Le ministre de la Santé, Marisol Touraine, a reçu jeudi soir Pierre Markarian, président de l’Association des victimes d’embolie pulmonaire (Avep), et les parents de Marion Larat, qui a engagé une action en justice contre les laboratoires Bayer. Alors que le système de pharmacovigilance censé faire remonter les incidents médicamenteux grâce aux déclarations des médecins prescripteurs a montré ses limites, l’ANSM prépare dans l’urgence une vaste étude pharmaco-épidémiologique. Le député socialiste Gérard Bapt redoute la vérité :
"Je crains qu’on se retrouve face à des chiffres étonnants et qu’on ait bien plus de victimes que dans l’affaire du Mediator. Cela pourrait être cause d’effroi dans l’opinion publique".
Au-delà des responsabilités des laboratoires pharmaceutiques, du "gendarme du médicament", des médecins, celle des politiques pourrait être examinée. Alors que le risque était mis en évidence depuis 1995 et que la Haute Autorité de santé avait invité, dès 2007, les médecins à ne pas les prescrire en première intention, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, avait obtenu en 2009, au nom de la "cause des femmes", le premier remboursement d’une pilule de troisième génération (Varnoline).
"Les féministes et l’opposition de gauche faisaient pression pour l’obtenir. C’était une victoire pour moi que d’y parvenir car l’industriel était réticent à baisser son prix et aurait préféré continuer à vendre ce contraceptif à un tarif plus élevé, fixé par ses soins plutôt qu’à un prix négocié avec l’État".
En 2011, Pierre Markarian a fait, en vain, le siège du cabinet de
Xavier Bertrand, successeur de Bachelot au ministère de la Santé :
"Tous les responsables politiques ont été sourds aux dangers de ces pilules".