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Culture de mort : Avortement

« Tous les actes liés à l’avortement sont couverts à 100 %, tandis que certains soins pendant la grossesse ne sont remboursés qu’à 70 % »

« Tous les actes liés à l’avortement sont couverts à 100 %, tandis que certains soins pendant la grossesse ne sont remboursés qu’à 70 % »

Dans le JDD, Elisabeth Caillemer écrit :

Depuis l’adoption de la loi Veil le 17 janvier 1975, il y a cinquante ans cette semaine, le nombre annuel d’IVG en France a, selon les données de l’Institut national d’études démographiques (Ined), fluctué entre 200 000 et 215 000, atteignant 242 000 en 2023, soit un ratio d’un avortement pour trois naissances. « Considérant l’IVG comme un ultime recours, les législateurs espéraient que le développement parallèle de la pratique contraceptive conduirait à une diminution progressive du recours à l’avortement. Trente ans après la promulgation de la loi, l’IVG reste pourtant aussi fréquente qu’à la fin des années 1970 », constatait en 2004 Nathalie Bajos, directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) dans une étude publiée dans le bulletin d’information de l’Ined.

Malgré ces statistiques significatives, peu d’études se sont penchées sur les raisons profondes conduisant les femmes à recourir à une IVG. Dans un contexte de baisse alarmante du taux de natalité, mais surtout, dans un souci d’accompagner au mieux ces femmes, il serait pourtant utile de mieux comprendre leurs motivations. Car avorter n’est pas un acte banal. Comme le souligne Nathalie Bajos,

« l’interruption volontaire de grossesse reste un acte médical particulier en ce qu’il engage des questions éthiques et philosophiques spécifiques : le droit à la vie, le droit de disposer de son corps, la relation à la maternité et au désir d’enfant, les rapports du couple ».

Un sondage Ifop commandé en 2020 par l’association pro-vie Alliance Vita révèle d’ailleurs que 51 % des Français trouvent « préoccupant » le recours à l’avortement, le considérant comme un acte à éviter, tandis que 49 % le perçoivent comme une éventualité normale dans la vie d’une femme. 73 % des sondés estiment en outre que la société devrait plus activement aider les femmes à éviter le recours à l’IVG. Plus concrètement, et bien que cela reste un tabou, un nombre croissant de femmes qui ont eu recours à un avortement rapportent des séquelles psychologiques et physiques graves et persistantes.

Si l’on sait que la majorité des interruptions volontaires de grossesse résultent de grossesses non désirées, cette explication ne rend pas pleinement compte des multiples facteurs personnels, familiaux, sociaux et économiques qui influencent une telle décision. Quelques enquêtes offrent cependant certaines perspectives. L’étude de cohorte Cocon, menée entre 2000 et 2004, révèle que les raisons d’avorter varient selon l’âge : les jeunes femmes interrompent souvent leur grossesse en raison de leurs études ou de leur célibat ; entre 25 et 34 ans, les femmes invoquent une taille de famille déjà suffisante, et les plus âgées des conflits entre maternité et carrière professionnelle, ou l’instabilité de leur relation de couple.

Une étude réalisée en 2020 par la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) indique que « les femmes aux revenus les plus faibles ont plus souvent recours à l’IVG » et que les femmes en couple ont 37 % moins de chances de subir une IVG que celles qui ne le sont pas. Réalisé en juillet 2024, un sondage Ifop pour le Planning familial a montré que 29 % des femmes avaient ressenti une pression pour avorter.

À cela s’ajoutent des raisons que les enquêtes ne mettent pas en lumière. Pour Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie, le recours à l’avortement est également influencé par l’insuffisance des politiques familiales. Il pointe par exemple le fait que « tous les actes liés à l’IVG sont couverts à 100 %, tandis que certains soins pendant la grossesse ne sont remboursés qu’à 70 % ». Caroline Roux, directrice générale adjointe d’Alliance Vita, observe qu’

« avec la généralisation des avortements médicamenteux, qui constituent 79 % des IVG en 2023, et leur possibilité jusqu’à la septième semaine, les décisions sont souvent prises dans la précipitation. De plus, depuis la loi de 2001, les femmes ne sont plus informées des aides aux femmes enceintes lors des consultations d’IVG ».

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1 commentaire

  1. 1) “51 % des Français trouvent « préoccupant » le recours à l’avortement, le considérant comme un acte à éviter, tandis que 49 % le perçoivent comme une éventualité normale dans la vie d’une femme.”
    Je suppose qu’ici “Français” inclut “Françaises”. Il serait intéressant d’avoir le pourcentage parmi les Françaises d’une part et parmi les hommes français d’autre part.
    2) “un sondage Ifop pour le Planning familial a montré que 29 % des femmes avaient ressenti une pression pour avorter” Le sondage, ou une étude ultérieure, a-t-il cherché à savoir de qui émanait cette pression? Du pèr de l’enfant en devenir? De l’entourage de la femme? du Planning? autre?

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