Le nouveau président argentin Alberto Fernandez, qui souhaite actuellement légaliser l’avortement, a été reçu par le pape vendredi 31 janvier. Selon Andrea Zambrano, dans un article de La NBQ traduit par Benoît et moi, l’avortement n’a pas été abordé dans la conversation entre le chef de l’État et le souverain pontife. Immédiatement après la rencontre avec le Pape, le président argentin a répété qu’il continuerait son action pour donner la possibilité aux femmes qui le souhaitent de pouvoir avorter légalement. Le projet gouvernemental sera envoyé au Parlement dès le 1er mars.
Le Saint-Siège, dans une note, a dit qu’au cours de la rencontre, il avait été question de « protection de la vie dès la conception ». Le président Fernandez a ensuite nié que ce thème ait été abordé au cours de la rencontre. Un deuxième communiqué a été publié par le bureau de presse:
« Les points mentionnés dans le communiqué sur l’audience du président argentin n’ont pas tous été abordés dans la même conversation. Certains ont été examinés lors d’une rencontre avec la Secrétairerie d’État en marge de la rencontre avec le Saint-Père ».
Traduction: oui, on a parlé d’avortement, pas avec le Pape, mais avec le Cardinal Pietro Parolin.
Cependant, cette rencontre a été précédée d’un véritable scandale. Quelques minutes avant de rencontrer le Saint-Père, le président (divorcé) et sa nouvelle compagne, l’actrice argentine Fabiola Yañez, ont communié au Vatican lors d’une messe célébrée par Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, chancelier de l’Académie pontificale des sciences. La vidéo tourne dans la presse hispanophone et scandalise les catholiques :
Juste après cette cérémonie, l’exhortation apostolique Amoris laetitia, qui, selon certaines interprétations jamais démenties par le Magistère (malgré de nombreuses sollicitations), ouvre la porte à la communion pour les divorcés remariés, a été remise au couple présidentiel par le pape François.
Jeanne Smits souligne que le pape François prêchait le matin même à Sainte-Marthe à propos de ces catholiques qui vont à la messe le dimanche et qui se disent chrétiens mais qui ont « perdu la conscience du péché ». Il ajoutait que ces chrétiens auraient besoin de quelqu’un qui leur dise la vérité, souhaitant que le Seigneur leur envoie un « prophète » qui leur « donne une petite claque » quand ils se laissent glisser « dans cette atmosphère où tout semble permis ». La première lecture du jour (dans le Nouvel Ordo) de la messe à laquelle assistaient Alberto et Fabiola correspondait au récit du meurtre d’Urie à l’instigation du roi David qui convoitait sa femme, Bethsabée…
Dans un texte traduit par Jeanne Smits, Mgr Hector Aguer, ancien archevêque de La Plata, se désole :
Nos politiciens sont moralement relativistes, et ils doivent penser que le Pape l’est aussi. Le député Valdéz, ancien ambassadeur près le Saint-Siège, avait déjà déclaré que François « comprendrait ». A la veille de sa rencontre avec le pape, le président a annoncé que le sujet de l’avortement ne serait pas abordé dans la conversation ; le crime abominable – c’est ainsi que le Concile Vatican II a appelé l’avortement – n’est pas un problème majeur comparé à ceux de la pauvreté, de la faim et de la dette. Se pourrait-il qu’il en soit ainsi ? Nous n’avons aucun moyen de le savoir, mais ne pouvons-nous pas penser que le pape serait très attristé si son pays d’origine rejoignait ceux qui ont déjà inclus dans leur législation la permission de tuer impunément des enfants à naître ? Et que cela étant, il ait rappelé au Dr Fernandez – qui s’est identifié comme catholique pour l’occasion – qu’il encourrait une très grave responsabilité devant Dieu en encourageant une telle mesure ? On dit que la question a été discutée à la Secrétairerie d’État. Cela aura-t-il quelque effet ? Parce que ce n’est pas la même chose. On est saisi de voir que le président se soit déclaré fils de l’Église, qu’il ait assisté à la messe avec sa compagne, qu’il ait reçu la Sainte Communion des mains d’un archevêque argentin. C’est incroyable, mais entre compatriotes de même rang tout est finalement possible ! Un scandale de plus, parmi tant d’autres…