Lu dans Les 4 Vérités :
"François Fillon, interrogé sur la possibilité d’avoir des ministres issus de Sens commun dans son gouvernement, répondit tout simplement: « Pourquoi pas ? » On voit mal, en effet, pourquoi le fait d’avoir été actif dans l’opposition à la loi Taubira, comme Sens commun, devrait nécessairement disqualifier pour l’exercice de toute responsabilité. On le voit d’autant moins que Sens commun et quelques autres mouvements issus de la droite des LR ont sauvé la tête du candidat Fillon en organisant en trois jours le remarquable succès du rassemblement au Trocadéro.
Pourtant, instantanément, les juppéistes – qui réclamaient alors à grands cris la démission de François Fillon – se récrient. Dominique Bussereau vient même de dire sur Twitter : « L’arrivée de Sens commun au sein du parti LR a été une erreur. Sa présence dans un gouvernement serait une faute. » On ne saurait mieux dire que, pour une partie significative des caciques LR, seule la gauche peut arbitrer les élégances morales.
La Manif pour tous et Sens commun ont eu l’incroyable audace de contester ce monopole moral, de rejeter la domination soixante-huitarde vermoulue. Il faut donc les rejeter dans les ténèbres de l’extrémisme. Mais cela dit aussi à quel point les juppéistes sont prêts à trahir leurs propres convictions pour obéir à la bien-pensance. Tous les parlementaires LR, ou presque, ont voté contre la loi Taubira. Alain Juppé déclarait encore pendant les primaires son opposition à la GPA qui ne pourra manquer d’être légalisée en France si on ne choisit pas au moins l’une de ces deux options: abroger la loi Taubira ou sortir de la jurisprudence de la Convention européenne des droits de l’homme.
Malgré cela, pour être un bon « républicain », il devient urgent de montrer que l’on n’a rien à voir avec la droite. Redisons donc, une nouvelle fois, à M. Bussereau et ses amis qu’avec leur soumission au diktat de la gauche, il n’est pas impossible que la droite gagne les élections… mais cela ne servira strictement à rien! Si la droite l’emporte pour pratiquer une politique de gauche, à quoi bon? Pour ma part, je préfère encore la victoire de la gauche: au moins, alors, les choses sont-elles claires et pouvons-nous préparer la reconquête. Mais la déclaration de M. Bussereau montre aussi que la constitution de la vaste auberge espagnole regroupant tout l’électorat chiraquien de 2002 fut une erreur. Qu’il y ait des alliances électorales est utile, mais, pour s’allier, il faut des convictions et non une bouillie centriste et bien-pensante!"