Nous célébrons ce dimanche 25 septembre le XVIe dimanche après la Pentecôte, guérison de l’hydropique le jour du sabbat (Saint Luc 14, 1-11). Il est toutefois possible que certains chantent la messe de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus dont la solennité, facultative, peut se faire en ce dernier dimanche de septembre.
Les pensées se rattachent étroitement à celles du dimanche précédent : là, le thème de Pâques était inclus dans l’image de la Résurrection ; ici, il se retrouve dans l’image de l’hydropique. Là, l’Église nous adressait une exhortation sur le « renouvellement dans l’Esprit » ; ici, elle prie pour l’affermissement intérieur des chrétiens. Si nous voulons une pensée d’ensemble, ce sera celle-ci : la guérison de l’âme malade. La messe (Miserere mihi). – Le ciel est sombre : persécutions et tentations pèsent lourdement sur le Christ mystique ; dans la messe précédente, le soleil avait bientôt percé ; aujourd’hui, les nuages demeurent jusqu’à la fin ; une seule fois (au Graduel et à l’Alléluia.), le soleil essaie de se montrer. Dans la nature également, l’automne a fait son apparition ; les jours deviennent plus courts, les nuits plus longues ; c’est pour les âmes le symbole de la nuit et des persécutions.
Dom Pius Parsch Guide de l’Année Liturgique.
Les chants du propre de la messe du seizième dimanche après la Pentecôte sont tous extraits des psaumes, et, à l’inverse de dimanche dernier, mais comme tous les précédents, seul le texte de l’Alléluia sera le premier verset d’un psaume…
Introït : Miserere mihi Domine
Le texte de l’Introït de ce seizième dimanche après la Pentecôte est la suite de celui de dimanche dernier, au début du psaume 85, et la première phrase de celui d’aujourd’hui reprend même la dernière phrase du précédent. On se souvient que cette dernière phrase de l’Introït du quinzième dimanche était un véritable cri suppliant lancé du fond de notre misère. Ici c’est tout différent, car cette phrase suppliante est suivie de paroles d’espoir et de confiance dans la miséricorde divine.
Miserere mihi Domine, quoniam ad te clamavi tota die : qui a tu Domine suavis ac mitis es, et copiosus in misericordia omnibus invocantibus te.
Ayez pitié de moi Seigneur car je crie vers vous tout le jour ; car vous êtes Seigneur plein de douceur et de mansuétude et riche en miséricorde pour tous ceux qui vous invoquent.
On comprend donc que la première phrase exprime sa supplication d’une manière calme et pleine d’une ferme assurance. La deuxième phrase qui est la plus importante est beaucoup plus longue. Elle s’élève progressivement dans les hauteurs en un magnifique élan d’amour et de confiance avant de redescendre tranquillement pour une cadence paisible. On retrouve comme verset le début du psaume qui était en partie le début de l’Introït de dimanche dernier :
Inclina Domine aurem tuam et exaudi me : quoniam inops et pauper sum ego.
Tendez l’oreille Seigneur et écoutez-moi, car je suis pauvre et malheureux.
Graduel : Timebunt gentes
Le Graduel du seizième dimanche après la Pentecôte est le même que celui du troisième dimanche après l’Épiphanie. Le texte est tiré du psaume 101, qui est dans son ensemble une grande supplication douloureuse du peuple d’Israël en butte aux persécutions de ses ennemis, emmené en captivité loin de la ville sainte et du temple détruit. Mais il contient aussi une partie pleine d’espérance prophétisant la victoire du Seigneur sur ses ennemis, le retour à Jérusalem et la reconstruction du temple. Ce psaume est messianique, et en particulier les versets qui sont utilisés aujourd’hui annoncent la conversion des peuples païens.
Timebunt gentes nomen tuum, Domine, et omnes reges terræ gloriam tuam. Quoniam ædificavit Dominus Sion, et videbitur in majestate sua.
Les nations révéreront votre nom, Seigneur, et tous les rois de la terre votre gloire. Car le Seigneur rebâtit Sion et il y paraîtra dans sa majesté.
