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France : Politique en France

Tant que Marine Le Pen refusera de se positionner clairement sur le clivage droite-gauche, le RN restera bloqué à mi-chemin.

Tant que Marine Le Pen refusera de se positionner clairement sur le clivage droite-gauche, le RN restera bloqué à mi-chemin.

Ce qui se déroule sous nos yeux avec une coalition entre Eric Ciotti, Nicolas Dupont-Aignan, Marion Maréchal et le RN, qui sera soutenue au second tour par Eric Zemmour et Reconquête, est inespéré. C’est une alliance des droites qui ne dit pas son nom car Marine Le Pen continue à refuser de se qualifier de droite (ce qui n’est pas complètement faux).

Mais les élections européennes nous en apprennent beaucoup sur la recomposition politique qui se déroule en Europe. L’analyse de Thibault Muzergues, auteur de Post-populisme, nous éclaire car il y voit la fin du “populisme” et le grand retour du clivage droite-gauche. Extraits de l’interview accordé à l’Incorrect :

Dans votre dernier ouvrage, vous montrez que le postpopulisme est progressivement en train de supplanter le populisme de la décennie dernière. Qu’entendez-vous par postpopulisme, et en quoi se distingue-t-il du populisme ?

Le postpopulisme est d’abord un moment, ce qui vient après le populisme : la crise populiste des années 2010 est déjà derrière un grand nombre de pays européens (hormis l’Allemagne et la France, qui y sont encore), et les populistes ne font plus recette : regardez l’Italie, où la Lega de Matteo Salvini est retombée sous la barre des 10% et termine derrière Forza Italia (pourtant menée par le fantôme de Silvio Berlusconi), alors que le Mouvement Cinq Étoiles, qui fait le plus mauvais résultat de son histoire dépasse tout juste cette barre des 10%. Le populisme, qui se basait sur un clivage entre le peuple et les élites, ne fait plus recette, et il est aujourd’hui dépassé par un retour au clivage classique entre la gauche et la droite – avec une droite plus conservatrice toutefois, et une gauche qui se cherche encore.

Au regard des résultats des droites aux dernières élections, la tendance au postpopulisme est-elle confirmée sur le continent ? Quelles conséquences sur le plan doctrinal ?

Le parlement européen est à la fois plus à droite, mais aussi dans une large mesure postpopuliste : les plus grands gagnants de cette élection, ce sont bien entendu les chrétiens-démocrates du PPE (centre-droit), qui ont généralement droitisé leur ligne et en tirent profit pour consolider leur place de plus grand groupe au Parlement européen. Les autres gagnants sont les Conservateurs et Réformistes européens (CRE) de Giorgia Meloni, qui eux aussi gagnent des sièges et pourraient bien se retrouver troisième plus grand groupe du parlement, coiffant ainsi au poteau le groupe Renew d’Emmanuel Macron. Un centre-droit qui s’est droitisé, une droite dure redevenue conservatrice et respectueuse des institutions, voilà un cocktail gagnant pour ces élections européennes (…)

On assiste à une grande recomposition de la droite française. Le RN, dont vous dites qu’il faisait figure d’exception, opère-t-il sa mue postpopuliste ? Cela signifie-t-il que nous inclinons vers un retour du clivage droite-gauche ?

La mue du RN est en cours (…) Et il est vrai qu’après un long travail de dédiabolisation, le RN est aujourd’hui en phase de construction de son acceptabilité, y compris dans les élites (…) Cela étant, le papillon n’est pas encore sorti de son cocon : dans son programme économique, le RN reste fondamentalement étatiste, voire socialiste (…)

Tant que Marine Le Pen refusera de se positionner clairement sur le clivage droite-gauche, tant que le RN ne se fondra pas dans le mainstream sur les questions économiques et internationales, ce dernier restera bloqué à mi-chemin, avec des conséquences probables sur ses performances.

En fait, c’est paradoxalement l’union de la gauche qui fait revenir le vieux clivage sur le devant de la scène, tandis que Macron et Le Pen ont tout intérêt à faire durer leur duel entre élites et populistes. Jordan Bardella le comprendra-t-il à temps ? C’est l’un des enjeux de cette élection…(…)”

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9 commentaires

  1. Ce qui serait inespéré, ce serait une alliance entre le RN et Reconquête

  2. la République a vendu à tous les Français sa camelote idéologique de gauche.
    Les Français ont presque tous renié leur catéchisme catholique pour adopter fanatiquement les utopies maçonniques.
    Tous se gargarisent avec de grands mots creux et les slogans forgés dans les Loges.
    Tous sont licrasseux et se damneraient plutôt que d’ être accusés d’ antisémitisme ou de racisme.
    Bref les Français sont des révolutionnaires.
    Il faut qu’ils viennent à la Contre Révolution, catholique et royale.
    Une boussole: Jeanne d’ Arc.

  3. Clivage droite/gauche si l’on veut. Mais à condition que la droite ne soit pas ” révolutionnaire modérée ” qui court toujours après la gauche et qui est toujours flouée par cette dernière. Historiquement, c’est à cette droite là qu’on a toujours eu à faire. Ce sera difficile d’en sortir, sauf à dire clairement et explicitement que si on s’oppose à la gauche, c’est parce qu’elle est révolutionnaire. Et qu’on s’opposerait tout aussi bien à une droite qui se réclamerait des principes de 1789.

  4. “le grand secret de la droite française c’est qu’elle n’existe pas” — Xavier Poussard

    “La droite” c’est le Roy, tous les partis institutionnels autorisés sont de gauche.

  5. Ne parlons pas de la “Libération” en 1945/1946, une chance ratée pour détruire cette gauche marxiste, comme Franco l’a fait.
    Depuis De Gaulle, fin les années 1960, tous les présidents ont trahi la France.
    La 5ème République, est le chienlit suicidaire d’une grande nation Chrétienne. Zemmour est le seul qui parle vrai.

    • De Gaulle a laissé une France avec le paquebot France, les ponts sur la Seine, sur la voie du Concorde, des avions mirages, des centrales nucléaires, en un mot, de la modernisation. Même maladroitement, il a libéré la France du boulet qu’était l’Algérie, un autre pays, une autre religion, une autre cuture. Ce “chienlit suicidaire”, j’en redemande !
      A l’époque, enfant, j’étais fier d’être Français.

      Malheureusement, on a eu mai 1968, Mitterrand, Hollande, Macron !
      A suivre …

  6. Qui peut définir ce qu’est réellement la droite ? Est-elle républicaine ou monarchiste, bonapartiste ou royaliste, catholique ou nietzschéenne, libérale ou dirigiste, gaullienne ou maurassienne, patriote ou européiste etc ..? Toutes ces droites peuvent-elles cohabiter durablement ? Sur quels principes communs de base doivent-elles ou peuvent-elles bâtir l’avenir de la France ?
    Il est difficile déjà de s’accorder sur une définition, alors que sera-ce pour un programme commun ? Nous ne sommes pas sortis d’affaire, les amis …

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