L’abbé Laurent Spriet ayant, comme beaucoup de ses confrères, rencontré des femmes ayant connu un avortement dans leur vie, vient de publier un ouvrage intitulé Se relever après un avortement. Il offre un rappel de l’enseignement de l’Eglise, une réflexion chrétienne ainsi que les témoignages de sept femmes qui se sont relevées grâce à leur rencontre avec le Christ Jésus. L’avortement est une épreuve d’autant plus douloureuse qu’elle est reconnue aujourd’hui comme un droit mais la femme, face à sa conscience, sait un jour ou l’autre la vérité. Cette épreuve peut aussi être un chemin pour rencontrer celui qui libère l’homme de ses chaines. Libérer la parole de ces femmes en souffrance (et qui n’ont pas le droit de l’exprimer) est nécessaire, mais cela n’est pas suffisant pour l’auteur qui veut exprimer dans ce livre le message d’espérance de l’évangile pour tant de femmes de France d’aujourd’hui. L’abbé Spriet a accepté de répondre à nos questions :
Vous publiez des témoignages de femmes blessées par leur avortement. Avez-vous rencontré des femmes qui n’ont absolument aucun regret d’avoir avorté ?
Il existe des femmes qui disent qu’elles n’ont aucun regret de leur avortement. J’ai déjà été en contact avec quelques unes d’entre elles. Cependant, après un avortement, de façon générale : soit les femmes se taisent et souffrent en silence, soit elles expriment très vite leur mal-être et leur souffrance. La plupart exprime leur besoin d’en parler. Mais à qui ?
Vous évoquez longuement la confession et la miséricorde du Bon Dieu : pensez-vous qu’une femme puisse se relever d’un avortement sans les secours de la foi ?
La problématique est : “Qu’entendez-vous par “se relever” d’un avortement ?” Est-ce se relever physiquement, psychologiquement, spirituellement ? Les trois ensemble ? Chaque femme a évidemment son histoire, sa manière de vivre son avortement. Il n’y a pas une réaction type, mais il y a des constantes. Ceci étant dit, oui, je pense qu’une femme peut se relever physiquement et psychologiquement d’un avortement sans le recours de la foi. En particulier en donnant à nouveau la vie et en allant jusqu’au bout d’une nouvelle grossesse. Même si mon expérience d’accompagnement me montre que les femmes n’oublient jamais et ne se relèvent jamais totalement psychologiquement parlant. La question de la culpabilité des femmes ayant avorté est le secret de Dieu. Le Seigneur oeuvre pour que chacune se relève spirituellement, et chacune répond dans le secret de son âme. Je constate toutefois que la foi catholique, le baptême, et la confession sacramentelle sont des moyens extraordinairement puissants pour se relever aussi bien spirituellement que psychologiquement d’un avortement. Lorsqu’une femme ayant avorté reçoit la rémission de ses péchés, lorsqu’elle sait que son enfant ressuscitera au dernier jour, n’est-ce pas une source magnifique d’Espérance pour elle ? Sept femmes témoignent en ce sens dans mon livre.
Vous montrez que, bien souvent, ces femmes avortent par pression de leur entourage et abandon du père de l’enfant. Avez-vous des témoignages de pères qui regrettent d’avoir poussé leur femme à avorter ?
Il y a bien sûr des pères qui regrettent d’avoir conseillé, incité, poussé, forcé leur épouse ou leur “copine” à avorter. Mais il faut avouer qu’ils sont beaucoup moins nombreux que les femmes à regretter publiquement leur “choix”. En particulier sur les réseaux sociaux. Je pense que c’est parce que la souffrance des hommes face à l’avortement est moins profonde et “charnelle” que celle des femmes. Si vous voulez lire des témoignages de femmes qui souffrent encore de leur avortement, je vous invite à aller ici. Un homme repentant pourrait créer une page Facebook intitulée : “IVG : moi, homme et papa, je regrette et je veux témoigner”. Pourquoi pas ?
Du côté médical, les témoignages montrent une attitude froide, parfois inhumaine, du milieu médical, qui ne propose que l’avortement pour les femmes en détresse. Là aussi, avez-vous des témoignages de médecins, personnels médicaux, qui souffrent des suites de leurs actes ?
J’ai envie de répondre de la même manière qu’à la question précédente. Des médecins repentis existent. C’est bien compréhensible car comme le disait, avec bon sens, le Docteur Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat des gynécologues (SYNGOF) : “nous ne sommes pas là pour retirer des vies”. Leurs témoignages ne sont pas nombreux mais ils sont parfois retentissants. Souvenez-vous jadis du Docteur Nathanson qui avait publié le petit film “le cri silencieux” (1984), ou tout récemment celui du Docteur Levatino. Tout cela se passe aux Etats-Unis où la liberté d’expression est plus grande qu’en France. Je voudrais aussi vous faire remarquer que si les témoignages publics sont peu nombreux, le nombre de médecins qui, après avoir pratiqué des avortements, refusent de continuer est lui en augmentation dans de nombreux pays. Certaines personnes favorables à l’avortement des bébés souhaitent supprimer la clause de conscience que les médecins peuvent fort heureusement encore opposer à cet acte abominable, d’autres ont voulu étendre (et de fait ont étendu) le droit de pratiquer, en ville, une “IVG médicamenteuse” non seulement par des médecins mais encore par des sages-femmes. Ces faits montrent que le nombre de médecins ou de personnels soignants qui se repentent d’avoir procédé à des avortements n’est pas marginal même s’il n’est pas médiatisé. Cela inquiète les partisans de la culture de mort. Pour répondre à votre question, je vous renvoie enfin au film “Unplanned” qui raconte l’histoire (vraie !) d’une responsable du “Planned Parenthood” (“Planning Familial”), dénommée Abby Johnson, qui s’est convertie et qui est devenue une militante “pro-vie” après avoir vu un avortement par aspiration.