De Jean-Yves Le Gallou sur Boulevard Voltaire :
"En décembre dernier, en agressant publiquement Marion Maréchal-Le Pen qualifiée de « personne seule et isolée », Florian Philippot a commis une double faute. Il a d’abord attiré l’attention des médias et de l’opinion sur les divergences internes au FN. Et, par effet boomerang, c’est lui qui apparaît comme isolé.
Un sondage IFOP réalisé pour Le Figaro révèle que 52 % des sympathisants du FN se sentent « plus proches des idées défendues par Marion Maréchal-Le Pen » et seulement 29 % plus proches de Florian Philippot (19 % se sentant aussi proches de l’une que de l’autre). Cette différence de 23 % est un vrai désaveu pour Philippot. Un homme pourtant omniprésent dans les médias et dans l’appareil du parti, où il diffuse tout à loisir son message. Un désaveu d’autant plus grave qu’il concerne toutes les tranches d’âge et toutes les catégories socioprofessionnelles.
Si, chez les plus âgés (plus de 65 ans), l’écart entre Marion Maréchal-Le Pen et Florian Philippot se réduit à 8 %, il monte à 54 % chez les 18-24 ans. Cela s’explique. Soixante-huitard sur les mœurs et chevènementiste en économie, le message philippotiste se croit « moderne » mais il a… quarante ans d’âge.
A contrario, la ligne Marion est en phase avec la génération 2013 plus identitaire et plus conservatrice. Notons, aussi, une différence de style : d’un côté les éléments de langage d’un discours pasteurisé, de l’autre l’affirmation de convictions assumées. Là aussi, il n’y a pas « photo » .
Chez les ouvriers, la différence entre Marion et Philippot est aussi très élevée : 36 % au détriment du vice-président du FN. La raison en est simple : c’est une erreur de penser qu’électorat populaire et électorat de gauche se confondent. Bien au contraire : les ouvriers et les employés qui basculent vers le Front national le font d’abord par rejet de l’immigration mais aussi par refus de la société d’assistance et de la permissivité. Non pour un discours socialisant. […]