"La pornographie peut devenir une véritable addiction. Heureusement, on peut en sortir, mais le chemin est parfois long car la pornodépendance abîme la relation à soi-même et aux autres et nous atteint au plus profond. Un livre propose d’y parvenir en 40 jours grâce au parcours “Libre pour aimer”.
Une addiction, le porno ? “Mais non, c’est juste pour s’amuser… Une vidéo de temps en temps, c’est pas méchant et puis, tout le monde le fait”… Lycéen de seconde, Alex préfère rire, un peu gêné quand même de cette discussion lancée par un ami. Alors, l’intérêt d’un livre comme “Sortir de la pornographie” (Ed. Emmanuel), c’est qu’on peut y plonger sans crainte du regard des autres. Et y trouver une foule d’informations mais aussi de témoignages. Tenez, comme celui de Jean, étudiant en 1ère année d’université : “J’ai commencé à regarder du porno en classe de seconde, vers 15 ans. Cela fait donc trois ans que je me masturbe régulièrement devant des vidéos de sites pornos très connus. Dernièrement, j’ai voulu arrêter, mais au bout d’une semaine, la tension était trop forte”…
Les psys cités dans l’ouvrage confirment : oui, il peut se créer une véritable dépendance au “cybersexe”, et qui peut s’installer assez tôt, dès l’adolescence, à un moment où la personnalité est d’autant plus fragile qu’elle est en construction totale.
Epuisement, solitude, amitiés et vie amoureuse en sommeil
“La dépendance sexuelle, indiquent les auteurs de l’ouvrage, se caractérise, d’une part, par l’impossibilité de contrôler ce comportement et, d’autre part, par la poursuite de ce comportement en dépit des conséquences négatives qu’il entraîne : sociales, psychologiques, familiales, professionnelles, financières, judiciaires ou autres.” Aïe ! Ces conséquences, on les découvre au fil des pages. D’abord, il y a la fatigue induite souvent par le manque de sommeil, qui se répercute fatalement sur la qualité du travail. Et puis, un appauvrissement des centres d’intérêt, des loisirs, de l’ouverture au monde, mais surtout de la relation aux autres. Le temps passé dans la solitude de son écran n’aide ni à développer ses amitiés, ni à s’ouvrir aux autres. N’est-ce pas d’ailleurs un temps qu’on préfère dissimuler ?
Dans la pornographie, il n’y a pas de relation à l’autre
Et puis, c’est le paradoxe, cette consommation de sexe finit par compromettre la vie amoureuse et l’épanouissement d’une sexualité humaine heureuse, comme en témoignent dans le livre des adultes en difficulté dans leur couple. “En dévoilant le corps et la sexualité sous tous ses aspects, la pornographie transforme le corps en un produit de consommation. Dans la pornographie, il n’y a pas de relation à l’autre”. Pas de séduction, pas de désir, pas de communication ni d’attention à l’autre et bien sûr, pas d’amour.
Tout cela finit par entraîner, insidieusement, une grande tristesse, voire une déprime, et une honte cachée qui provoque une perte d’estime de soi. On commence à comprendre le titre du parcours proposé par l’ouvrage : “Libre pour aimer”. S’il n’y avait qu’une raison de renoncer à ces images, c’est qu’elles empêchent tout simplement d’aimer. Cela commence à vous intéresser ?
Un parcours de développement personnel pour se reconstruire…
Alors, que vous soyez totalement addict, ou bien “consommateur modéré”, vous pourrez embarquer pour ce parcours en 40 jours. Chaque jour, une réflexion et un effort particulier sont proposés grâce à un texte court, un témoignage, le regard du psy et un exercice. Les premiers jours, le zoom est mis sur les mécanismes de l’addiction (par exemple, “Suis-je addict au cybersexe ?” ou “Les films X : pourquoi ce ne sont pas des films pas comme les autre”). Puis vous passez en revue chaque zone de votre être, pour comprendre en quoi elle est atteinte par la pornographie : votre corps, vos désirs et émotions, votre mémoire, votre intelligence en quête de vérité, votre intériorité… Puis, vous engagez le combat pour vous libérer, et vous vous reconstruisez : un jour pour retrouver l’estime de soi, puis pour guérir des blessures qui nous font souffrir, puis prendre soin de son corps, mieux gérer son temps, savoir se détendre, vivre l’instant présent, gérer son désir…
…et une dimension spirituelle en bonus
Ce magnifique parcours de développement personnel ne s’en tient pas seulement à la psychologie. Il intègre aussi la dimension spirituelle de la personne, sa quête de sens et son besoin d’absolu. L’auteur et coordinateur de l’ouvrage est en effet un prêtre catholique, Eric Jacquinet. C’est parce qu’il a accompagné des personnes souhaitant se libérer de la pornographie qu’il a conçu ce parcours avec l’aide de divers thérapeutes. A chaque étape, en plus du témoignage et du “regard du psy”, une citation de la Bible est donc proposée à la méditation, ainsi que des prières et des textes chrétiens. La durée du parcours, 40 jours, fait aussi référence à la durée du carême chrétien (40 jours avant Pâques) qui fait écho elle-même aux 40 ans que le peuple hébreu passa dans le désert pour se libérer de l’esclavage (Le Prince d’Egypte, vous vous souvenez ?)
Non croyants, non chrétiens ? No problem
Cependant des non-croyants peuvent tout à fait suivre le parcours avec profit : “Vous croyez que la vie peut être bonne et que vous pouvez la vivre plus pleinement, même si vous ne croyez qu’elle ait un Auteur”, leur dit Eric Jacquinet en introduction. Laissez-vous porter par ce désir et cette aspiration positive. Les difficultés que vous traversez seront peut-être une occasion d’aller plus loin, en remettant de la cohérence dans votre vie, en y trouvant un sens et en recherchant sa dimension spirituelle”.