Yves Daoudal revient sur la naïveté des dirigeants occidentaux face au problème réellement inquiétant qu’est l’Islam :
Les attentats de Londres ayant été commis par des terroristes d’origine pakistanaise, Tony Blair a découvert le problème des madrassas, annonçant qu’il "étudie la possibilité d’organiser une conférence qui réunirait quelques-uns des principaux pays très impliqués dans le sujet, pour essayer d’adopter une action concertée à travers le monde pour supprimer ce type d’enseignement extrémiste".
Ce propos, comme ceux de nos propres dirigeants sur l’islam, relève d’une ignorance totale de l’islam et des pays musulmans. Tony Blair participe à la guerre en Irak au nom de la lutte contre le terrorisme. Les Etats-Unis et leurs harkis britanniques ont renversé le régime irakien qui luttait contre Al-Qaïda et ont fait de l’Irak le principal terrain d’expérimentation et d’entraînement du terrorisme. Et voici que les terroristes de Londres ne viennent pas d’Irak, mais du Pakistan, grand allié des Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme. Comme il faut ménager le Pakistan, dont on a besoin dans la coalition, et qui possède, lui, des armes de destruction massive, on imagine de le faire participer à une action concertée contre l’enseignement extrémiste.
Au lieu de raconter n’importe quoi, il faudrait examiner la réalité. Premièrement, qu’est-ce qu’une madrassa ? Ce mot signifie école en arabe. Dans un pays non arabophone comme le Pakistan, il désigne forcément une école coranique. Mais qu’est-ce qu’une école coranique, sinon une école où l’on apprend le Coran ? Or dans le Coran il y a des versets qui appellent au jihad, qui donnent l’ordre de combattre les mécréants, de tuer les chrétiens. Soulignons que les madrassas accueillent gratuitement les enfants à partir de cinq ans.
Deuxièmement, il faut prendre conscience du phénomène des madrassas au Pakistan. En 1947, lorsque le pays accéda à l’indépendance, il y en avait quelques dizaines. En 1988, selon un rapport du gouvernement pakistanais, il y en avait 2.891. Aujourd’hui, il y en a plus de 10.000, peut-être 12.000. Elles sont financées par l’Arabie saoudite (autre grand allié des Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme) et les autres monarchies pétrolières. Chacun savait que le régime taliban d’Afghanistan avait pour vivier les madrassas pakistanaises (le mot arabe taleb signifie étudiant). Les Etats-Unis ont mis fin à ce régime, mais pas à sa base (qaïda en arabe), tranquillement installée au Pakistan.
Troisièmement, il ne faut pas se voiler la face en prétendant que les madrassas qui dispensent un enseignement ‘extrémiste’ sont très minoritaires et qu’il suffirait donc de les fermer pour éliminer le problème. Même si 1% seulement des madrassas formaient des jihadistes, et si chacune d’entre elles n’en formait que 50 par an, cela ferait 5.000 terroristes créés chaque année. Et fermer les madrassas les plus extrémistes ne changerait strictement rien. Car il n’y aucune séparation idéologique entre les madrassas plus ou moins extrémistes et les madrassas plus ou moins modérées. L’islam est d’abord communautaire. Il y a seulement des différences d’accent sur tel ou tel point de la doctrine. On ne peut pas changer le Coran, et le jihad est au cœur du Coran.
On n’est pas obligé de privilégier le combat à mort contre les infidèles : lorsque la conquête est achevée, et quand l’islam en décrépitude s’abstient de nouvelles conquêtes, le jihad passe au second plan. Mais dès que l’islam se réveille, le jihad redevient fatalement ce qu’il est. Or l’explosion du nombre des madrassas au Pakistan est un indicateur du réveil de l’islam. Ce nombre a une vraie signification. Le nombre des madrassas dites extrémistes n’en a pas.