Il date déjà de vendredi dernier, mais il n’est pas trop tard pour mentionner le texte très réfléchi que signe l’évêque de Gap sur le site internet de son diocèse.
Le ton de Mgr Di Falco est certes prudent : il dit se contenter de rappeller "la doctrine de l’Eglise tout en se refusant à dicter des comportements, laissant à chaque catholique le soin d’agir en connaissance de cause et selon sa conscience."
Mais sous cet en-tête empreint de diplomatie, le texte de l’évêque est sans ambiguïté quant au devoir des catholiques. Au lieu de donner sa propre position sur la question, Mgr Di Falco fait encore mieux, il laisse répondre Jean-Paul II :
La question qui se pose au vu
de ces éléments est la suivante : est-il possible, en tant que catholiques d’apporter son soutien à une oeuvre telle que le Téléthon en 2006 ? "Les chrétiens, de même que tous les hommes de bonne volonté, sont appelés, en vertu d’un grave devoir de conscience, à ne pas apporter leur collaboration formelle aux pratiques qui, bien qu’admises par la législation civile, sont en opposition avec la Loi de Dieu." (Jean-Paul II, Evangelium Vitae, 74).
Cyrille
On a vraiment des évêques qui “assurent”!
Domage que les média ne soient pas là pour relayer ces propos.
claire
Voilà qui est fin et droit. Ne pas partir vent du bas avec nos propres arguments, toujours plus difficiles à assurer à cause de notre émotivité et nos peurs enfouies de ne pas être entendu, mais annoncer calmement la parole de Dieu , le Magistère… Mais attention pas en disant “l’Eglise dit que, affirme que ” : c’est désatreux. Non, en faisant sienne une formule, une pensée, et quand on vous demande d’où vous tenez cet argument, glisser subrepticement : ce n’est pas de moi, mais de Paul VI,d’Isaïe ou de tel Saint. Vous savez, l’Eglise est depuis toujours experte en humanité”.
Hop! on est sur le plan de la Vérité et non plus dans l’émotion…Et miracle! on est entendu…
PS : ne pas oublier de demander l’aide du St Esprit. Depuis quelques temps, il souffle sous les mitres
Sancenay
pardonnez-moi, mais je ne suis pas admiratif du tout, car si Monseigneur Di Falco cite bien le bien aimé Pape Jean -Paul II, il se “contente ” selon ses propres termes de le citer et se garde bien de dire à ses fidèles qu’il faut appliquer les recommandations du Saint-Père, ce qu’on serait en droit d’attendre d’un authentique Pasteur.Pire que cela , si vous lisez comme moi le français , il oppose “au grave “DEVOIR de conscience “invoqué de manière impérative par le Pape Jean-Paul II, la LIBERTE de conscience de chaque catholique.
En clair, il se permet de recommander à chaque catholique de faire en ce domaine ce que bon lui semble de la doctrine de l’Eglise. Il prend ainsi à contre-pied de manière aussi habile qu’éclatante le message aux évêques de Benoît XVI du 7 novembre dernier que vous avez relaté ici.
[…] Ne rêvons pas tout haut, le mur de la honte n’est, chez nous ,pas encore tombé , cela viendra assurément, mais à condition que nous ne nous endormions pas.
Ingomer
D’autant que la “liberté de conscience” qualifiée par Pie VI de “droit monstrueux”, par Grégoire XVI de “délire” et par Pie IX de “liberté de perdition”, a été condamnée par plusieurs papes, dont à ma connaissance:
Pie VI (Lettre Quod aliquantulum, du 10 mars 1791) : “L’effet nécessaire de la Constitution décrétée par l’assemblée est d’anéantir la religion catholique […] on établit, comme un droit de l’homme en société, cette liberté absolue qui non seulement assure le droit de n’être pas inquiété sur ses opinions religieuses, mais qui accorde encore cette licence de penser, de dire, d’écrire et même de faire imprimer impunément en matière de religion tout ce que peut suggérer l’imagination la plus déréglée ; droit monstrueux qui paraît cependant résulter à l’assemblée de l’égalité et de la liberté naturelles à tous les hommes. Mais que pouvait-il y avoir de plus insensé que d’établir parmi les hommes cette égalité et cette liberté effrénée qui semble étouffer la raison, le don le plus précieux que la nature ait fait à l’homme et le seul qui le distingue des animaux ?”
Pie VII (Lettre apostolique Post tam diuturnitas, à l’évêque de Troyes, en France, 1814) : “Un nouveau sujet de peine dont Notre cœur est encore plus vivement affligé, et qui, Nous l’avouons, Nous cause un tourment, un accablement et une angoisse extrêmes, c’est le 22e article de la Constitution. Non seulement on y permet la liberté des cultes et de conscience, pour Nous servir des termes mêmes de l’article, mais on promet appui et protection à cette liberté, et en outre aux ministres de ce qu’on nomme les cultes. Il n’est certes pas besoin de longs discours, Nous adressant à un évêque tel que vous, pour vous faire reconnaître clairement de quelle mortelle blessure la religion catholique en France se trouve frappée par cet article. Par cela même qu’on établit la liberté de tous les cultes sans distinction, on confond la vérité avec l’erreur, et l’on met au rang des sectes hérétiques […] l’Epouse sainte et immaculée du Christ, l’Eglise hors de laquelle il ne peut y avoir de salut.”
