De Me Trémolet de Villers dans Présent :
"[…] Poursuivre, de toutes nos forces, le retrait du projet de loi. Car,
tant qu’il n’est pas voté et promulgué, le combat immédiat, la
mobilisation urgente demeure le premier devoir. Et bien se dire que le
retrait, ou l’enterrement en commission, ou la suspension est possible.
Et que ce sera une victoire.Ne nous épuisons pas en vaine division. Tout ce qui va contre ce
projet de loi est bon, peu importe l’habillage juridique. Tel est pour
le recours au référendum. Tel est contre. Les deux opinions, au tribunal
de la pure doctrine, peuvent s’affronter. Nous n’en sommes pas là. Il
s’agit d’utiliser tout ce qui peut faire barrage. Il s’agit, surtout,
avant tout, de se reconnaître, dans ce combat, comme les amis de la
famille contre les destructions de la famille, et de privilégier,
systématiquement, l’union, la compréhension réciproque, l’accord, sur
les motifs, inévitables de division.« Ce n’est pas l’heure de s’en aller ! C’est l’heure de s’entendre. » Le mot de Jeanne au duc d’Alençon, « son beau duc »,
résonne comme une devise, un impératif catégorique, une nécessité
absolue. C’est un immense et douloureux effort, nous le savons, mais
nous ne parviendrons pas à la victoire sur les ennemis sans cette
éprouvante victoire sur nous-mêmes.L’événement du 13 janvier 2013 n’appartient à personne. Aucun mouvement, aucun individu, aucun parti ne peut dire « c’est moi qui l’ai fait ».
Il est à nous, les familles, qui l’avons fait. C’est ainsi qu’il doit
demeurer, se développer, s’étendre et devenir irrésistible. La famille
dit, quelque part Proudhon, est le noyau humain le plus révolutionnaire
qui soit. Principe d’ordre et de paix, principe de liberté et
d’autorité, principe de richesse privée et de prospérité publique,
principe de vie, d’amour, et de joie, « la cellule de base de la
société » qui est aussi la cellule-mère de l’Etat est, en même temps, un
vrai principe d’anarchie. Les familles qui ont fait l’événement ne
peuvent pas se donner à des mouvements, à des partis, dont le principe
même est d’ignorer la famille. Rien n’est plus anti-familial au
quotidien, que la vie de parti, que l’esprit de mouvement, que la
domination de la secte ou de la chapelle. Seule l’Eglise, quand elle
sait modérer les effets de ses œuvres et les excès de ses zélateurs,
réussit à harmoniser les exigences du royaume des cieux avec les
libertés imprescriptibles des petits royaumes de la terre que sont les
familles.En dehors d’elle, il n’est que captation, démolition, subversion.
Familles, gardons chacune notre royaume, gardons chacune notre liberté,
et donc nos facultés de déstabiliser toutes les tyrannies.C’est de nos familles que doit surgir l’élite politique dont la
France de demain a besoin. Nous savons qu’elle existe, cette élite. Il
n’est que l’occasion pour elle de se manifester. Cette occasion viendra…
Mais, ne cherchons pas ailleurs. N’allons pas remettre « toute cette nouveauté aux vieilles mains de toutes ces vieilles hontes » !L’heure a sonné d’un renouvellement national. Les étapes ?
Le calendrier électoral nous en donne une indication. Elle n’est pas
la seule. Car le calendrier des familles n’est pas lié au calendrier
électoral. Mais c’en est une, parmi d’autres.— Les élections municipales. Le projet Taubira a agi comme
révélateur. S’il était voté, les familles, dans chaque commune, devront
exiger du candidat qu’il s’engage à ne pas célébrer le mariage entre
personnes du même sexe. Celui qui s’engagera à cette désobéissance
civile, nous le soutiendrons. Celui qui n’ose pas, nous le combattrons.
La désobéissance civile a ses lettres de noblesse dans l’efficacité
quasi immédiate. A nous de nous souvenir de Martin Luther King, qui sut
en quelques semaines supprimer l’apartheid dans les bus d’Atlanta, qui
n’aurait pas imaginé que l’on pût, un jour, légaliser le mariage entre
personnes du même sexe.— S’il n’y a pas, avant, des élections législatives, il y a, dans
quatre ans, l’élection à la présidence de la République. Quatre ans,
pour nous, les familles c’est précieux, mais c’est court. Les enfants
nous le disent. Chaque jour compte, et, pourtant, ce n’est pas chaque
jour, ni même chaque année, qu’on mesure le résultat. Quatre ans, c’est
le temps qui nous est donné pour porter à la magistrature suprême celui
qui est le mieux placé pour chasser Hollande et pour centrer la
politique française sur le bien commun des familles de France.Il n’y a pas d’autre mesure pour évaluer le bienfait ou le méfait
d’une politique que cette mesure du bien commun des familles de France.
Nous sommes les familles de France. A nous de dire notre loi.J’entends déjà le refrain que j’ai tellement entendu, pendant un
demi-siècle d’exposés ou de conférences (j’ai commencé très jeune) sur
le devoir d’état politique des laïcs catholiques. Oui, mais qui ?
Quel chef ? Quel homme providentiel ? Quel candidat miracle ?— Regardez les familles dans les rues de Paris, le 13 janvier 2013. Elles n’ont obéi à aucun « grand chef », à aucun « homme providentiel », à aucun « leader charismatique », à aucun « candidat ».
Elles se sont mues de leur mouvement propre, comme autant de petits
royaumes libres qui, ensemble, font le grand royaume. C’est d’elles
qu’au fil des efforts, des luttes, du temps, se distinguera, ou se fera
reconnaître, ou plus exactement sera reconnue la famille dont,
spontanément, comme une évidence, les autres – « le murmure approbateur du peuple » – diront « c’est la famille de France ». […]"