dans son discours du 24/06/2008, dit textuellement :”De plus, il est probable qu’un 3ième choc économique majeur, après les subprimes et la crise pétrolière, se produira d’ici l’automne 2008: il s’agit de l’explosion de la bulle spéculative des “CDS” un monstre financier dérivé du crédit et qui représente un marché d’environ 50 000 milliards de dollars soit 5 fois l’ampleur des subprimes.” Il a renouvelé cette information dans sa conférence de presse du 1er octobre 2008.
[Pour votre gouverne : http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2008/10/la-haute-financ.html
MJ]
Thibault Doidy de Kerguelen
Pour ceux qui ont raté le début de l’histoire, c’est à dire la petite étincelle qui mis le feu à la poudrière:
http://www.maviemonargent.fr/la_crise.html
A Margay: Il y a un moyen de continuer à faire bouillir la marmite, même si ça pète: défendre les intérêts de tes clients, mettre tes connaissances au service des particuliers.
Papon
“Que peuvent les lois dans un monde où l’argent est roi…” Petrone