Pour la première fois, l'Organisation mondiale de la Santé a recommandé aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, de prendre quotidiennement des antirétroviraux à titre préventif, pour éviter d'être contaminés par le sida. L'événement n'est pas seulement médical, mais aussi politique, comme l'explique le journaliste Jean-Yves Neau sur son blog.
En effet, "la seule spécialité pharmaceutique actuellement utilisée dans cette indication préventive [est] le Truvada®. Le Truvada® est une association de deux médicaments antirétroviraux fabriqué par la firme américaine Gilead Sciences."
Bref, une firme américaine détient le monopole de la commercialisation du médicament recommandé par l'OMS. Et le vend à un prix prohibitif. Qui va payer ?
"Forts de cette nouvelle recommandation de l’OMS les responsables d’Aides ont choisi une nouvelle fois d’en appeler à Marisol Touraine, ministre de la Santé. Ils lui demandent de « sortir de l’immobilisme ». En pratique ils réclament de faciliter l’ouverture de l’accès au traitement préventif. Cette mesure ne pose guère de difficultés pratique : il suffit d’une « extension de l’indication au préventif » du médicament qui « permettrait la mise à disposition pour des personnes séronégatives ».
Le Truvada® est actuellement disponible dans le cadre d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU). Il est commercialisé par la firme américaine 520 euros les 30 comprimés et pris en charge à 100%. Gilead Sciences maintiendra-t-il ce prix pour une utilisation préventive ? Sur le fond la question soulevée est de taille dans la mesure, notamment, où la sécurité sociale ne prend pas en charge les actes de prévention.
Trente-trois ans plus tard le sida redevient une maladie politique. A-t-il jamais cessé de l’être ?"