L’organisation pro-vie Americans United for Life publie un dossier (disponible sur Amazon, ou téléchargeable) faisant un bilan de la stratégie des "petits pas", Etat par Etat, dans laquelle elle s’est spécialisée. La Cour Suprême fédérale interdisant aux Etats d’imposer des restrictions majeures à l’avortement, AUL a promu avec succès des mesures législatives limitées, compatibles avec les exigences actuelles de la Cour et soutenues par l’opinion publique. Quelques exemples :
– Des lois de "consentement informé", adoptées dans 29 Etats sur 50. La mère, souvent 24 heures avant d’avorter, doit recevoir des informations, dont habituellement : une description de l’état de développement de son enfant; une description de l’opération; l’existence d’alternatives à l’avortement; les risques pour sa santé (cander du sein, notamment).
– Des lois d’ "implication parentale", dans 35 Etats. Dans 22 Etats, il s’agit de lois requérant le consentement d’un parent pour un avortement pratiqué sur une mineure; dans 13 Etats, de lois de simple notification d’un parent.
– Des lois limitant l’utilisation de moyens publics pour pratiquer des avortements. 33 Etats refusent que soient utilisés des fonds de l’Etat, sauf dans des cas extrêmes; 4 Etats interdisent même aux assureurs privés de rembourser les avortements, sauf en cas de danger pour la vie de la mère.
Ces mesures semblent fonctionner : dans les années 90, le nombre d’avortements aux Etats-Unis a baissé de 17% (pas en France –ici, pdf), et les spécialistes observent une corrélation entre la baisse et les mesures prises par les Etats.
Reste un problème éthique : promouvoir une stratégie "par étapes", n’est-ce pas pactiser avec le mal ? Pas si les pro-vie proclament tout le long que leur but ultime est une véritable abolition de l’avortement, seule situation conforme à la justice. AUL cite Evangelium Vitae (§74):
[L]orsqu’il ne serait pas possible d’éviter ou d’abroger complètement une loi permettant l’avortement, un parlementaire, dont l’opposition personnelle absolue à l’avortement serait manifeste et connue de tous, pourrait licitement apporter son soutien à des propositions destinées à limiter les préjudices d’une telle loi […].