Concernant l’initiative populaire "Financer l’avortement est une affaire privée", la conférence des évêques suisses ne donne pas de mot d’ordre, mais renvoie à la conscience de chacun.
Cette initiative demande que le
financement des avortements soit radié de la liste des prestations de
l’assurance obligatoire. Les initiants ne veulent pas co-financer des
avortements par le biais des primes d’assurance-maladie. Les
évêques jugent positif que l’initiative combatte la
"normalité" institutionnalisée de l’avortement et lance un débat en
Suisse. Mais ils doutent de la façon d’aborder le problème. Mettre en
cause la manière de financer l’interruption de grossesse ne suffit pas
pour se déterminer pour ou contre l’avortement. Les initiants disent en
effet qu’ils ne veulent pas interdire l’avortement. Ils veulent
seulement l’adoption d’un nouvel article de la Constitution fédérale –
l’Art. 117, al. 3 – disant que "sous réserve de rares exceptions
concernant la mère, l’interruption de grossesse et la réduction
embryonnaire ne sont pas couvertes par l’assurance obligatoire".
Dans Evangelium Vitae, Jean-Paul II écrit en effet :
"Un problème de
conscience particulier pourrait se poser dans les cas où un vote parlementaire
se révélerait déterminant pour favoriser une loi plus restrictive, c'est-à-dire
destinée à restreindre le nombre des avortements autorisés, pour remplacer une
loi plus permissive déjà en vigueur ou mise aux voix. De tels cas ne sont pas
rares. […] Dans le cas ici supposé, il
est évident que, lorsqu'il ne serait pas possible d'éviter ou d'abroger
complètement une loi permettant l'avortement, un parlementaire, dont
l'opposition personnelle absolue à l'avortement serait manifeste et connue de
tous, pourrait licitement apporter son soutien à des propositions destinées à limiter
les préjudices d'une telle loi et à en diminuer ainsi les effets négatifs
sur le plan de la culture et de la moralité publique. Agissant ainsi, en effet,
on n'apporte pas une collaboration illicite à une loi inique; on accomplit
plutôt une tentative légitime, qui est un devoir, d'en limiter les aspects
injustes."
Mgr Büchel, président de la
CES, rappelle que l’Eglise s’est toujours
opposée à l’avortement :
"Nous sommes pour la protection de la vie dès sa conception, et cela
n’a pas changé!"
Les évêques demandent à la société de prendre
parti pour l’enfant non encore né.
Denis Merlin
Jean-Paul II parle des parlementaires. Les électeurs c’est un peu différent puisque le vote est anonyme pour eux donc il sera impossible de savoir si l’on vote pour restreindre les cas ou si l’on vote pour, mais dans certains cas seulement.
Mais alors, si les évêques renvoient à la conscience de chacun les électeurs catholiques suisses sont libres de faire leur choix.
Moi je voterais pour dans la mesure où le financement de l’avortement (et de la contraception et de la FIV) par les cotisations obligatoires est un vol (les cotisations obligatoires ne peuvent financer que des dépenses justes). Ce vol a été aggravé récemment en France. Personne n’en parle et pourtant collaborer à ces lois est AUSSI collaborer à un vol.
“Remota itaque justicia, qui sunt regna nisi magna latrocinia ?”
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2012/09/lavortement-rembours%C3%A9-%C3%A0-100-cest-maintenant.html
PG
@ Denis Merlin
Ce sont les électeurs qui élisent les parlementaires : ceux-ci peuvent être donc interrogés sur leurs programmes, ou sur sur leur bilan en fin de mandat.
L’électeur a donc lui aussi un choix à faire selon le critère du moindre mal au sens de la diminution du mal explicitement et clairement contenu dans la législation : dans le cas suisse présent, le fait de ne plus financer c’est déjà assécher les ressources budgétaires facilitant ce mal, sans , effectivement, le supprimer.
Mais la réforme morale des individus et des peuples ne s’effectue que très rarement par un retournement tendant vers le bien et se produisant du jour au lendemain.
Denis Merlin
@ PG,
Effectivement, je suis d’accord avec vous. Pour moi, mais naturellement dans ces matières, c’est l’Eglise qui est là pour nous éclairer.
Je maintiens que utiliser l’argent des cotisations obligatoires pour financer des avortements est un vol aggravé (car il utilise l’appareil d’Etat).
Robert
Il y a une erreur sur la photo: on y voit des businessman, pas des évêques.
Les évêques s’habillent en évêques, pas en quidam lambda.
Philos
Je suis bien triste de cette décision qui n’en est pas une! Elle manifeste les divisions qui existent entre les évêques. Avant même la session de la conférence épiscopale, le futur président, Mgr Büchel, avait dit publiquement qu’il refuserait cette initiative. Il était bien difficile de la soutenir par la suite.
Je sais que des politiciens prêts à s’engager fermement dans ce combat législatif, ont écrit aux évêques suisses pour leur demander une position claire sur cette question afin de leur emboîter le pas. Cette prise de position n’est pas venue…
Ce manque de courage est triste mais à l’avenant des prises de positions habituelles de la Conférence épiscopale suisse.
Quant à soutenir la vie, les associations de défense de la vie en Suisse ont toujours reçu un accueil à tout le moins tiède, souvent très froid et même glacial de la part des évêques.
On espère donc maintenant voir des actions concrètes de la part de Conférence épiscopale et notamment des signes clairs comme l’aide financière aux organismes défendant la vie à naître en particulier.
personne
Il ne faut pas oublier que le financement de l’avortement n’est qu’une problème annexe. Le fond du problème, c’est l’avortement. Et quelque-part, ils ont raison de ne pas prendre position. Est-ce réellement une étape en vue de l’interdiction? L’intention de ceux qui l’ont faite est bonne et je voterais pour a priori, mais je me demande si c’est réellement une étape qui fera travailler les coeurs et avancer les choses dans le bon sens.
Ca me rappelle la remarque de mon prêtre en sermon, pour répondre à ceux qui voulaient savoir pour qui voter aux présidentielles : “je m en fous que tel candidat le rembourse à 60% et tel autre à 100%”