Etonnant témoignage de l’évêque de Santíssima Conceição do Araguaia (Brésil)
« En lisant l’Instrumentum laboris du Synode, j’ai été frappé de constater l’écart entre ce document et la contribution que nous avons fait parvenir, au nom du diocèse dont je suis l’évêque, à la Red eclesial panamazonica (Repam) à laquelle le Saint-Père a confié la préparation de ce Synode. L’Instrumentum laboris est dirigé presque exclusivement vers l’appui qui doit être donné aux populations indigènes et, ceci, dans une perspective socioculturelle, alors que la préoccupation des diocèses est d’abord d’élaborer une authentique pastorale évangélisatrice.
Bien des évêques amazoniens ont réagi, pour que la dimension évangélisatrice soit davantage considérée. Car celle-ci est urgente et nécessite aide et orientation. Nous avons des défis à relever avec des superficies immenses à affronter. Chaque diocèse compte très peu de prêtres, et le nombre de religieux et religieuses est en baisse. Ainsi s’est présentée la solution : demander la possibilité d’ordonner des viri probati et le diaconat pour les femmes. Même s’il n’apparaît pas clairement comment ces deux initiatives pourraient être la solution miracle pour tant de difficultés en tout genre, ces deux demandes sont devenues les points sensibles les plus capables de diviser… Face à tout un bouillonnement d’idéologie et d’utopie, l’écoute mutuelle n’est jamais facile.
Pour déprécier le ministère itinérant de nos consacrés et promouvoir ces deux initiatives, un slogan enchanteur est apparu : il nous faut “passer d’une pastorale de la ‘visite’ à une pastorale de la ‘présence”. C’est beau, mais c’est trompeur. Car, l’Évangile lui-même ne cesse de nous montrer Jésus célibataire, “faisant route” et “visitant” les villes, ne s’arrêtant en aucune d’entre elles.
Apparaît ainsi une autre limitation de notre “document de travail” : son fondement biblique se limite à quelques citations. L’Instrumentum laboris ne s’appuie jamais sur une réflexion biblico-théologique approfondie. Dans ses propositions, il ne manifeste pas ce qu’on est en droit d’attendre de lui : le souci extrême de fidélité à ce que nous dit la parole de Dieu. Car, en fin de compte, c’est elle qui a toujours été et demeure, avec la sainte Tradition, la norme suprême de l’Église.
Les évêques auront ce travail à produire ensemble. Et il reviendra au Saint-Père de mettre de l’ordre dans cette situation difficile, en apportant les réponses finales. C’est ce qui nous fait inviter les fidèles à prier pour la fécondité de cet événement ecclésial… »