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Religions : L'Islam

Tariq Ramadan et le double aspect du Jihad

La réaction de Tariq Ramadan suite aux attentats de Londres est hautement significative: "Les auteurs de ces attentats sont des assassins, dont on ne peut ni accepter ni entendre les probables justifications au nom d’une idéologie, d’une religion ou d’une cause politique. Il faut que sur ce terrain nous fassions exactement le contraire de ce qu’ils veulent : nous devons promouvoir l’éducation, la connaissance mutuelle, le vivre ensemble établi sur des valeurs communes."

Ces propos sont exemplaires. Mais pas dans le sens qu’on est amené à le penser. Nous n’avons rien à voir avec ces gens-là, dit Tariq Ramadan, nous faisons même le contraire de ce qu’ils font, nous travaillons à une coexistence pacifique, en harmonie avec la société dans laquelle nous sommes. Il n’emploie pas le mot islam, car ce mot est commun aux terroristes et aux promoteurs du "vivre ensemble". Mais les terroristes ne sortent pas de nulle part. Ils fréquentent des mosquées, ils écoutent des imams, ils ont suivi les cours d’écoles coraniques – mosquées, imams et écoles qui ne sont aucunement condamnés comme déviants ou sectaires par quelque autorité que ce soit.

Le jihad est au cœur de l’islam. Le jihad n’implique pas de tuer partout et tout le temps les infidèles, mais il est une disposition d’esprit qui permet de passer à l’acte en certaines circonstances. En l’occurrence les circonstances sont évidentes : la Grande-Bretagne, qui participe à la guerre contre des musulmans en Irak et en Afghanistan, a mis fin à son modus vivendi avec les islamistes, et porté de rudes coups au "Londonistan" où les jihadistes se croyaient à l’abri de tout ennui tant qu’ils ne s’en prenaient pas à la société britannique. Le gouvernement a rompu l’accord, les jihadistes ont répliqué.

Ainsi l’islam gagne sur les deux tableaux, par un paradoxe pervers : les terroristes, en massacrant des populations, permettent aux islamistes ayant pignon sur rue de se poser en défenseurs de la démocratie, du vivre ensemble, et d’apparaître comme les bons musulmans qu’on doit accepter tels qu’ils sont. On a vu le même scénario en France lors de la crise des otages. Ces bons musulmans peuvent ainsi gagner la confiance des autorités et asseoir dans l’opinion l’image d’un islam paisible et ‘républicain’. En France, Sarkozy a créé le CFCM. Nul doute que le jour où le CFCM sera dissous (en raison de l’influence wahabbite grandissante par exemple), les musulmans pratiqueront le jihad d’une autre manière…

Ainsi endort-on l’opinion, pendant que les islamistes peuvent travailler à se renforcer et à gagner de nouveaux territoires sociaux. Or les islamistes ne sont rien d’autre que des gens qui savent et font savoir ce qu’il y a dans le Coran. A commence par l’obligation du jihad, qui peut revêtir de très nombreuses formes, éventuellement horribles, comme à Londres, ou éventuellement très subtiles, comme avec Tariq Ramadan.

Michel Janva

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