« Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous en vêtements de brebis, mais qui au-dedans sont des loups rapaces » (Matthieu 7:15)
La messe du septième dimanche après la Pentecôte présente quelques caractères assez particuliers. Elle ne figure pas dans les anciens livres romains, et serait donc d’origine gallicane. Précisons qu’il ne s’agit pas ici du gallicanisme du XVIIe siècle, mais de la liturgie de l’Église des Gaules antérieure à l’époque carolingienne, alors que l’unité liturgique n’était pas réalisée, et qu’il y avait encore un chant romain (ancêtre du chant grégorien), un chant ambrosien (à Milan), un chant bénéventin, un chant hispanique, un chant gallican etc.. C’est seulement au VIIIe siècle, sous Pépin le Bref et Charlemagne, que la liturgie romaine a été adoptée par tout l’occident chrétien, incorporant cependant certains éléments gallicans, dont cette messe est un témoin. C’est très net en ce qui concerne l’Alléluia, dont la mélodie s’étire en longueur de façon exubérante. De même l’Offertoire est une prière longue et développée, mais à l’opposé l’Introït, le Graduel et la Communion sont très simples et parmi les plus courts du répertoire.
Le texte de l’Alléluia du septième dimanche après la Pentecôte est le même que celui de l’Introït, le premier verset du psaume 46, acclamation à la majesté et la toute puissance divine :
Omnes gentes plaudite manibus, jubilate Deo in voce exsultationis.
Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu avec des cris de joie.
Mais alors que l’Introït était très court, faisant retentir cette acclamation avec une mélodie simple, légère et joyeuse, à l’opposé l’Alléluia est très long, avec une mélodie ample et solennelle, de grandes vocalises, de nombreuses modulations, s’attardant ainsi pour célébrer toutes les splendeurs de Dieu et de son œuvre dans leur immensité et leur variété. On voit là à quel point la mélodie grégorienne peut donner à un même texte des expressions différentes.