Philippe Arino témoigne dans Famille chrétienne :
"Que faut-il faire pour sortir d’une homosexualité pratiquée ? Dix ans de psychanalyse, des sessions de guérison ?
Ça,
c’est l’artillerie lourde. Ce sont des pistes qui ne sont pas
mauvaises. Ça fait partie de cette mise à distance du désir homosexuel ;
après ça dépend comment on l’a fait, avec quelle liberté. Je ne suis
pas sûr que celui qui pense qu’il va se débarrasser miraculeusement de
son homosexualité soit libre. Je doute qu’il y ait une vraie
démarche de réconciliation dans cette quête fiévreuse de la guérison. La
guérison part vraiment de la personne homosexuelle, de ce qui l’habite,
et puis de sa liberté. D’une certaine manière, je suis « guéri »
et Dieu me guérit tous les jours. Et Il n’a pas fini de le faire. C’est
sur le comment que je n’ai pas de réponses toutes faites.Dans le désir homosexuel, il pourrait y avoir une liberté mise à mal ? Un amour désincarné ?
Le désir homosexuel
apparaît dans des contextes humains où la liberté a été réduite. Ou
qu’il y a eu une absence d’incarnation, de personnalité. Dans des cas où
il n’y a pas eu de solidité au niveau de la personnalité, c’est-à-dire
des phases de l’adolescence où on est en panne d’identité. Mais
il y a un désir de se fuir soi-même, une panne d’identité, et puis
souvent un manque de liberté et un manque de reconnaissance des
différences fondamentales de l’humanité, et notamment de la différence
des sexes. Les contextes humains de l’homosexualité marquent une
déshumanisation, qui n’est pas forcément violente parce qu’elle passe
par la magie des médias.On entend la société et les médias dire « l’amour n’a pas de sexe », donc on vire la différence des sexes ; « l’amour n’a pas d’âge », on vire la différence des générations ; « l’amour n’a pas de frontières », on vire la différence des espaces. « L’amour n’a pas d’autre maître que la conscience individuelle, les émotions, la subjectivité et la sincérité », donc on vire la différence entre Créateur et créature… Et donc sous couvert de bonnes intentions, on quitte l’amour incarné.
C’est faux de dire que l’Église est homophobe ?
L’Église a tout compris de l’homosexualité. Vraiment ! Sans le savoir, ce sont les personnes homosexuelles qui lui donnent raison. Parce qu’elles associent comme dans la Bible l’homosexualité à une idolâtrie, à la violence. L’Église
catholique, en me reconnaissant en tant que personne avant tout, et en
ne me demandant pas de nier l’existence de mon désir homosexuel, mais au
contraire de le valoriser en le donnant pleinement à Dieu, m’a aimé dès
le départ tel que je suis, avec mes forces et mes failles. […]"
Jean Theis
La plupart de nos gouvernants en sont. Ils ont eu tout ça ???
Bernard Mitjavile
Bravo à Famille Chrétienne pour ce genre d’interview.
Gisèle
Aimer le pècheur mais pas le péché …
francis De Ville Souchet
Philippe Arino donne son témoignage donc sa version par rapport à son expérience vécu;il intégre forcément ses choix mais aussi tous les évènements extérieurs qui l’ont conduit vers cette direction;sa “nature” m’est étrangère par rapport à mon “orientation”(expression utilisée dans le contexte actuel), je l’écoute avec attentioncherchant à comprendre…mais je ne suis pas convaincu que son cas soit une généralité.
Par contre, je le sais,je l’ai constaté (faut pas me prendre pour un demeuré)puisque nous sommes dans un blog chrétien catholique, y aurait-il un (des) témoignage(s) de religieux,de prêtres, de moines ou moniales ayant cet attrait sur un même sexe?
Leurs témoignages serait utiles et bienvenus!
Ce qui me gêne un peu chez Philippe Arino, c’est un sentiment de culpabilité dans sa recherche du pourquoi sur lui-même.Il me semble bloqué(j’espère que je me trompe)sur lui-même indépendemment de son passé.
LMB Lyon
J’apprécie le sens et le poids des mots de Philippe Arino. Il parle de « désir homosexuel ». C’est très différent du terme « homosexuel abstinent » qu’on entend parfois. Dans le premier cas, il est manifesté une attirance. Dans le second, il y a reconnaissance d’un état de genre.
Imaginons une telle affirmation : « Papa, je suis un hétérosexuel abstinent ! ». Si j’étais le père, je répondrais : « Mon fils, tu es célibataire, je suis passé par là ! »
Beij
Aimer le pécheur mais pas le péché. Oui. N’empêche qu’il y a quand même un mystère insondable (enfin pour moi il est et demeure insondable) dans le désir du même. Certains hommes comme M. Arino (et sans doute certaines femmes comme celle dont nous avons pu lire le témoignage l’autre jour) ont une attirance pour une personne de même sexe. Autant la femme qui témoignait semblait dire que son désir pour d’autres femmes était plus acquis qu’inné (depuis, elle s’est mariée, d’ailleurs), autant les hommes qui souffrent de cette attirance pour un homme du même sexe ne disent rien qui puisse parler en faveur de l’acquis. Leur (belle) pudeur laisse entendre que nous avons à faire à de l’inné comme ce peut être le cas chez les personnes trans-genre.
