Un tout jeune établissement scolaire, fondé il y a six ans sous l’égide de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre, vient d’acquérir des bâtiments à réaménager pour accompagner son développement. Un projet qui mise sur l’avenir, la civilisation, l’éducation à la sainteté et la formation de la jeunesse. Une belle initiative à soutenir. Le chanoine Alban Denis, vice-président de l’association, a été interrogé dans L’Homme Nouveau :
Comment votre école a-t-elle vu le jour ?
Le cours Saint-Martial est né en 2017 à l’initiative de fidèles de l’apostolat de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre à Limoges. Souhaitant offrir à leurs enfants une vie scolaire en cohérence avec l’éducation qu’ils recevaient à la maison, ils se sont tournés vers mon prédécesseur, le chanoine Guimbretière, pour monter une école libre. Notre école s’est d’abord installée dans un hangar commercial puis, en septembre 2018, l’évêque de Limoges ayant mis à la disposition de l’Institut du Christ-Roi les bâtiments attenants à la chapelle où nous officiions, le cours Saint-Martial y a déménagé.
À mon arrivée, six élèves pour une institutrice constituaient l’école ! Ils étaient 12 en 2019 puis 24 en 2021. Après six ans d’existence, le cours Saint-Martial compte désormais près de 70 élèves et nous venons d’ouvrir le collège en septembre dernier.
Pourquoi avoir choisi saint Martial comme saint patron ?
Nos terres sont charnelles. « Nous ne possédons d’autre sève que les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recréés par nous », écrivait Simone Weil dans L’Enracinement. Le choix du patronage de saint Martial s’imposait à nous : patron du Limousin, une lointaine tradition l’assimile à l’enfant de l’Évangile ayant offert au Christ cinq pains et deux poissons à l’heure de la multiplication des pains (Jn 6, 9).
En 944, la vénération du chef de saint Martial a su préserver la cité d’une épidémie nommée « le mal des ardents ». La foi des Limougeauds dans leur saint fondateur n’en a été que confortée.
Vous ne vous arrêtez pas là. Vous avez lancé un projet de développement…
Comme je vous le disais, les effectifs du cours Saint- Martial ne cessant d’augmenter, cela nous oblige. Nous nous sommes mis en recherche d’un lieu plus grand et plus vert. Une heureuse formule explique que « Dieu écrit droit avec des lignes courbes ». Ce fut exactement notre cas ! Nos recherches immobilières n’ont mené à rien mais, contre toute attente, une famille cherchant à s’installer en Limousin et à inscrire ses enfants au cours Saint-Martial nous a mis sur la piste du lieu que nous avons acquis : un immense corps de ferme correspondant en tout point à nos aspirations ! Nous voulions déménager pour accueillir de nouveaux élèves, ce fut une nouvelle famille qui nous permit de trouver ce lieu. Tels sont les clins d’œil du bon Dieu !
Pouvez-vous présenter les lieux ?
Il s’agit d’une ancienne ferme fortifiée, autrefois dépendance de l’abbaye de Solignac et dont les parties les plus anciennes datent du XIIIe siècle. L’ensemble représente 2 000 m2 de bâti avec un bois d’un hectare et demi. Au fil des siècles, cette ferme est devenue une hôtellerie pour les pèlerins de Compostelle, puis un relais de poste au XIXe siècle. Ces dernières décennies, une des ailes du bâtiment principal accueillait un restaurant quand l’autre avait été transformée… en discothèque !
Pour vos lecteurs, je me permettrai de souligner trois grands avantages que présente cette destination :
- Tout d’abord, son accessibilité. Nous sommes à deux minutes d’une sortie d’autoroute et à dix minutes du centre-ville de Limoges.
- Ensuite, son cachet. En vieille pierre, muni de deux tours, le cours Saint-Martial aura fière allure ! Cela, du reste, rejoint l’un des charismes de l’Institut du Christ- Roi : l’apostolat par la beauté. En pleine campagne, dans un cadre séculaire : le beau, le vrai, le bien seront d’autant plus facilement infusés dans l’âme, le cœur et l’intelligence de nos élèves.
- Enfin, l’organisation des bâtiments. Chapelle, réfectoire, préau et salles de classe trouveront facilement leur place grâce au talent de notre architecte qui a travaillé de concert avec toute l’équipe pédagogique. À moyen terme, le cours Saint-Martial pourra accueillir entre 180 et 200 élèves, s’ils se présentent ! Pour la première phase du chantier, l’objectif est d’aménager huit salles de classe.
À quelle étape de votre projet en êtes-vous ?
L’instruction de notre permis de construire est en phase terminale de validation et nous avons rencontré les autorités locales qui se réjouissent de notre arrivée. Mais le chantier a déjà commencé ! En effet, pour diminuer au maximum les coûts, chaque samedi depuis septembre, des équipes de quinze à vingt paroissiens se succèdent pour réaliser le curage des bâtiments. Dans la discothèque, nous avons déposé les faux plafonds et démoli – non sans plaisir ! – les salons, le bar et autres vestiaires. L’enthousiasme communicatif participe à l’édification de tous et le dynamisme de mes paroissiens me confond et m’émerveille.
Pour soutenir cette aventure, une messe hebdomadaire est célébrée à une triple intention : que le cours Saint- Martial reste fidèle à son intention initiale : la gloire de Dieu ; qu’il n’y ait pas d’accident durant les travaux ; que ce projet puisse arriver heureusement à son terme grâce au concours de généreux bienfaiteurs. À la grâce de la Providence !
La première tranche des travaux nécessite de lever 700 000 euros. Grâce au soutien de la Fondation pour l’école, de l’Œuvre de Saint-François-de-Sales et de donateurs providentiels, nous avons déjà pu récolter un peu plus de 200 000 euros. Cela nous conforte mais le chemin reste important. Pour alimenter le brasier de notre aventure, tout le petit bois est donc bienvenu… Et si certains veulent nous offrir de grosses bûches, qu’ils n’hésitent pas ! (1).
Dans votre vidéo présentant cette initiative, vous vous adressez aux parents : « Aujourd’hui, ces enfants ont besoin de vous. Demain, vous aurez besoin d’eux. Investissez dans la jeunesse ! » Que voulez-vous dire ?
Ce chantier considérable représente une aventure formidable ! Nous savons combien la formation de la jeunesse représente un enjeu de civilisation. Contribuer à la construction d’une école libre catholique est une affaire de cœur, de cousinage moral. Investir dans la jeunesse, c’est être habité une noble ambition : celle de coopérer à façonner de futurs saints. En nous voyant construire leur avenir, nos élèves construiront celui des générations futures, j’en suis convaincu.