C'est au tour de Témoignage chrétien de négocier les principes non-négociables. Mais il y a visiblement une erreur de perspective sur l'intérêt de ces principes. En effet, Philippe Clanché écrit :
"c’est autour des questions de morale personnelle et familiale que les voix explicitement catholiques se font particulièrement entendre dans le débat public." [Les caractères en gras sont d'origine, NDMJ]
Et encore :
"Ces postures radicales sur les questions de morale individuelle"
Et c'est là qu'est l'erreur : le respect de la vie, la défense de la famille et la liberté des parents en matière d'éducation ne sont pas des questions de morale "personnelle et familiale". La famille est la cellule de base de la société (et même "cellule vitale" selon la DSE). Et c'est à ce titre que la famille est un principe non-négociable. La DSE évoque son caractère irremplaçable :
"La famille, communauté naturelle au sein de laquelle s'expérimente la socialité humaine, contribue d'une manière unique et irremplaçable au bien de la société. […] Il est tout à fait évident que le bien des personnes et le bon fonctionnement de la société sont étroitement liés «à la prospérité de la communauté conjugale et familiale». Sans familles fortes dans la communion et stables dans l'engagement, les peuples s'affaiblissent. […] La priorité de la famille par rapport à la société et à l'État doit être affirmée. En effet, la famille, ne serait-ce que dans sa fonction procréatrice, est la condition même de leur existence. Dans les autres fonctions au bénéfice de chacun de ses membres, elle précède, en importance et en valeur, les fonctions que la société et l'État doivent remplir. […] Tout modèle de société qui entend servir le bien de l'homme ne peut pas faire abstraction du caractère central et de la responsabilité sociale de la famille." [n°213-214]
C'est parce qu'elle est un pilier fondamental de la société que la famille est non négociable. Sans la famille, la société s'écroule. Et il n'y a pas besoin d'être prophète pour le constater. Cela ne doit pas nous faire oublier d'autres sujets d'importance. Mais on ne peut pas tout mettre sur le même plan.
François
Tout un pb de définition. Ecrire par exemple “la famille est un principe non négociable” ne veut rien dire. La famille n’est pas un principe, c’est une réalité vivante. Donc à partir de quand les fameux ppes non négociables sont atteints? Quand sont atteints les ppes ou les réalités vivantes?
Pour celui qui le veut aujourd’hui la France est un des pays où il est le plus facile d’élever une famille nombreuse par exemple. Donc la famille en tant que réalité vivante n’est pas attaquée en France.
Pour moi dire “La famille est non négociable” ca ne veut rien dire…
[La défense de la famille est un principe non négociable. Dire que la France est le pays où il est plus facile d’élever une famille nombreuse ne veut rien dire. En France, le divorce, que la loi tente de simplifier régulièrement alors qu’elle devrait soutenir l’institution familiale, atteint 30 à40% des familles.
Une famille nombreuse aura d’autant plus de mal à se loger et à payer des écoles libres pour ses enfants que cela lui coutera très cher.
Et chaque année, le gouvernement tente, et réussit parfois, de raboter les allocations familiales. Sans parler des tentatives pour obliger les femmes à travailler alors qu’elles aimeraient, dans leur grande majorité, s’occuper de leurs enfants.
Une réalité vivante, cela s’entretient. Par le respect de la vie, pour commencer. Et avec 220 000 avortements, on en est loin.
MJ]
Robert
François,
Vous jouez sur les mots. Je pense que Michel Janva voulait parler de la défense de la famille.
Quand vous dites que la France est le pays ou il est le plus facile d’élever une famille nombreuse, vous voulez parler de la scolarité, des aides sociales, des valeurs à transmettre à ses enfants?
Concernant vos questions;
quand aucune condamnation n’est jamais prononcé pour la mort d’ un enfant in utéro, même par un criminel avéré, on peut dire que la dignité humaine est remise en cause et que la vie n’est pas respectée depuis longtemps.
Quand le droit d’envoyer ses enfants, avec ses impôts, dans l’école de son choix n’est pas respectée sinon en finançant prioritairement l’école laïque avant la sienne, la liberté de conscience et du droit d’éducation est soumise à un diktat.
