Cécile Edel, présidente de Choisir la vie et du collectif qui organise la Marche pour la vie, a été interrogée dans Reconquête. Extraits :
"Cette Marche pour la Vie est le fruit d’une détermination sans faille, d’un abandon sans cesse renouvelé à la Providence, d’une persévérance dans le combat contre l’avortement et d’une confiance absolue qui invite à l’Espérance. Elle est le symbole de la constance et de la vraie résistance.
Contre vents et marées, en dépit de toutes les critiques, des doutes récurrents évoqués par certains sur l’utilité de la marche, sur le fait que le thème de l’avortement n’était pas un thème porteur, nous avons voulu continuer à organiser cette marche afin de garder la flamme de la résistance pro-vie allumée. Si les défenseurs de la vie, une fois par an ne deviennent pas la voix des « sans voix », qui continuera alors à parler de l’embryon ? Le massacre en France de 225 000 enfants par an, perpétué depuis 40 ans avec la complicité de nos gouvernements successifs, ne peut rester sous silence et être tu !
Cette marche répond à cette vocation fondamentale : montrer que 40 ans après la promulgation de la loi sur l’avortement, il existe encore des hommes et des femmes courageux, prêts à descendre dans la rue dans le froid du mois de janvier pour crier haut et fort leur ferme opposition à la loi sur l’avortement et dénoncer les conséquences tragiques de celle-ci .
Nous sommes là pour porter témoignage et faire notre devoir. Ne devrons- nous pas rendre des comptes aux générations futures qui nous demanderont ce que nous avons fait de nos frères ?
[…]
L’année dernière, la Marche Pour la Vie avait pris les couleurs de l’Espagne pour exprimer son soutien au projet de loi du ministre Gallardon qui limitait considérablement le recours à l’avortement et amorçait un reflux de la culture de mort dans l’Union européenne. Aujourd’hui, le projet a été abandonné et ce ministre a démissionné en exprimant son dégoût pour la vie politique. Quelle réflexion cela vous amène t il ?
Le 21 septembre dernier des milliers de militants de la 5éme Marche pour la Vie en Espagne, à Madrid et dans une cinquantaine de villes espagnoles, étaient descendus dans la rue pour demander au chef du gouvernement, de maintenir son cap en ce qui concernait le projet de loi restreignant l'avortement. Malheureusement, le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, quelques jours après, confirma sa marche arrière par le retrait du projet de loi Gallardón. C'est le premier recul du gouvernement conservateur sur une loi phare. Recul bien entendu applaudi par les socialistes! Pourtant, réformer la législation sur l'avortement actuellement en vigueur était une promesse électorale du gouvernement espagnol. Pour tous les défenseurs de la Vie, espagnols ou étrangers, ce retrait a sonné comme une trahison. Le chef du gouvernement a déclaré : "Le gouvernement a fait le plus d'efforts possibles pour tenter de parvenir au meilleur consensus possible. […] Nous allons continuer à étudier des formules permettant de parvenir à un meilleur accord sur la réforme. Mais en ce moment, je crois avoir pris la décision la plus sensée" a-t-il ajouté.
Cette phrase en dit long sur la politique et le pouvoir… Peu de personnes qui entrent en politique avec de bonnes idées échappent à cette grande tentation si humaine de vouloir être aimé et accroître ainsi son pouvoir. En politique, on est souvent obligé de faire des compromis… Or, certaines causes ne supportent aucun compromis, demandent une exigence maximale. Lorsqu’ il s’agit de la vie d’un enfant dans le sein de sa mère, il n y a pas de recherche de consensus possible -pour employer les termes du chef du gouvernement espagnol, on ne doit accepter aucune exception parce qu’il s’agit justement de vie et de mort. Il faut être prêt à sacrifier son désir de pouvoir et d’ascension personnelle pour la cause que l’on défend. […]
Il serait bien sûr illusoire de penser que la Marche pour la Vie pourrait, cette année, changer le cours des choses et faire aboutir à l’abolition de la loi Veil. Néanmoins, tout indique que manifester tous les ans, pacifiquement et en un nombre progressivement croissant, hâtera l'abolition de l'avortement. Cela passera par des étapes et de petites victoires de la culture de vie sur la culture de mort. Manifester en nombre est le seul moyen de voir le discours pro-vie réapparaître sur la scène publique. Pour les pro-vie, il n'y a pas de raccourci : pour exister, il faut être dans la rue, et être assez nombreux pour ne plus pouvoir être ignorés. Une majorité de personnes pense que plus personne, ou presque, ne se bat contre l'avortement légal, désormais érigé au rang de « droit fondamental ». Manifester en nombre est le seul moyen de briser ce consensus par défaut. Montrer que l'abolition est défendue publiquement est le premier pas pour que les arguments pour l'abolition redeviennent, comme aux Etats-Unis, audibles. Cette revendication d’abolition, pour être audible, doit nécessairement s’accompagner de propositions alternatives à l’avortement telles que la revendication d’une véritable politique d’accueil de la vie avec des aides majeures pour les femmes enceintes en difficulté. L’existence, au sein de CHOISIR LA VIE d’une antenne d’écoute pour ces femmes enceintes en difficultés et la création de nouvelles maisons d’accueil pour ces femmes sont des illustrations fortes de ce qu’il est possible de mettre en place pour une véritable politique d’accueil de la vie. […]"