Grégoire XVI (encyclique Mirari vos, du 15 août 1832): “De cette source empoisonnée de l’Indifférentisme, découle cette maxime fausse et absurde ou plutôt ce délire : qu’on doit procurer et garantir à chacun la liberté de conscience ; erreur des plus contagieuses, à laquelle aplanit la voie cette liberté absolue et sans frein des opinions qui, pour la ruine de l’Eglise et de l’Etat, va se répandant de toutes parts, et que certains hommes, par un excès d’impudence, ne craignent pas de représenter comme avantageuse à la religion. “Quelle mort plus funeste pour les âmes, que la liberté de l’erreur !” , disait saint Augustin…”
Pie IX (Encyclique Quanta Cura & Syllabus, 1864): “En conséquence de cette idée absolument fausse du gouvernement social, ils n’hésitent pas à favoriser cette opinion erronée, on ne peut plus fatale à l’Eglise catholique et au salut des âmes et que Notre prédécesseur d’heureuse mémoire Grégoire XVI appelait un délire, savoir “que la liberté de conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme ; qu’il doit être proclamé dans tout Etat bien constitué et que les citoyens ont droit à la pleine liberté de manifester hautement et publiquement leurs opinions, quelles qu’elles soient, par la parole, par l’impression ou autrement, sans que l’autorité ecclésiastique ou civile puisse le limiter”. Or, en soutenant ces affirmations téméraires, ils ne pensent pas, ils ne considèrent pas qu’ils prêchent une liberté de perdition.”
Léon XIII (Immortale Dei 1885) : “” … et dès lors que le peuple est censé la source de tout droit et de tout pouvoir, il s’ensuit que l’Etat ne se croit lié à aucune obligation envers Dieu, ne professe officiellement aucune religion, et n’est pas tenu de rechercher quelle est la seule vraie entre toutes, ni d’en préférer une aux autres, ni d’en favoriser une principalement ; mais qu’il doit leur attribuer à toutes l’égalité de droit, du moment que la discipline de la chose publique n’en subit pas de détriment. Par conséquent, chacun sera libre d’embrasser la religion qu’il préfère, ou de n’en suivre aucune si aucune ne lui agrée…, etc.”
Cordialement, Ingomer.
Moreau
“Mur de la honte” ?!!! Aucun rapport, Sancenay.
Pourquoi pas l’Algérie, l’Indochine, la maréchal et le grand complot ?
Le sujet du téléthon et de la position de l’Eglise est intéressant et critiquer pour critiquer n’apporte rien. Au contraire : certaines personne, dont je fais partie, en on ras le bol de voir quelques individus donner une telle image pleurnicharde de l’Eglise.
VOus vous plaigniez que l’autorité du pape soit mise à mal ; mais quid de l’autorité des évêques, et tout particulièrement de nos évêques français. Mieux vaut les encourager et les soutenir dans leur courageuse réaction sur le téléthon.
Beaujeux
Je crois au contraire que Mgr DI Falco suit les encouragements de Benoît XVI à parler des questions morales de façon unanime, il n’a pas un travail de police à faire mais d’exhortation et d’encouragement et on ne peut quand même pas lui reprocher de citer JPII. Peut être certains sont ils gênés par la liberté de conscience mais je ne suivrai pas un évêque qui se contenterait de rappeler des règles avec les sanctions attenantes…
Ne boudons pas notre plaisir et soutenons nos évêques dès qu’ils vont dans le bon sens parcequ’ils ont besoin qu’on les aime et qu’on les soutienne et si on les critique dès qu’ils ouvrent la bouche, il ne faudra plus s’étonner de leur silence !
maclepi
Entièrement d’accord avec Sancenay.
Un peu timide comme déclaration.
Finalement, il y a peu d’évêques qui disent “je”.
Pourtant, on m’a bien appris : “que votre oui soit oui, que votre non soit non”.
Les évêques portugais n’ont pas eu peur par rapport à leur déclaration sur l’avortement !
Sancenay
Merci à Maclepi et Ingomer qui apporte une eau pure et limpide à mon humble moulin.Cela fait toujours plus plaisir que de ramasser ici quelques pains pas toujours très catholiques.
A Moreau,
si vous tapez “Sancenay”, vous pourrez vérifier que le modeste “individu ” que je suis aux termes de votre très charitable verbiage a remercié et soutenu tous les êvêques qui se sont opposés au téléthons et qui de manière plus générale manifestent leur obéissance et leur fidélité au Magistère.
Car voyez-vous l’Eglise est construite et fonctionne de manière hiérarchisée dans le monde entier, ou presque.Mais je ne doute pas que ,sans aucun doute, les” joyeux rigolards ” qui donnent de l’Eglise en France une image assurément très pittoresque ne manqueront pas , tels des fils prodigues de rejoindre leurs frères tant tristounets, avec l’humilité qui leur sied.
Tania
Et le président, M.Chirac, à, qui se réfère-t-il ,lui qui a pris ce jour “officiellement” position pour soutenir le telethon ? J’espère que c’est là pour lui une prise de position “personnelle”.