Quand l’éducation des enfants est ouvertement et activement contestée par l’Etat aux parents, c’est une confusion des rôles.
P G
@ François
Pas d’accord avec vous : les familles nombreuses se trouvent dans les classes moyennes moyennes et supérieures et les immigrés. Les unes parceq ue leur niveau de revenu leur permet d’accéder au logement et de faire face aux dépenses que suscité une famille nombreuse ; les autres parce qu’elles sont gavées d’aides sociales, logements, etc…. et ceci dans des conditions d’ailleurs scandaleuses, à la fois sur les montants, mais aussi, soyons réalistes sur la médiocrité des leiux où elles vivent.
Entre les deux il y a 80 % de Français dont beaucoup soaiteraient plus d’enfants et qui y renoncent : la ”mentalité contraceptive” que nous observons est fortement favorisée par le coût du logement, la fiscalité, les charges sur les salires, les salaires très bas, etc…. qui sont aussi un de straits du climat socio-économique français.
Quand un 5 pièces coûte aussi cher, voire plus cher à Nantes, ville très agréable mais qui est loin d’être une métropole européenne, qu’à Berlin, ou Bruxelles, il y a évidemment un problème.
Je vis en province dans une zone semi rurale : la misère matérielle la plus atroce, mais aussi la plus cachée et invisible, ignorée des systèmes sociaux, y frappe bien des français, dont beaucoup de femmes seules.
Or l’assistanat maximal ce n’est pas pour eux.
cessons nous gens de droite nantis, de crier à l’exemplarité du système français : c’est le plus malthusien d’Europe rapporté à son coût et comparé aux résultats produits.
Nathanaël
Pourrait-on expliquer ce que signifie l’expression “point non-négociable”, couramment employé comme si elle allait d’elle-même ? On en saisit à peu près les objets (la famille, l’embryon, les malades en fin de vie) mais qui donc est ici appelé à ne pas négocier, et avec qui ? Et quel serait l’enjeu de la négociation ? Personnellement, je ne vois pas très bien, par exemple, en quoi je suis concerné. Vous me voyez négocier sur la “défense de la famille” ? Et avec qui ? Et pour quelle fin ?
[Elle est issue d’un discours du Pape de 2006 :
“En ce qui concerne l’Eglise catholique, l’objet principal de ses interventions dans le débat public porte sur la protection et la promotion de la dignité de la personne et elle accorde donc volontairement une attention particulière à certains principes qui ne sont pas négociables. Parmi ceux-ci, les principes suivants apparaissent aujourd’hui de manière claire:
– la protection de la vie à toutes ses étapes, du premier moment de sa conception jusqu’à sa mort naturelle;
– la reconnaissance et la promotion de la structure naturelle de la famille – comme union entre un homme et une femme fondée sur le mariage – et sa défense contre des tentatives de la rendre juridiquement équivalente à des formes d’union radicalement différentes qui, en réalité, lui portent préjudice et contribuent à sa déstabilisation, en obscurcissant son caractère spécifique et son rôle social irremplaçable;
– la protection du droit des parents d’éduquer leurs enfants.
Ces principes ne sont pas des vérités de foi, même si ils reçoivent un éclairage et une confirmation supplémentaire de la foi; ils sont inscrits dans la nature humaine elle-même et ils sont donc communs à toute l’humanité. L’action de l’Eglise en vue de leur promotion n’est donc pas à caractère confessionnel, mais elle vise toutes les personnes, sans distinction religieuse. Inversement, une telle action est d’autant plus nécessaire que ces principes sont niés ou mal compris, parce cela constitue une offense contre la vérité de la personne humaine, une blessure grave infligée à la justice elle-même.”
Dans l’action politique, toute homme -et non pas seulement les chrétiens- est donc appelé à ne pas négocier sur ces principes. L’actualité nous fait penser aux tentatives pour l’euthanasie, la recherche sur l’embryon, le mariage gay, l’alignement du Pacs sur le mariage, mais il y a aussi la défense de la liberté scolaire, le divorce, pour lequel les procédures ont été allégées. Il n’est pas permis de cautionner les politiques qui oeuvrent contre ces principes par des lois.
