Mgr Schneider a donné un entretien à Diane Montagna pour “The Remnant”, que Jeanne Smits a traduit. En voici le début :
Dans son exhortation apostolique programmatique Evangelii Gaudium, le Pape François recommande certaines « dispositions qui aident à mieux accueillir l’annonce : proximité, ouverture au dialogue, patience, accueil cordial qui ne condamne pas » (n. 165). Pourtant, à la lecture du nouveau Motu proprio et de la Lettre qui l’accompagne, on a l’impression inverse, à savoir que le document, dans son ensemble, fait preuve d’intolérance pastorale et même de rigidité spirituelle. Le Motu proprio et la Lettre qui l’accompagne communiquent un esprit réprobateur et peu accueillant. Dans le document sur la fraternité humaine (signé à Abu Dhabi le 4 février 2019), le pape François embrasse la « diversité des religions », alors que dans son nouveau Motu proprio, il rejette résolument la diversité des formes liturgiques du rite romain.
Ce Motu proprio présente un contraste d’attitude, ô combien flagrant, par rapport au principe directeur du pontificat du Pape François, à savoir l’inclusion et l’amour préférentiel pour les minorités et ceux qui se trouvent à la périphérie de la vie de l’Église. Et quelle position étonnamment étroite d’esprit ne découvre-t-on pas dans le Motu Proprio, en contradiction avec les propres mots du Pape François : « Nous savons que de différentes parts nous sommes tentés de vivre dans cette logique du privilège qui nous sépare – en séparant, qui nous exclue – en excluant, qui nous enferme – en enfermant les rêves et la vie de tant de nos frères » (Homélie aux Vêpres, 31 décembre 2016). Les nouvelles normes du Motu proprio dénigrent la forme millénaire de la lex orandi de l’Église romaine et, en même temps, elles « enferment les rêves et la vies de tant » de familles catholiques, et en particulier des jeunes et des jeunes prêtres, dont la vie spirituelle et l’amour pour le Christ et l’Église ont grandi et ont grandement bénéficié de la forme traditionnelle de la sainte messe.
Le Motu proprio établit le principe d’une rare exclusivité liturgique, en déclarant que les nouveaux livres liturgiques promulgués sont la seule expression [unica] de la lex orandi du Rite Romain (Art. 1). Quel contraste cette position n’offre-t-elle pas, aussi, par rapport à ces paroles du pape François : « C’est vrai, l’Esprit Saint suscite les différents charismes dans l’Église ; apparemment, cela semble créer du désordre, mais en réalité, sous sa conduite, cela constitue une immense richesse, parce que l’Esprit Saint est l’Esprit d’unité, qui ne signifie pas uniformité » (Homélie du pape François à la cathédrale catholique du Saint-Esprit, Istanbul, samedi 29 novembre 2014).