Communiqué de Charles de Meyer et Benjamin Blanchard, fondateurs de SOS Chrétiens d’Orient :
"Depuis 2013 la France est en capacité de comparer les symptômes et les substances utilisés lors d'attaques chimiques. Depuis 2013, la France sait que ces substances peuvent être employées par une grande partie des acteurs du conflit syrien (Etats voisins, groupes djihadistes, alliés, etc). Nous n'avons aucune donnée publique sur le sujet.
Nous devrions donc participer à des frappes, décrites comme "punitives", pour le bon plaisir des Etats-Unis et d'associations douteuses.
Cela inquiète notre souveraineté au jour où nous recevons conjointement Saad Hariri et Mohamad Ben Salman en France.
Les frappes punitives sont l'aboutissement de la diplomatie de la réprobation. Incapable de forger une relation équilibrée entre le monde sunnite et le monde chiite, notre pays désigne des méchants et des gentils. Les bombes à fragmentation utilisées au Yemen révoltent le cœur des hommes et pourtant nous n'en faisons que peu de cas diplomatique. Rappelons qu'ailleurs, des horreurs similaires se déroulent dans l'indifférence générale.
Les frappes acteraient par ailleurs l’incohérence de la vision « humanitaire » de la guerre : enliser des conflits qui n’en finissent jamais, parfois même au moyen de bombardements. Cette vision produit des catastrophes régionales et risquerait d’en produire en Syrie : élections à venir en mai au Liban, renforcement de l’attitude turque face aux Kurdes, dégâts collatéraux.
Nous appelons chacun à prier pour la paix, pour tous les Syriens qui souffrent, quelle que soit leur condition, et pour que la concorde finisse par supplanter la violence."