Le conseil d’administration de Notre-Dame de Chrétienté a élu le samedi 18 janvier 2025 Philippe Darantière comme Président lors de l’assemblée générale de l’association, en remplacement de Jean de Tauriers, qui n’a pas souhaité se représenter après 12 années de mandat. Il répond ici aux questions du Salon Beige.
Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs du Salon Beige, dont beaucoup sont de fidèles pèlerins de Chartres ?
Je le fais avec plaisir. J’ai 63 ans, je suis père de famille nombreuse et plusieurs fois grand-père, et je dirige une société de conseil en relations humaines en région parisienne.
Préoccupé par les questions d’éducation, j’ai participé en 2000 à la création à Nantes d’une école indépendante de garçons avec plusieurs autres familles catholiques. Ouverte avec 17 élèves en 2001, l’école en compte aujourd’hui près de 200.
Je m’intéresse aussi à la doctrine sociale de l’Eglise depuis de nombreuses années, et j’ai a publié deux ouvrages de réflexion sur ce thème (Pour une action politique catholique en 2004 et Le Technonihilisme en 2016).
Quelle est votre antériorité au sein du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté ?
J’ai été engagé au service du pèlerinage de Chartres depuis 1989, d’abord comme chef de chapitre à Angers et à Nantes. Arrivé en région parisienne, je me suis investi au sein de la Direction des pèlerins au début des années 1990, où je m’occupais de la formation des chefs de chapitre et participais au service d’ordre. Ensuite, habitant à Nantes, j’ai pris du service à la logistique pour le transport des pèlerins, puis, de retour en Ile-de-France, au ramassage des poubelles et à la propreté.
Vous avez également lancé l’Union Lex Orandi, dont le Salon Beige relaie les communiqués. Quel est le but de cette association ?
En 2021, dans le difficile contexte créé par le motu proprio Traditionis Custodes, j’ai en effet participé à la création de l’Union Lex Orandi, qui regroupe des associations de fidèles attachés à la liturgie traditionnelle. Elles sont de toute taille : certaines ont une audience nationale, d’autre représentent les fidèles en un lieu donné. Toutes, elles œuvrent pour assurer la défense de cette liturgie menacée par une application mesquine de Traditionis Custodes, qui fait plus de mal à l’unité de l’Eglise qu’elle ne sert à la communion. Aujourd’hui, dans plusieurs diocèses, des fidèles se voient refuser le baptême ou la confirmation selon le rite traditionnel, des horaires de messe sont modifiés arbitrairement, des lieux de cultes contingentés ou supprimés, quand ce ne sont les prêtres qui se dévouent auprès des fidèles qui sont expulsés ignominieusement, comme à Quimper l’an dernier. Pour faire face à cela, l’union des associations exprime l’union des fidèles qui veulent faire valoir les droits de leur conscience : nous ne pouvons pas être privés des biens spirituels que nous procure la liturgie traditionnelle par un cléricalisme que le Pape François ne cesse par ailleurs de dénoncer.
Ces dernières années, le pèlerinage n’a cessé de croître en nombre de pèlerins. Pensez-vous que la politique du chiffre soit nécessaire ? Est-ce que Notre-Dame de Chrétienté a besoin de croître indéfiniment ?
Je ne pense pas qu’on puisse accuser Notre-Dame de Chrétienté de faire la politique du chiffre, bien que le nombre des pèlerins, qui est en effet en croissance régulière, puisse susciter des réactions contrastées autour de nous. La question mérite d’être posée autrement : Notre-Dame de Chrétienté peut-elle refuser les pèlerins que le Bon Dieu lui envoie ? Nos contemporains ont une grande soif de spiritualité : dans un monde angoissant, être « pèlerins d’espérance », selon le thème de cette Année Sainte 2025, invite certains à marcher vers Notre-Dame de Chartres, vers la Sainte Vierge, afin qu’elle les mène à Son fils. Cette soif de spiritualité s’exprime aussi dans l’attrait du sacré, que la liturgie traditionnelle manifeste avec tant de profondeur. Soif de spiritualité et révérence sacrée sont les deux principales raisons de la croissance du pèlerinage. Il y a peu de chance que cela se tarisse à court terme.
C’est bien sûr un défi pour les mille deux cent bénévoles qui travaillent à l’organisation et à la sécurité. Nous devons donc agir à la fois avec prudence et avec audace, pour le bien des âmes et l’honneur du Christ Roi.
Et maintenant la question que tous les pèlerins se posent : les messes de départ et d’arrivée pourront-elles être célébrées dans les cathédrales ?
Pour l’instant, il semble difficile d’envisager la messe de départ du pèlerinage ailleurs qu’à l’église Saint Sulpice : Mgr Ulrich est opposé à la célébration de la liturgie traditionnelle à Notre-Dame de Paris. Nous espérons qu’un jour, avec lui ou avec son successeur, une messe de départ pourra être de nouveau célébrée dans ce haut lieu spirituel qui fut dès 1983 le point de départ du pèlerinage. La messe de clôture aura lieu à la cathédrale Notre-Dame de Chartres, où nous serons accueillis par Monseigneur Christory, qui donnera l’homélie. Il m’a reçu avec une grande bienveillance et m’a confirmé que les pèlerins de Notre-Dame de Chrétienté pourront franchir une porte sainte édifiée à l’occasion du jubilé du millénaire de la cathédrale et recevoir l’indulgence plénière associée à cette démarche.
Quelles relations entretenez-vous avec les organisateurs du pèlerinage Chartres-Paris ?
Nous entretenons les relations fraternelles qui conviennent aux chrétiens entre eux. J’ai personnellement des relations très cordiales avec le président de Pèlerinage de Tradition et avec leur aumônier général. C’est dans cet esprit que nous pourrons œuvrer, s’il plait à Dieu, à une compréhension mutuelle charitable et véridique entre catholiques pour le bien des âmes, face à la crise dramatique que vit l’Eglise depuis 60 ans. Pour Notre Dame de Chrétienté, cela passe par un témoignage, au sein de l’Eglise catholique, de l’esprit de communion des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle à l’égard du Pape et de la hiérarchie, « à la lumière de la sainte tradition et sur la base du magistère constant de l’Eglise », selon les mots du Pape Jean-Paul II .