Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous, s’inquiète dans une tribune de Valeurs Actuelles de la circulaire de l’Éducation nationale sur « les questions relatives à l’identité de genre » qui, sous couvert de lutter contre la transphobie, incite en fait des jeunes en souffrance à changer de genre :
La circulaire Pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire, parue au Bulletin officiel de l’Éducation nationale la semaine dernière soulève un tollé chez les parents d’élèves. Elle concerne les élèves – du primaire ou du secondaire – qui, suivant l’Éducation nationale, s’interrogent sur leur « identité de genre », notion indéfinie et vague, au contraire de l’identité sexuelle, terme exclu de ce document.
En dépit de l’importance cruciale du sujet, cette circulaire repose malheureusement sur la défiance, a priori, vis-à-vis des familles. Ainsi, si les parents coopèrent avec l’établissement scolaire pour « accompagner » l’élève dans ses interrogations identitaires, tout va bien. Mais si le jeune demande à l’établissement que ses parents ne soient pas informés, il faut en conclure qu’il est peut-être en danger chez lui. L’ensemble des personnels de l’Éducation nationale est donc invité à envisager d’alerter les pouvoirs publics, éventuellement même de faire un signalement judiciaire auprès du parquet des mineurs !
Imaginons le cas d’un élève en souffrance qui, s’interrogeant sur son identité sexuelle, fait évoluer son apparence, par exemple sa tenue vestimentaire. L’établissement le remarque et, suivant la circulaire, doit ouvrir un dialogue avec lui. Cependant, en dépit de toute sa « bonne volonté » pour « accompagner » l’élève, l’établissement scolaire ne peut changer le prénom d’un mineur et le pronom à utiliser à son sujet (“il”, “elle”, voire même “iel”…) sans l’accord de ses parents. L’élève – on l’imagine facilement – peut être mal à l’aise à l’idée de parler à ses parents de ses interrogations sur une éventuelle transition. Conscient de la difficulté, le mineur demande donc à l’établissement de n’en rien dire. Les parents resteront alors dans l’ignorance de la situation, tandis que l’établissement scolaire pourra saisir la justice contre eux !
Une telle absence de concertation est contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant. Elle peut même nourrir la défiance des parents vis-à-vis de l’institution scolaire.
Il ne s’agit toutefois pas du seul aspect inquiétant de ce texte, qui pèche aussi par sa teneur idéologique : sous couvert de prendre en charge la souffrance de l’élève, et même de le protéger, cette circulaire est en réalité un véritable petit manuel de l’idéologie du genre à destination du monde scolaire.
Elle donne ainsi toutes les indications « utiles » pour celui qui voudrait changer de sexe à l’état civil. Elle insiste sur le fait d’aider « l’élève transgenre [à] faire sa transition dans de bonnes conditions », ceci au prétexte de favoriser son retour à l’école si celui-ci était déscolarisé. Plus grave encore, elle ne recommande pas de mettre en contact l’enfant en souffrance avec un psychologue, mais plutôt avec des associations agréées par le ministère. Or certaines des associations LGBT agréées par le ministère pour intervenir dans les établissements scolaires sur ces questions ne font pas mystère de leur militantisme.
Comme toujours, l’ensemble de ces recommandations est « justifié » par la nécessité de lutter contre la transphobie. Pour plus d’efficacité, il est recommandé d’anticiper, c’est-à-dire que tous les établissements scolaires sont invités à former leur personnel et à sensibiliser les élèves à ces questions d’identité de genre et de transition. La circulaire indique même que les applications de gestion de la scolarité sont en cours d’évolution pour faciliter « l’expression des identités de genre » !
Toutes ces initiatives ne peuvent que susciter de nouvelles transitions chez des adolescents en manque de repères et vulnérables face aux tendances et effets de mode. Dans une tribune récente, une cinquantaine de professionnels de l’enfance et de chercheurs considèrent même qu’il s’agit « d’emprise » dont les conséquences entraînent une « déstabilisation mentale ». Une chose est de vouloir aider les enfants, et heureusement l’école peut y contribuer, mais en lien avec les familles et non dans la défiance ; autre chose est de provoquer délibérément ces situations.
Depuis des années, les manuels scolaires, en particulier de SVT (Sciences de la vie et de la terre) développent auprès des élèves l’idée que ce n’est parce qu’un sexe leur a été « assigné » à la naissance que celui-ci correspond vraiment à leur « identité de genre », c’est-à-dire à leur ressenti profond. Rejoignant les séries Netflix et autres, le cinéma et autres supports de prosélytisme en faveur de l’idéologie du genre, l’Éducation nationale contribue ainsi à remettre en doute auprès des jeunes la réalité de leur identité sexuelle, au lieu de les conforter dans ce qu’ils sont.
Le nombre d’élèves – dès le primaire, indique la circulaire – qui déclarent se sentir mal dans leur « genre » explose, l’Éducation nationale prétend les accompagner. À l’évidence, elle ne doute pas un seul instant que ce soit le bon chemin pour les élèves : ne surtout pas leur donner des repères pour les aider à se construire, accompagner sans guider. Pourtant, de nombreuses études (à l’instar de La sexualité et le genre – Conclusions de la biologie, la psychologie, et les sciences sociales de Lawrence S. Mayer et Paul R. McHugh, parue en 2016) montrent que les interrogations des adolescents sur leur identité sexuelle finissent presque toujours par s’apaiser et disparaître, pour peu qu’on ne les entretienne pas volontairement. Cette circulaire est une fausse bonne idée, aussi inutile que dangereuse.