A contrario, il est permis d’avoir des idées discordantes sur l’immigration, par exemple, ou le réchauffement climatique, au hasard.
MJ]
jureio
La situation est simple : le président de la République sera François Hollande, François Bayrou ou Nicolas Sarkozy. Hollande n’est pas crédible, Sarközy est complètement discrédité.
Choisir par défaut, direz-vous ? Oui, mais n’oubliez pas les grandes qualités ! Pour les poux dans la tête de Bayrou, on a bien cherché, le butin est pauvre.
Nathanaël
Donc, “ne pas négocier sur ces principes” signifie ne pas “cautionner les politiques qui oeuvrent contre ces principes par des lois”. Maintenant, ne pas “cautionner les politiques qui oeuvrent contre ces principes par des lois”, cela implique quelle obligation, ou quelle prohibition, envers l’individu ?
Soyons clairs ; cela signifie-t-il ne pas voter, absolument, en aucun cas, pour un candidat qui aurait lui-même, par ses déclarations, ses propositions, ses propres votes législatifs, encouragé ces “politiques”… ou même ne les aurait pas contredites, en quelque partie ?
Eh bien, il me semble que vous pouvez renvoyer votre carte d’électeur à la mairie.
C.B.
À l’attention de Nathanaël:
la carte d’électeur permet aussi de glisser dans l’enveloppe de vote un bulletin (qui sera considéré comme un vote nul, on est bien d’accord) montrant
-que l’électeur ne se désintéresse pas du fait politique
-n’a rien trouvé de soutenable dans le menu proposé.
Ça me paraît très différent d’aller à la pêche à la ligne au lieu de se déplacer jusqu’au bureau de vote, non?
Et ça permet de garder la main (tant que le vote reste secret et qu’on ne peut pas être rayé des listes électorales pour vote incorrect) pour la consultation suivante?
P G
@ François et @Nathanaël
Sur ces principes et sur la famille, les PNN sont en effet la formulation de la morale naturelle par l’Eglise comme les trois critères qui doivent inspirer le choix des électeurs catholiques.
Leur application suppose donc des politiques qui les accompagnent et les favorisent. On ne peut les séparer de l’ensemble de la vie économique et sociale : il existe par exemple des conditions matérielles et économiques qui nuisent aux familles, et favorisent le recours à l’avortement.
C’est pourquoi lutter pour les PNN est un ensemble (Vie famille école) qui se situe dans un espace et des programmes politiques qui en favorisent ou non la défense : en politique la morale est faite d’applications concrètes, alors que sur le plan individuel ce sont nos actes et nos pensées qui déterminent notre conformité à la loi divine.
On ne peut donc assimiler totalement l’application de la morale en politique à celle qui nous est demandée à titre de baptisé : sans quoi la vie sociale serait impossible.
Nous travaillons et agissons tous aujourd’hui (mais ce fut tjrs le cas dans l’histoire) dans des institutions, communautés ou groupes, qui ne respectent pas totalement voire contredisent la morale catholique : dois-je démissionner de mon entreprise si sa mutuelle de groupe finance des pratiques que je juge immorales ? Etc…..
Pour le vote il en est de même : la politique n’a jamais totalement respecté les PNN (hormis l’avortement depuis qq décennies), depuis très longtemps.
Nathanaël
Avec PG, hic jacet lepus. C’est bien là qu’on devait finalement arriver. La vie sociale, donc la vie politique, est surtout faite de compromis. Ce qui fait que la qualité d’ « innégociabilité » des fameux points, ou plutôt leur intangibilité, est très relative. Entre deux mots, vous finirez toujours par choisir le moindre, et préférerez favoriser l’élection de tel qui, par exemple, sans prohiber entièrement l’IVG, souhaite le décourager par diverses procédures, aux partisans du statu quo, voire de l’élargissement.
[Peut-être, mais l’objectif lui est non-négociable et l’on ne se contentera pas de demi-mesures, même s’il faut passer par des petits pas.
Et c’est ce qui doit nous rassembler.
MJ]
Nathanaël
Suite et fin : “entre deux mot”s – je dirai même plus – “entre deux maux”.