C’est la dernière idée à la mode. L’hebdomadaire La Vie mène campagne pour, et revendique le soutien de 442 députés, soit environ 3 sur 4. Ségolène Royal est pour, François Hollande aussi; de même Christine Boutin.
Mais à y regarder de plus près, personne ne parle de la même chose – comme le montrait une émission consacré au sujet sur RFI. A commencer par la terminologie : service "civil", "national" ou "civique" paraissent ainsi interchangeables – le pompon revenant à François Hollande qui veut un service "civil"… avec une composante militaire. Confusion toujours, cet article du Monde oppose les déclarations du Président Chirac après les émeutes en faveur d’un service civil volontaire (concernant quelques dizaines de milliers de "jeunes", et regroupant essentiellement des dispositifs existants) à celles de Villepin exprimant son scepticisme à l’égard d’un service obligatoire – apparemment, la distinction entre "obligatoire" et "volontaire" est trop subtile pour certains.
De même, Christine Boutin soutient l’appel de La Vie – mais ne parle pas du tout de la même chose que le journal : Boutin évoque sa nostalgie pour le service militaire, alors que le texte de La Vie évoque une obligation universelle (et non réservée aux "jeunes") de "donner de son temps".
On est donc reconnaissant à Liberté politique d’ébaucher une réflexion sur le sujet, et de constater, avec un sens poussé de l’euphémisme, que "[L]a réflexion sur ce sujet ne me semble pas avoir été conduite avec une rigueur suffisante."
A commencer, de la part des catholiques, par une réflexion sur la conformité d’un tel dispositif avec le principe de subsidiarité : dans le domaine associatif et social, le Catéchisme met en garde contre une trop grande intervention de l’Etat, qui "peut menacer la liberté et l’initiative personnelle." (§1883).