Communiqué du CARP (collectif des avocats contre la répression policière et idéologique) :
"L’affaire « Anna », cette étudiante russe victime d’un chantage aux papiers de la part des services de police des Yvelines en échange d’infos sur les dangereux veilleurs de Versailles ou sur la LMPT révèle au grand jour ce qu’hélas les praticiens de dossiers politiques connaissent depuis longtemps : des méthodes de barbouzes qui ne sont absolument pas motivées par la préservation de la sécurité nationale ou la défense des personnes ou des biens, mais un moyen de police politique dirigé contre les opposants politiques réels ou supposés.
Cela n’est pas nouveau et objectera-t-on, on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. S’il peut paraître légitime d’utiliser de tels moyens pour infiltrer des réseaux terroristes venus du proche ou moyen orient ou de réseaux de prostitution, on peut s’interroger sur l’opportunité d’une infiltration des « veilleurs » dont on peut douter de la dangerosité surtout lorsque l’on connaît le développement des groupes salafistes à TRAPPES ou à CHANTELOUP LES VIGNES. Cela en dit long sur le sens des priorités de la police française et du Préfet des Yvelines.
On se souvient des provocations de policiers en civil le 17 avril 2013 lors d’une manif organisée à Versailles par la LMPT et des poursuites ahurissantes contre des jeunes de 18 ans sans casier pour une obscure tentative de feu de poubelle et les réquisitions de placement en détention provisoire requis par le Parquet de Versailles. Plusieurs confrères ont eu des témoignages de jeunes manifestants interpellés en dehors de tout cadre légal voyant leurs téléphones portables temporairement confisqués le temps d’en extraire le carnet d’adresse. L’affaire est suffisamment sérieuse pour qu’une enquête de l’IGPN ait été ouverte même s’il ne faut pas se faire trop d’illusions sur son issue.
Selon la victime, l’information était détenue dés le mois de septembre dernier par François Xavier Bellamy, adjoint au maire de Versailles. Il aurait toutefois été judicieux de fournir cette information à l'époque aux principaux intéressés, c’est-à-dire aux veilleurs de Versailles et le cas échéant aux avocats chargés de nombreuses plaintes suite aux abus de la police."
Précision de François-Xavier Bellamy :
"Une simple clarification pour répondre à cette incompréhension : comme je l'ai déjà écrit, Anna m'avait instamment demandé, en octobre, de ne parler à personne de l'histoire qu'elle me confiait, demande parfaitement compréhensible, étant donné les menaces dont elle avait fait l'objet. Je le lui avais donc promis, et j'ai tenu ma parole, tout simplement. Des avocats, qui sont liés à un secret professionnel strict, devraient pouvoir le comprendre.
Cette discrétion n'a pas empêché d'intervenir pour protéger, non seulement Anna, mais aussi les veilleurs que l'on voulait atteindre à travers elle.
Anna, et elle seule, a décidé de témoigner aujourd'hui, pour des raisons qui lui appartiennent, et après avoir longuement mûri sa réflexion. Ce choix est courageux et difficile pour elle ; il me semble que nous devrions être simplement unis pour la soutenir."