Benjamin Blanchard, cofondateur de SOS Chrétiens d’Orient, répond à Famille chrétienne :
"Les zones où les chrétiens sont réfugiés sont-elles touchées par les bombardements turcs ?
Non, parce que les bombardements sont localisés aux zones de combat. Mais l’inquiétude est manifeste. Pour vous donner un exemple, la ville d’Al Hasaka était l’objet depuis des mois de combat entre Daech d’un côté, et l’armée syrienne alliée aux Kurdes de l’autre. Nous avions des projets pour cette ville. Hier, les Kurdes ont annoncé qu’ils avaient complètement repris la ville. Les habitants kurdes avaient commencé à revenir avant même que la ville soit complètement reprise. Les chrétiens d’Al Hasaka, eux, sont réfugiés à la frontière turque, dans une autre ville kurde. Ils n’osent pas rentrer.
Ils ne sont pourtant pas plus menacés que les Kurdes eux-mêmes ?
Ils ont une double crainte : que les combattants kurdes soient bombardés dans la ville et que Daech soit ainsi débarrassé de son principal ennemi. Il pourrait alors avancer à nouveau. Et alors, où fuir ?
Dans la région, les villes bruissent de rumeurs : les Turcs n’auraient atteint dans le camp de Daech… qu’un hangar vide. Ils seraient en revanche à l’origine de l’explosion récente d’un dépôt de munitions de l’armée à Alep. Une explosion qui a pourtant été revendiquée par Daech, qui affirme avoir envoyé pas moins de vingt-trois missiles pour ce faire !
Une chose est sûre : les Kurdes ont été jusqu’à ce jour un rempart contre l’avancée de Daech, les bombarder met en danger les chrétiens réfugiés chez eux."