Au temps de l’Épiphanie ce chant célébrait l’apparition du Christ sur la terre, annonçant son règne sur toutes les nations dont les rois venaient l’adorer. En ce temps après la Pentecôte dont le cours s’avance, et dont on commence à entrevoir la fin, on peut y voir une première annonce du retour glorieux du Seigneur sur les nuées du ciel à la fin des temps, le jugement des nations et le triomphe de l’Église figurée par Sion. La mélodie reprend encore une fois des formules connues mais qui s’adaptent tout à fait bien au texte, dans une ambiance de joie et de certitude très affirmée.
Alléluia : Cantate Domino
Le texte de l’Alléluia du seizième dimanche après la Pentecôte est à nouveau le premier verset d’un psaume, comme c’était le cas pour tous les dimanches depuis le cinquième à l’exception de dimanche dernier. Il s’agit encore d’un psaume d’action de grâces et de louange au Seigneur pour tous ses bienfaits, le psaume 97, qui est très utilisé aux temps de Noël et de Pâques.
Cantate Domino canticum novum : quia mirabilia fecit Dominus.
Chantez au Seigneur un cantique nouveau, car le Seigneur a fait des merveilles.
La mélodie est très différente de celle des Alléluias des dimanches précédents, qui avaient une certaine parenté entre eux. Elle est beaucoup plus régulière, déroulant de belles courbes souples et très liées, animée d’un bout à l’autre par un grand élan de ferveur et d’enthousiasme.
Offertoire : Domine in auxilium
Le chant de l’Offertoire du seizième dimanche après la Pentecôte est, comme l’Introït, tiré du même psaume que celui du quinzième dimanche. Il s’agit du psaume 39 dont le début exprimait dans l’Offertoire précédent notre reconnaissance pour les bienfaits reçus. Cette reconnaissance se traduit dans la suite du psaume par une offrande de nous-mêmes pour accomplir toujours la volonté divine, puis par une prière suppliante pour que le Seigneur nous aide. C’est dans cette dernière partie qu’est pris le texte de ce dimanche.
Domine, in auxilium meum respice : confundantur et revereantur, qui quærunt animam meam, ut auferant eam : Domine, in auxilium meum respice.
Seigneur jetez les yeux sur moi pour me secourir. Qu’ils soient confondus et couverts de honte ceux qui cherchent mon âme pour la perdre.
Ce texte se retrouve tel quel ou à peu près dans d’autres psaumes. Il est en particulier très voisin du psaume 69 Deus in adjutorium meum intende par lequel l’Église débute toutes les heures de l’office divin. Comme à l’Introït de ce dimanche, s’il s’agit encore d’une prière suppliante, le contexte du psaume la place dans un climat plein de confiance. Et c’est bien ce qu’exprime la mélodie très simple, calme et paisible, presque horizontale et en même temps très expressive avec des accents bien soulignés. On remarquera que la première phrase est reprise à la fin comme un refrain, particularité que l’on retrouvera à l’Offertoire du vingt-troisième dimanche.
Communion : Domine memorabor
L’antienne de Communion du seizième dimanche après la Pentecôte n’est pas tirée de l’Évangile, comme celles des deux dimanches précédents, mais à nouveau d’un psaume comme tous les autres chants de la messe. Il s’agit du psaume 70 qui est encore une prière suppliante mais pleine de confiance et d’abandon à la divine providence, composée par David à la fin de sa vie. Il y reprend des passages entiers d’autres psaumes ; en particulier tout le début est le même que celui du psaume 30 que nous avons déjà souvent rencontré, celui de l‘In manus tuas. On y retrouve aussi des passages semblables à ceux du psaume 39 qui figurait à l’Offertoire ; ils précèdent de peu le texte de cette Communion.
Domine, memorabor justitiæ tuæ solius : Deus, docuisti me a juventute mea, et usque in senectam et senium, Deus, ne derelinquas me.
Seigneur je me rappellerai que vous seul êtes juste. Mon Dieu, vous m’avez guidé depuis ma jeunesse ; jusqu’à la vieillesse et aux cheveux blancs, Seigneur, ne m’abandonnez pas.
C’est toute notre vie que nous remettons avec confiance entre les mains de Dieu, qui nous a guidés jusqu’à maintenant, et continuera à le faire si nous sommes fidèles. Cette confiance s’exprime par une mélodie paisible qui se tient d’abord modestement dans le grave puis s’élève joyeusement au souvenir de la jeunesse, revient au grave pour évoquer la vieillesse, et s’achève par une prière instante mais pleine d’assurance.