De Claudine Cardot, candidate PCD dans la 4ème circonscription de Paris :
Pour le savoir, regardons l’évolution de notre politique familiale.
Dès 1908, dans un discours à l’Assemblée Nationale prônant la mise en place des allocations familiales, l’Abbé Lemire déclarait : « Je n’appelle pas secours, je n’appelle pas indemnités, ce que je demande à la chambre. Un secours est donné pour un besoin pressant ou passager, une indemnité est accordée pour une perte. Avoir une famille, ce n’est éprouver ni un accident, ni un dommage. Une allocation, c’est une rémunération pour un service. La famille est un service social ».
C’est sur cette base que dès les années 30, la France bâtit une politique familiale dynamique, quasiment sans discontinuité jusqu’aux années Giscard. A compter de cette époque, et de façon de plus en plus importante, les ressources de la branche famille ont été, en partie, ponctionnées au profit d’autres politiques. Le premier pas fut une série de prêts consentis à l’Etat et…. jamais remboursés.
Le processus est quasi immuable. La CNAF (Caisse Nationale d’Allocations Familiales), bien gérée, dégage un bénéfice. L’Etat, toujours à la recherche de ressources, ponctionne la caisse directement ou en lui imposant de nouvelles missions entraînant un déficit. Les administrateurs réagissent et prennent des mesures d’économie. La caisse redevient bénéficiaire. L’Etat charge de nouveau la barque, la caisse prend des mesures pour retrouver l’équilibre, et ainsi de suite… Pour ne citer que quelques exemples, la branche « famille » a, à sa charge, pour plusieurs millions d’euros par an, la prise en charge de certaines prestations retraite, l’accompagnement de la réforme des rythmes scolaires ou la gestion du RSA.
Dans un rapport publié en juillet 2014, le député apparenté PS, Christian HUTIN, chiffrait à près de 40% les allocataires de la branche « famille »…..sans enfant.
Sous le quinquennat Hollande, le démantèlement de notre politique familiale s’accélère. Le congé parental est raboté, le quotient familial attaqué. Quotient que Pierre LAROQUE, un des pères de la sécurité sociale, défendait en ces termes: « Le quotient familial répond à un souci de justice distributive. Il s’agit de rendre l’impôt sur le revenu aussi neutre que possible par rapport aux capacités de consommation des familles, suivant leurs charges inégales ».
Toucher au principe d’universalité des allocations familiales, c’est simplement fragiliser notre contrat social en participant à l’œuvre de destruction des familles.
Quand le gouvernement auquel appartenait Monsieur Macron, a embouché la flûte de la justice sociale pour justifier ses mesures anti-famille, la meilleure réponse est sans doute venue d’un syndicaliste, le Vice-président de la CFTC, Joseph THOUVENEL, qui a comparé une famille de 5 enfants avec un revenu de 6000 € et une famille de 2 enfants avec une disponibilité financière de 3450 €. La première dispose de 857€ par personne, la seconde de 862€, pourtant la première a vu son quotient familial raboté. Quant à un couple sans enfant avec 2600€ de revenus mensuels, il a à sa disposition 1300€ par personne, fait-il remarquer. Qui sont les mieux nantis ?
Mais il n’y a pas que le point de vue financier, les familles ont besoin d’un environnement favorable. L’éducation, notamment à la sexualité et au respect de l’autre, est quotidiennement battue en brèche, notamment sur les chaînes du service public, par des images, des attitudes ou des propos graveleux, sans conséquences pour un adulte normal, mais qui peuvent s’avérer destructeurs pour un adolescent qui se cherche. Le taux de suicide chez les jeunes est là pour témoigner de cette fragilité et de ce dramatique mal être.
Dans une société au consumérisme triomphant, il est indispensable de conserver des temps collectifs où la consommation et la production sont entre parenthèses, pour préserver la vie familiale, personnelle, associative et spirituelle. A cette aune, la généralisation de l’ouverture des grandes surfaces et centres commerciaux, en soirée et le dimanche, est un élément supplémentaire de déstructuration des familles. Il ne faut pas s’étonner de voir baisser le pourcentage de jeunes issus des classes populaires accédant aux grandes écoles, quand personne n’est à la maison pour vérifier les devoirs et faire réciter les leçons. Tout le monde, loin s’en faut, ne peut rémunérer un répétiteur.
La question qui se pose aujourd’hui est simple : voulons-nous favoriser le lieu premier d’accueil, d’épanouissement, d’amour, d’apprentissage de la gratuité qui s’appelle la famille ? Choisissons-nous le repli sur soi, l’hyper individualisme, l’adoration du Veau d’Or, ou l’accueil de la vie ?
C’est un des principaux choix qui devra orienter le vote de nos concitoyens à l’occasion des prochaines élections législatives.