Dans Valeurs Actuelles, l’abbé Danziec revient sur la tribune faisant la promotion des sorcières :
[…] Derrière cet étrange désir de réhabiliter la figure de la sorcière en vue d’en faire un symbole féministe, on trouve dans ce texte publié dans le JDD une bonne partie du gotha progressiste. A commencer par leurs auteurs, Sandrine Rousseau et Coralie Miller. La première, ancienne porte-parole d’EELV, milite activement pour l’euthanasie. La deuxième, fille du psychanalyste Gérard Miller et soutien de la France Insoumise, s’est fait remarquer pour avoir organisé en 2018 les représentations du Monologue du Vagin à Bobino, pièce de théâtre considérée comme la référence du féminisme contemporain. Sur la scène défileront notamment, en guise de comédiennes bénévoles, deux autres signataires de la tribune : Marlène Schiappa et Muriel Robin. Début octobre dans le magazine Elle, la secrétaire d’Etat s’avouait marquée par l’univers de la magie et de la sorcellerie. Quant à l’humoriste, amie intime de Marc-Olivier Fogiel, elle est engagée à ses côtés en faveur de la GPA, comme en témoigne sa violente altercation verbale, il y a tout juste un an, avec Charles Consigny sur le plateau d’On n’est pas couché. Au bas de la tribune, apparaissent encore, entre Charlotte Gainsbourg et la compagne de Muriel Robin, Anne Le Nen, les noms de Raquel Garrido, l’avocate franco-chilienne et ancienne porte-parole de Jean-Luc Mélenchon ou celui d’Inna Shevchenko, figure des Femen et connue pour son activisme seins nus, notamment dans la cathédrale de Paris pour y célébrer la renonciation du pape Benoît XVI.
Mais au-delà du cortège des signataires, c’est le parti pris et la grandiloquence de la Tribune qui laissent songeur. « Par ces bûchers aux flammes hautes, le message transmis était clair : qui ose défier les hommes mourra de la pire des manières. » L’évocation des sorcières du Moyen-Âge comme point d’appui pour défendre le féminisme au XXIème siècle manifeste l’incohérence d’une société imprégnée des idées des Lumières depuis plus de deux siècles. Il n’y a qu’à parcourir les pages de La femme au temps des cathédrales de Régine Pernoud pour s’apercevoir que la condition féminine était sans aucun doute bien mieux protégée alors par l’évangile du Christ qu’elle ne l’est aujourd’hui par la liberté sexuelle. L’un tempère les ardeurs potentielles des hommes et prêche la saine complémentarité des sexes. L’autre se félicite du « jouir sans entrave » sans se rendre compte qu’elle transforme implicitement la femme en objet de plaisir sans limite.
On pourrait croire encore au grotesque lorsque les féministes fustigent « ces bûchers [qui] sont la honte des siècles qui les ont vu brûler (…). Par la terreur qu’ils ont suscitée (…), qui peut imaginer le traumatisme individuel, social et culturel, qu’ont pu constituer ces scènes de tortures physiques et mentales ? » La République et ses valeurs, ne sont-elles pas nées d’une terreur conceptualisée jusqu’à en prendre le nom avec une majuscule, et ce dès le début ? Claude Quétel l’a exposé avec brio dans un ouvrage récent « Crois ou meurs ! » aux éditions Tallandier. L’historien s’inscrit en faux contre la thèse, solidement ancrée aujourd’hui, de deux révolutions : une bonne, celle des droits de l’homme, qui aurait dérapé pour aboutir à une mauvaise, celle de la Terreur.
En concluant « Nous nous déclarons filles spirituelles des sorcières, libres et savantes, (…) disons haut et fort notre solidarité et notre sororité », les signataires proposent un panthéon féminin dont les sorcières font partie. Ou la promotion d’une certaine idée de la femme, fut-ce au prix de réveiller le diable. Le rôle de la politique n’est pas de banaliser le Mal, dont la sorcellerie fait partie, mais de promouvoir le Bien Commun. L’analyse prête à sourire, je ne peux l’ignorer. Mais le prêtre que je suis ne saurait considérer cet éloge des sorcières et l’allusion aux puissances invisibles sans danger. En effet, l’Eglise enseigne que tout ce qui est ésotérique, tôt ou tard, risque de conduire à un culte à Satan. C’est ce qui s’appelle jouer avec le feu.