Philippe Bornet est docteur en médecine et ancien chroniqueur à Valeurs Actuelles. Passionné d’Histoire, il vient d’achever après sept ans de travail et de recherches L’Évangile selon saint-Métro (éd. Via Romana). Il s’est entouré des plus grands spécialistes du Paris religieux pour réaliser un premier guide complet des saints parisiens destiné à un large public. Il répond au Rouge et Noir :
"Il y a un précédent assez ancien, celui du chanoine Duplessy qui a écrit à la fin du XIXe siècle une sorte de guide assez exhaustif, le Paris religieux, recensant les églises et expliquant les tableaux. Les droits étant tombés depuis très longtemps, j’ai pu reprendre les gravures pour la maquette. À partir de ce schéma, j’ai repris toute l’histoire des saints parisiens. Il y en a plus de 300. À cela, il y a plusieurs explications. D’une part, Paris est une ville catholique depuis toujours, et puis cela s’explique aussi par l’Université libre, la Sorbonne, qui faisait venir des gens de toute l’Europe. Il y a eu une sorte d’âge d’or pendant lequel beaucoup de monde est passé. […]
J’ai visité toutes les églises parisiennes quasiment sans exception. J’ai redécrit toutes les églises. Même si l’historique est assez abondant, je n’ai retenu que celle ayant un rapport avec un saint parisien. Par exemple, si on tombe sur une évocation de Sainte Catherine de Sienne, je n’en parle pas puisque ce serait hors sujet. Je n’évoque que les saints qui ont vécu ou sont passés à Paris, et puis il y a aussi certains saints très importants qui sont présents post-mortem. Par exemple Saint Ovide a été « importé » au XVIIe siècle, qui se trouve aujourd’hui en l’église Sainte-Marguerite, mais qui n’a jamais mis les pieds dans la capitale. J’ai ajouté à tout cela certains saints qui sont très chers au cœur des parisiens, comme Saint Hippolyte, qui est un romain. Lui non plus n’est jamais passé à Paris, mais il a son église, et ses reliques. Donc j’en parle aussi. […]
Paris est-elle privilégiée dans l’histoire de l’Église par son nombre de saints, ou d’autres villes bénéficient également de cette grâce ?
A part Rome, je ne pense pas que d’autres villes dans le monde fassent jeu égal, même si ce n’est bien sûr pas une compétition. Naturellement, je n’ai pas de chiffres précis à vous donner. Mais Paris a vraiment attirée beaucoup de saints, pendant des siècles. Ils ont tous laissé une trace quelque part. Donc la France est bien la fille aînée de l’Église, et Paris en est la capitale. Ses trois cents saints en attestent bel et bien. […]
J’ai envoyé mon livre pour que Monseigneur Vingt-Trois fasse la préface. C’était une bouteille à la mer, car Son Éminence ne fait jamais de préface, sinon il y passerait sa vie. Il reçoit une demande par semaine, cela m’a été confirmé par la suite. Pourtant un jour je reçois une lettre de son secrétaire particulier me disant qu’elle était en cours de rédaction. Son Éminence l’a écrite, mais ne me l’a pas donné. Il avait trop peur d’être submergé de demandes. Mais j’ai eu l’honneur de recevoir à la place une préface de Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris. C’est toujours gratifiant de recevoir ce type de récompense lorsque l’on croit mener le bon combat. […]"