L’abbé John Berg, supérieur de la Fraternité Saint-Pierre, est interrogé dans Famille chrétienne. Extraits :
Trois ans après le motu proprio Traditionis custodes, les fidèles desservis par les prêtres de votre Fraternité sont-ils inquiets pour l’avenir de la messe traditionnelle ?
Il ne fait aucun doute que certains fidèles sont inquiets. Au cours de ces six dernières années, j’étais curé dans deux paroisses différentes de notre Fraternité aux États-Unis, et je n’ai donc pas connu trop d’inquiétude de la part des fidèles américains. Là-bas, leurs inquiétudes grandissaient de manière proportionnelle avec le temps qu’ils passaient sur internet à lire des articles ou des informations à ce sujet ! J’ai pu constater cela pendant le temps de la Septuagésime et du Carême, où certains hommes de la paroisse ont pris la résolution de cesser toute activité sur internet qui n’était pas liée à leur travail. Ils trouvaient soudainement une paix qu’ils n’avaient pas auparavant !
Mon travail dans ces paroisses était celui de tous nos prêtres qui consiste à aider les fidèles à se concentrer sur leur propre vie spirituelle et celle de leur famille. Si l’on se contente de lire ce qui se dit sur internet, on peut facilement avoir la fausse impression selon laquelle la « messe traditionnelle » est une sorte de mouvement ou de croisade. Il serait bien plus judicieux de venir voir ce qu’il en est réellement : il s’agit d’une paroisse, d’une aumônerie ou d’un groupe composé de personnes ou de familles qui veulent « seulement » adorer Dieu et être transformées par sa grâce. Mais je reconnais qu’il est naturel que des personnes ou des groupes qui se sentent menacés perdent leur calme. Tout comme la stabilité est bonne pour nos prêtres, elle l’est aussi pour les fidèles.
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Quelles sont vos relations avec les évêques français ? Récemment, un évêque a demandé à votre communauté de quitter son diocèse.
Il me faudra voir ce qu’il en est réellement de la situation française. Je peux seulement dire que mes relations avec l’évêque, mais aussi avec les prêtres des deux diocèses où j’ai servi comme curé ces six dernières années aux Etats-Unis, ont été vraiment excellentes. Je ne veux pas dire qu’ils nous ont simplement laissé faire notre travail, mais qu’ils m’ont vraiment soutenu, qu’ils m’ont demandé quels étaient mes besoins en tant que prêtre travaillant dans la paroisse de la Fraternité Saint-Pierre dans leur diocèse. J’espère que j’ai fait de même pour eux. Ils avaient une attitude à la fois très paternelle et fraternelle.
Il ne fait aucun doute que depuis le temps où je fus supérieur général, de 2006 à 2018, certains évêques français ont changé en raison de départs à la retraite, mais je crois que je connaîtrai encore un certain nombre d’évêques en France et je me souviens avoir eu de bonnes rencontres avec eux, des discussions franches et constructives. Nous partageons un objectif commun très simple qui est le salut de l’âme. Comme le disait saint Jean Bosco, « Donnez-moi des âmes et oubliez le reste ». En ce sens, j’ai l’espoir que nos relations seront bonnes.