En ce cas, en quoi sont-ils plus pécheurs qu’une personne handicapée de naissance peut l’être par le fait même de sa maladie ? En quoi sont-ils plus pécheurs qu’un schizophrène…, etc. Ou plutôt : en quoi serions-nous moins pécheurs qu’eux, nous qui avons la chance de n’avoir pas besoin de nous poser la question de notre attirance amoureuse ? Le désir du même, chez les mâles, a toujours existé. Certains imbéciles veulent nous faire croire qu’il n’a jamais été toléré, en extrapolant, à partir du XIXème siècle très bourgeois et puritain (et fort peu chrétien). Et quand nous faisons mine de saluer ceux d’entre eux qui reconnaissent cette douloureuse blessure en leur chair, nous ne faisons qu’”entériner” l’idée selon laquelle tous les siècles précédant le XIXème persécutèrent les invertis. Ce qui est très faux. Ceux-ci se mariaient, fondaient une famille et, selon leur degré de faiblesse avaient ou non des amants, comme leurs frères et soeurs “hétérosexuels” pouvaient ou non avoir des amants.
Reconnaissons-les comme personne avant tout, oui. Comme le firent les siècles chrétiens, les siècles d’avant le XIXème siècle.
ODE
@Beij: les personnes homosexuelles avec qui j’ai pu en parler + les témoignages de certains écrivains laissent peu de doute quant au fait qu’il ne s’agit pas d’un désir inné mais de qch d’acquis (dont on nous dit ensuite que c’est “révélé”: on se “rend compte” tout à coup qu’on est homosexuel) qui fait suite à un blocage dans l’enfance (mère trop présente et autoritaire et fascinante, face à un enfant plus sensible qu’un autre, ou absence ou faiblesse du père) ou encore à une trop forte mise en avant de l’aspect “féminin” d’un garçon (ex d’un garçon aimant jouer à la poupée et à qui sa grand-mère coud des vêtements de poupée pour lui faire plaisir): étant moi-même artiste, je constate le nombre impressionnant d’homosexuels dans ce milieu. Ce qui est inné à mon avis c’est le caractère d’un enfant: un enfant artiste est plus impressionné par son environnement, plus sensible, a plus de mal à se définir, et a besoin qu’on lui parle très clairement et très tôt des mystères de la vie, a besoin qu’on le rassure plus qu’un autre, ce sont au départ, pour le coup, des personnalités très complexes, et tout le travail des éducateurs est d’arriver à faire en sorte qu’il puisse exprimer tout ce qu’il ressent à l’intérieur de lui-même sans que cela doive se manifester – aussi – par une sexualité “particulière”. Je pense qu’il est excessivement difficile de percevoir cela pour des gens “normaux”.
Conforter un fils dans son rôle d’homme (même s’il est attiré par des activités de création plus que par le meccano par ex) et une fille dans son rôle de femme, les mettre à l’aise par rapport à leur corps, c’est un travail de tous les jours pour un père et une mère, chacun ayant un rôle particulier à jouer. L’Eglise propose des formations extraordinaires sur l’éducation à la sexualité.
Je crois sincèrement qu’un homosexuel (du moins pour ceux qui sont plus “artistes”, après il y a la 2e moitié du couple, l'”homme”, le “mac”, que je cerne moins) est surtout au départ une personnalité délicate, sensible et complexe, plus difficile à éduquer qu’un autre enfant du moins en ce domaine. Il faut dès l’enfance donner des repères clairs pour qu’ils passent sans dommage le cap de l’adolescence. Bref: l’homosexualité, on peut l’éviter!
beij
@ODE. Je vous remercie pour vos explications. Je sais pour ma part ce que sont les êtres très (trop) sensibles que vous décrivez. Je constate plus largement qu’ils ne deviennent pas nécessairement “homosexuels” mais ont besoin de “béquilles” (l’alcool, la cigarette, d’autres drogues… aident à supporter ce monde tragique qu’ils se prennent en pleine face). On noircit des pages, on peint, on danse, etc. pour mettre à distance cette conscience trop vive et continuellement douloureuse.
Je crois surtout, et je n’ai pas songé à le préciser dans mon précédent commentaire, que nous devons reconnaître que le monde est tragique. Toutes les idéologies totalitaires (avec ou sans guillemets) refusent ce très grand fait que nos existences sont tragiques. Elles ont la tentation de réformer, ici-bas, tout ce que l’histoire comporte de dissensions, d’injustices, de laideur, de contingent et d’incompréhensible. Nous avons la tentation de vouloir com-prendre, cerner, des mystères qui nous dépassent. La tentation de vouloir cerner l’homosexualité procède du scientisme. Nous sommes les héritiers du scientisme. Mais ce qui fait de nous des chrétiens, c’est précisément de savoir faire usage de notre raison sans tomber dans l’excès de scientisme. Il y a certains mystères devant lesquels notre raison fait silence. Le tragique singulier et très banal de chacune de nos petites existences ici-bas doit nous enjoindre à prier. Le constructivisme du genre refuse le tragique. C’est pour cela qu’il devient totalitaire. Il veut avoir réponse à tout. C’est le propre de toutes les “pensées” par système. A nous de ne pas tomber dans l’excès inverse, en voulant prouver ce qui est impossible à prouver. Sachons user correctement de notre raison. Loin des systèmes. Ainsi, je ne sais pas si l’on peut éviter l’homosexualité, comme vous concluez. Ce qu’il faut combattre, c’est toute tentation scientiste. Celle des “lobbies” homosexuels, en ce cas très précis. Pourquoi ? Parce qu’ils refusent le tragique c’est-à-dire qu’ils veulent instaurer ici-bas cette cité de Dieu qui ne s’instaure pas ici-bas (quoiqu’elle soit, au moins potentiellement, en chaque coeur). Nous cédons à l’esprit de système, gros de malheurs, lorsque nous voulons prouver que l’homosexualité ou je-ne-sais-quoi d’autre s’explique de manière purement rationnelle. Enseigner le tragique, me semble-t-il, permettrait peut-être de limiter la tentation homosexuelle. Certainement pas de la supprimer de ce monde, très imparfait, très tragique. N’oublions pas la chute.